(édito)

La course à la présidentielle est ouverte au Cameroun. Les alliances voient le jour. Les trahisons et les supputations aussi. Plus prosaïquement, les alliances de circonstance affichent leurs faiblesses qui trahissent des ambitions qui ont fait la part belle à quarante années de règne sans partage de Paul Biya.
Dans cette course effrénée, les noms des présidentiables ne se comptent plus. Qui pour remplacer Paul Biya dont le bilan est, on ne peut plus, catastrophique ? Au bout du compte, nous tâtonnons alors que le temps presse.
A l’affiche aujourd’hui, Cabral Libii, