(Texte)

Macron a annoncé hier 24/09/2023 qu’il rapatrie son ambassadeur et son armée du Niger.

La France coloniale de Tocqueville, acceptera-t-elle d’être ruinée par l’émancipation des Noirs du Niger ?

Ca y est ! La France menace les nouvelles autorités du Niger.

“Je ne crois pas que la France puisse songer sérieusement à quitter l’Algérie (le Niger).

L’abandon qu’elle en ferait serait aux yeux du monde l’annonce certaine de sa décadence. Il y aurait beaucoup moins d’inconvénient à nous voir enlever de vive force notre conquête par une nation rivale. Un peuple dans toute sa vigueur et au milieu même de sa force d’expansion, peut être malheureux à la guerre et y perdre des provinces.

Cela s’est vu pour les Anglais qui, après avoir été contraints de signer en 1783 un traité qui leur enlevait leurs plus belles colonies, étaient arrivés, moins de trente ans après, à dominer toutes les mers et à occuper les plus utiles positions commerciales sur tous les continents.

Mais si la France reculait devant une entreprise où elle n’a devant elle que les difficultés naturelles du pays et l’opposition des petites tribus barbares qui l’habitent, elle paraîtrait aux yeux du monde plier sous sa propre impuissance et succomber par son défaut de cœur.

Tout peuple qui lâche aisément ce qu’il a pris et se retire paisiblement de lui-même dans ses anciennes limites, proclame que les beaux temps de son histoire sont passés. Il entre visiblement dans la période de son déclin.”

Tocqueville, dans “Travail sur l’Algérie” (1841).

Ce lundi 31 juillet 2023, le Niger se trouve comme les Etats-Unis en 1848, lors de l’abolition de l’esclavage des Noirs. La France suspend son prêt au Niger, appelé de façon propagandiste « aide au développement », et le Niger en retour pense suspendre toute vente de son uranium et la France, plutôt que de dire, oui, on comprend et on respecte votre choix, veut intervenir militairement au Niger pour installer un vassal qui accepterait de continuer à céder gratuitement comme depuis 1958, l’uranium du Niger à la France.

Les gesticulations de Paris au sujet du Niger, nous ramène tout droit 175 ans en arrière et c’est comme si Emmanuel Macron reprenait à son compte les propos du fonctionnaire français Tocqueville en 1848, à savoir :

« Si les Nègres ont le droit de devenir Libres, il est incontestable que les colons ont droit à ne pas être ruinés par la liberté des Nègres ».

En d’autres mots, si le Niger veut son indépendance, la France exige la liberté à ne pas être ruinée par l’arrêt de la spoliation du Niger.

Tous les autres débats sur Bazoum soi-disant, démocratiquement élu qu’on veut utiliser la force, pour remettre au pouvoir, n’est que de la peinture, surtout quand on demande au président Tchadien, qui n’a été élu par personne à servir de pacificateur entre Paris et Niamey.

Mais si Paris peut poser une telle exigence au Niger, complètement anachronique, c’est bien parce qu’à l’abolition de l’esclavage, on a indemnisé les bourreaux et jamais les victimes.

Pire, encore en ce 2023, de nombreux pays d’Afrique, continuent d’utiliser une monnaie, le Franc CFA créé à l’origine pour indemniser les esclavagistes français et le vrai drame est que de nombreux dirigeants africains s’y sont accommodés et ne trouvent toujours pas aujourd’hui où est le problème.

Dans ces conditions, pourquoi Paris ne doit-il pas exiger de Niamey son droit de ne pas être ruiné par la liberté qu’exige le Niger ?

Friedrich Engels, dans « Lettre à Karl Kautsky », écrite entre le 7-15 février 1882, affirme :

« Historiquement, il est impossible à un peuple de discuter sérieusement des questions intérieures aussi longtemps que l’indépendance nationale fait défaut. »

Il est impossible de parler de démocratie tant que le pays n’a pas retrouvé son indépendance.

Il est impossible de parler de revenir à l’ordre constitutionnel au Niger tant que le pays n’a pas retrouvé sa totale souveraineté de la France qu’elle n’a jamais connue à cause des ressources de son sous-sol comme l’Uranium qui contribue à 40% de l’électricité produite en France et que non seulement la France refuse depuis 1958, d’en partager les fruits avec le peuple nigérien, mais en plus, elle semble se complaire dans un masochisme épouvantable de lier le nom Niger au qualificatif : « pays le plus pauvre du monde ».

Ce qui caractérisent les chefs d’Etats d’Afrique de l’Ouest est qu’ils sont des petits hommes. Non pas parce qu’ils sont de petites tailles, mais parce qu’ils ont des idées trop courtes.

Pire, ils sont ce que le dirigeant chinois Mao Zedong qualifiait de « chiens couchants de l’impérialisme occidental ».

Comment expliquer sinon, que ce soit le Nigéria, la tête de file des pays qui veulent empêcher le Niger de lutter pour obtenir son indépendance de la France ? Ce pays dont le président Buhari déclarait lors de sa rencontre avec le président américain Barack Obama à la Maison Blanche à Washington le 7 aout 2015 ceci :

“Les Etats-Unis ont “aidé et encouragé” les terroristes de Boko Haram en refusant de vendre des armes au Nigeria”.

Les Etats-Unis “aident et encouragent” Boko Haram ?

Et justement parce qu’un pays voisin de ce même Nigeria trouve qu’il est floué de la même manière, par les mêmes occidentaux, la logique aurait voulu que ce soit ce grand-frère à venir au secours du pays africain en difficulté.

Par la déclaration de la Cedeao du dimanche 30 juillet 2023 menaçant les nouvelles autorités du Niger, au point de leur intimer une semaine pour passer le pouvoir à l’ancienne marionnette de l’Occident, à mon avis, on peut dire que ces chefs d’état sont devenus les nouveaux Négriers.

Quand les dirigeants maliens exigeaient leur liberté de la France, c’est paradoxalement le président Bazoum du Niger qui était le plus actif dans les sanctions décidées par la France contre son voisin.

Le 2 avril 2021, au centre Mahatma Gandhi de Niamey, devant plusieurs chefs d’État africains, dont le président malien de transition, Bah N’Daw, Bazoum le nouveau président du Niger prête serment. Dans son discours, il présente les priorités de son action politique, parmi lesquelles : lutter contre le Mali ! Vous ne me croyez pas n’est-ce pas ?

Je l’imagine. Voici ses propos. Jugez-les vous-mêmes :

« Le combat contre les groupes terroristes, sera très difficile aussi longtemps que l’État malien n’aura pas exercé la plénitude de sa souveraineté sur ces régions (…) La situation actuelle au Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure de notre pays (le Niger). C’est pourquoi notre agenda diplomatique sera centré sur le Mali (…) »

A peine 3 mois après, le vendredi 9 juillet 2021, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue français Emmanuel Macron à Paris, l’ex président du Niger Mohamed Bazoum, de s’en prendre encore aux dirigeants Maliens qui ont décidé de chasser l’armée française de leur pays. Il dit :

« Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front (…), que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d’État » (…),

« Qui va faire la guerre à leur place ? Ce serait facile si chaque fois qu’une armée de nos pays, a un échec sur le terrain, elle vient prendre le pouvoir ! (…) Ce ne sont pas des choses acceptables ».

Dans l’histoire de l’esclavage des Africains, le Négrier était toute personne qui prend part personnellement au commerce des esclaves noirs d’Afrique.

Ce n’est pas la première fois que des chefs d’Etats Noirs d’Afrique participent à la vente des autres noirs du même continent, vendus comme esclaves aux européens.

Pour comprendre la gravité de la décision des chefs d’Etats d’Afrique de l’Ouest contre le Niger, nous devons faire un saut en arrière dans l’histoire de l’esclavage des Noirs non pas par d’autres Noirs, mais par des chefs d’Etats Africains en fonction.

L’histoire que je vais vous raconter remonte à 1930 sur le continent africain et parle des africains, vendus par d’autres africains, parle des populations africaines vendues par des présidents de la République à des Européens, à des Espagnoles et Portugais à Sao Tome et à Malabo.

Le Négrier de la CEDEAO de l’époque s’appelait : Charles Dunbar Burgess King (12 mars 1875 – 4 septembre 1961), 17ème président de la République du Libéria de 1920 à 1930. Avec son vice-président Allen Yancy, il est contraint de démissionner à cause du scandale de la vente des esclaves noirs aux espagnoles et aux portugais.

Il y a une guerre en cours en République Démocratique du Congo, au Soudan, en Ethiopie, mais l’Union Africaine n’est pas très intéressée à solutionner le problème. Il y a des enfants Kidnappés par Boko Haram au Nigeria, mais la CEDEAO n’en a cure. Mais à peine le président français Emmanuel Macron a annoncé au monde ce qu’aurait fait la CEDEAO, comme des enfants de la maternelle obéissant au maître qui les intime au coup de sifflet de se mettre en rang pour entrer en classe, ils se sont tous rendus à Abuja hier dimanche pour démontrer au patron Blanc qu’ils sont bien aux ordres.

Le plus décevant à mes yeux c’est le Nigeria qui se prête à ce genre de cirque humiliant pour tous les Noirs du monde.

De tous les temps, il y a toujours eu des Noirs qui ont tiré gloire et récompense des Occidentaux, de l’humiliation qu’ils pouvaient infliger aux autres Noirs.

Retournons à notre président du Libéria, Charles Dunbar Burgess King.

En 1930, la Société des Nations (SDN) publie le rapport du comité, surnommé le « Rapport Christy » du nom du président de la commission, avec le titre :

“Rapport de la Commission Internationale d’Enquête sur l’existence de l’esclavage et le travail forcé dans la République du Liberia”.

Voici une liste de ce que ce rapport a constaté :

« Dans le but de supprimer l’indigène, l’empêcher de réaliser ses pouvoirs et ses limites et de l’empêcher de se faire valoir de quelque façon que ce soit, pour le bénéfice de la race dominante et de la colonisation, bien qu’à l’origine de la même souche africaine, une politique de brutalité, d’intimidation et de répression a pendant des années été systématiquement encouragée et favorisée, et est le mot clé de la politique indigène de ce gouvernement ;

Le vice-président Yancy (du Liberia) et d'autres hauts fonctionnaires du gouvernement libérien, ainsi que les surintendants de comté et les commissaires de district, ont mis en place un recrutement obligatoire de travailleur pour la construction de routes, pour l'expédition à l'étranger et d'autres travaux , grâce à l'aide et à l'assistance des Forces armées du Liberia, et ont fermé les yeux sur l'utilisation de cette force à des fins de contrainte physique sur le bord de la construction des routes pour l'intimidation des villageois, l'humiliation des chefs locaux, poussant à la capture d'indigène gardé jusqu'au lancement de l'expédition à Fernando Po et Sao Tomé ».

Source: Archives Washington: U.S. Government Printing Office. 1931

Dans le but de supprimer l’indigène !

N’est-ce pas la même situation que nous avons aujourd’hui au Mali et au Niger ? Où la France semble vouloir réaliser le vieux projet colonial, à défaut de remplacer les noirs par les blancs, elle semble se contenter de remplacer à termes les populations autochtones du Mali et du Niger par des populations Arabes, à commencer par le président Bazoum originaire du Sud de la Libye selon l’hebdomadaire parisien, Jeune Afrique du 4 septembre 2018 intitulé :

« Niger : dix choses à savoir sur Mohamed Bazoum, le ministre de l’Intérieur », écrit à la deuxième position ceci :

  1. Arabe

« Il est issu de la tribu arabe des Ouled Slimane, qui vit principalement dans le sud de la Libye ainsi que dans le nord du Tchad et le nord-est du Niger, pays où elle est ultra minoritaire. Proche de la France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette tribu tente de jouer de ses bonnes relations avec Paris, mais se heurte aux ambitions des Touaregs et, surtout, des Toubous. »

Source : https://www.jeuneafrique.com/mag/622894/politique/niger-dix-choses-a-savoir-sur-mohamed-bazoum-le-ministre-de-linterieur/

Le 24 septembre 2022, lors de son discours à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, c’est le Premier ministre malien, Abdoulaye Maïga qui accuse le président du Niger Mohamed Bazoum de ne “pas être Nigérien”. Et pourtant c’est celui qui est le plus opposé aux autorités maliennes en faveur de la France.

L’Agence France Presse (AFP) du 7 octobre 2022, tente d’apporter un démenti aux propos du premier ministre malien à travers un article intitulé :

“Pas Nigérien”, le président Bazoum ? Une rhétorique inflammable dans un Sahel miné par les conflits intercommunautaires

“Mohamed Bazoum n’est pas un Nigérien”. C’est cette phrase, assénée par le Premier ministre malien par intérim Abdoulaye Maïga devant les représentants siégeant à l’Assemblée générale des Nations Unies (Onu) le 24 septembre lors de la 77e session de cette institution (à partir de 5’56), qui a réactivé une vieille querelle au sujet du chef d’Etat nigérien et détérioré davantage les relations, déjà très tendues, entre les deux pays.

L’AFP nous écrit ceci : “le Niger a obtenu son indépendance en 1960, l’année de naissance du président Bazoum, lorsque la nationalité nigérienne “n’existait pas encore”.(…)

Au centre de la controverse, l’existence de deux certificats de nationalité identiques en tous points, mais enregistrés sous deux numéros administratifs différents. Le requérant pointait aussi le fait que ces certificats soient datés du 11 juillet 1985 – soit après que le président ait intégré le système éducatif nigérien et effectué son service civique, parcours pour lesquels il faut fournir des actes confirmant la naissance et/ou la nationalité.

Interrogé par la Cour, le tribunal de grande instance de Diffa (sud-est du Niger), qui avait délivré ces actes, a répondu que les recherches de la version originale du certificat de naissance de M. Bazoum avaient été “infructueuses à cause du manque d’archives”. “Le tribunal de grande instance de Diffa ne dispose à l’heure actuelle que [de] peu d’archives qui elles-mêmes sont récentes”.

Source : https://factuel.afp.com/doc.afp.com.32KC8ZW

On peut légitimement se demander, comment une personne qui appartient à une tribu minoritaire au Niger et sans un parti d’adhésion populaire a-t-il fait pour devenir président de la République au Niger ?

Peut-être que la réponse se situe dans la deuxième phrase de Jeune Afrique : « Proche de la France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette tribu tente de jouer de ses bonnes relations avec Paris » ?

Mais pour trouver la réponse à cette question, il faut rentrer à une question similaire au sujet du Liberia. Comment des Noirs venus des Etats-Unis minoritaires ont-ils réussi à gouverner les Noirs autochtones du pays pourtant majoritaires, de 1878 à 1980, c’est-à-dire durant plus de 102 ans ?

La clé de la réponse à cette question se trouve aux Etats-Unis.

Charles Dunbar Burgess King

Lorsque les Etats-Unis créent la République du Libéria, pour accueillir les anciens esclaves à peine libérés, ils y installent la tant vantée démocratie. Mais avec un parti unique, le True Whig Party, fondé en 1869, et qui sera le seul parti politique autorisé du Liberia jusqu’au coup d’État du sergent Samuel Doe en 1980. C’est le premier système politique à parti unique du monde et à ce jour, le parti unique avec la plus grande longévité du monde.

En autorisant un seul parti politique tenu par les Noirs dits civilisés venus des Etats-Unis, on était certain qu’un autre parti, des autochtones ne leur aurait pas fait la concurrence.

Mais ce n’est pas tout.

Pour être certain d’écarter les Noirs autochtones de la vie politique du Libéria, dans la constitution, les Etats-Unis avaient imposé le paiement d’un impôt donnant le droit du vote et bien évidemment, cet impôt était payé depuis les Etats-Unis par l’administration américaine pour tous ses ressortissants qui pouvaient ainsi être les seuls à voter pour la vie politique au Libéria.

En 1927, malgré un scrutin biaisé qui exclut les Noirs autochtones, et surveillé par les Etats-Unis, Charles Dunbar Burgess King remporte les élections présidentielles avec plus de votes que le nombre total d’électeurs. C’est combien Washington tenait à ce vassal, pour déstabiliser et soumettre les pays voisins du Liberia à l’hégémonie américaine.

A la page 135 de “The World’s Greatest Mistakes” publié à New York chez Bounty Books par Blundell et Nigel (en 1995), on peut lire que King a obtenu durant ces élections de 1927, 234 000 votes. Le problème est qu’à l’époque, le Liberia n’avait que 15 000 électeurs inscrits sur les listes électorales. C’est ce qu’on appelle une République Bananière et ceux qui nous parlent de démocratie n’y croient pas eux-mêmes, puisque ces fameux 234 000 étaient bel et bien imprimés par l’administration des Etats-Unis, organisatrice du scrutin libérien. On est en droit de se demander, à quelle logique cela répondait-il le fait d’imprimer 234 000 bulletins de vote pour un maximum de 15.000 électeurs inscrits. C’est le record mondial de la plus grande tricherie électorale de l’histoire. Mais il a été élu président et les Etats-Unis ont validé son élection.

On comprend très vite pourquoi Macron ne cesse de répéter que Bazoum était démocratiquement élu et Ianoukovitch que la France a financé son renversement pour être remplacé par Porotchenko, en Ukraine, n’était-il pas lui aussi démocratiquement élu ?

Et Friedrich Engels, dans “Esquisse d’une critique de l’économie politique” (1843-1844), de dire à la page 13 ceci :

« On voit que, derrière la fausse humanité des modernes, se dissimule une barbarie ignorée de leurs prédécesseurs. »

C’est bien parce que les dirigeants des pays africains n’ont pas le courage de rappeler aux européens le mal qu’ils nous ont fait que ces derniers peuvent continuer de nous présenter le système capitaliste qui a produit l’esclavage, la colonisation et l’apartheid qui ont causé tant de souffrances, de douleurs et d’humiliation de plusieurs générations des peuples du continent.

C’est parce qu’on ne leur rappelle jamais ce qu’ils nous ont fait qu’ils sont toujours en train de continuer de les perpétrer. Et si la rue africaine réagit là où les intellectuels africains devenus les nouveaux négriers, ces « chiens couchants de l’impérialisme » ne font rien, ils accusent forcément la Russie ou la Chine.

Ils sont à ce point convaincus que nous sommes dépourvus de la moindre intelligence pour savoir la gravité du mal qu’ils nous ont fait et chaque fois que la rue crie fort, ils doivent insinuer que ce n’est pas de notre initiative.

CONCLUSION

Dans la longue lutte d’émancipation des peuples opprimés d’Afrique contre la barbarie européenne, il y aura toujours des Africains, qu’ils soient de simples intellectuels ou des dirigeants politiques, qui pour des calculs personnels ou de carrière, feront le choix de se dresser contre le peuple africain.

Il y aura toujours des Présidents de la République, qui à défaut de se dresser contre leurs propres peuples, se dresseront contre les peuples voisins, contres les dirigeants des peuples voisins, pour le compte du maître occidental.

C’est ce que subissent les dirigeants du Niger en ce moment.

La colonisation a eu ses penseurs et tous les dirigeants occidentaux agissent selon des systèmes de domination bien modélisés par les penseurs de la colonisation.

Face aux dirigeants du Niger, le président français Emmanuel Macron applique Tocqueville.

Pour qualifier Bazoum et les chefs d’état de la CEDEAO qui se sont réunis hier dimanche 30 juillet 2023 pour donner un ultimatum de 7 jours au Niger, il me plait de conclure avec ces trois citations de Tocqueville, selon qui « La démocratie est Blanche ».

« Le Nègre fait mille efforts inutiles pour s’introduire dans une société qui le repousse ; il se plie aux goûts de ses oppresseurs, adopte leurs opinions, et aspire, en les imitant, à se confondre avec eux. On lui a dit dès sa naissance que sa race est naturellement inférieure à celle des Blancs, et il n’est pas éloigné de le croire, il a donc honte de lui-même. Dans chacun de ses traits il découvre une trace d’esclavage, et, s’il le pouvait, il consentirait avec joie à se répudier tout entier. »

« A la perfection de nos arts, il ne veut opposer que les ressources du désert; à notre tactique, que son courage indiscipliné; à la profondeur de nos desseins, que les instincts spontanés de sa nature sauvage. Il succombe dans cette lutte inégale. »

« Le Nègre voudrait se confondre avec l’Européen, et il ne le peut. L’Indien pourrait jusqu’à un certain point y réussir, mais il dédaigne de le tenter. La servilité de l’un le livre à l’esclavage, et l’orgueil de l’autre à la mort. »

La chance veut qu’aujourd’hui, il existe une autre Afrique, celle du Mali, celle du Burkina et celle du Niger où les dirigeants n’ont plus la moindre envie de se confondre avec l’Européen et répugnent la servilité qui les livreraient à l’esclavage.

Ils n’ont aucun besoin de faire des efforts pour s’introduire dans une société occidentale qui les repousse. Parce que le monde de 2023, suit la guerre en Ukraine du 24 février 2022 où l’invincibilité de l’Occident vient d’être mis à mal devant le monde entier par un pays avec un PIB jugé égal à celui de l’Espagne, la Russie, mais qui a réussi à tenir tête à 40 pays du G7, de l’Otan, de l’Occident collectif etc.

Comment ne pas donner raison à Mao qui disait :

« Nous n’avons que millet et fusils pour toute ressource, mais l’Histoire prouvera en fin de compte que notre millet et nos fusils sont plus puissants que les avions et les tanks américains de Tchang Kaï-chek. »

« La supériorité militaire de Tchang Kaï-chek n’était que momentanée, elle était un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, l’aide de l’impérialisme américain était de même un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, alors que le caractère antipopulaire de la guerre de Tchang Kaï-chek et les sentiments du peuple étaient des facteurs au rôle constant, et sous ce rapport, l’Armée populaire de Libération détenait la supériorité. »

« Les Volontaires du peuple chinois et le peuple coréen, malgré leur mauvais équipement, ont détruit le mythe de l’« invincibilité » de l’impérialisme américain. Car « Les armes sont un facteur important, mais non décisif, de la guerre. Le facteur décisif, c’est l’homme et non le matériel ».

« Le rapport des forces se détermine non seulement par le rapport des puissances militaires et économiques, mais aussi par le rapport des ressources humaines et des forces morales ». Et « Les grandes forces de la guerre ont leurs sources profondes dans les masses populaires.

Le feuilleton nigérien n’est qu’à son début et j’espère que la France sera suffisamment intelligente pour ne pas perturber le désir d’émancipation du peuple du Niger et de savoir gérer les inconvénients surtout économiques et financiers qu’une telle émancipation aura comme conséquences en France même.

La France et l’Allemagne se sont fait 2 grandes guerres et pourtant elles se parlent amicalement aujourd’hui. Mais pour que cela soit possible, il a fallu que le fautif sache faire profil bas, pour reconnaitre ses fautes et demander pardon.

C’est à la France de copier l’attitude que l’Allemagne a eu à son égard en faisant profil bas face au Niger. Et de sortir de ce problème par le haut pour construire un avenir amical comme cela se passe entre elle et l’Allemagne, sans que cette humilité ait diminué en quoi que ce soit, le prestige ou la force propulsive de l’Allemagne.

La France doit apprendre que souvent, être humble, c’est un geste de sagesse et d’intelligence et non une manifestation de faiblesse.

Jean-Paul Pougala, Lundi le 31 Juillet 2023

P.S : ci-joint, 19 livres, documents, thèses, archives secret-défense etc.

EPILOGUE DU 25/09/2023 :

Après avoir incité sans succès la CEDEAO à intervenir au Niger, après avoir bluffé de faire partir tous les occidentaux du Niger pour faire croire à l’intervention de son armée de 1500 soldats, les militaires au pouvoir à Niamey ont compris le bluff, puisque sans décision du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la France ne pouvait pas courir le risque de tuer les manifestants qui encerclaient sa base militaire.

Et à ce Conseil, il y avait un pays qui l’attendait avec un véto, la Russie. Il ne restait plus que revenir à la CEDEAO, avec le Nigeria qui a passé le temps, lui aussi à bluffer la France en lui faisant croire à une intervention imminente. Mais à Abuja, tout le monde ne parlait que d’un million de Nigérian tués lors de la guerre du Biafra financée et entretenue par la France en 1968.

Tout le monde savait que les jours de la France au Niger étaient comptés, sauf Emmanuel Macron qui multipliait les “On vit chez les fous” devant ses ambassadeurs réunis à Paris.

Et puis, même à l’enfant le plus récalcitrant, qui veut dribler les cours, tot ou tard, il comprend qu’il y a des jours où il se retrouve tout seul dehors, car les autres plus raisonnables ont compris que c’est dans leur intérêt être raisonnable.

Et hier soir 24/09/2023, Emmanuel Macron annonce qu’il rapatrie son ambassadeur et reprend son armée.

Fin de la partie. Macron a perdu. Le Niger a gagné. L’Afrique a gagné.

Jean-Paul Pougala

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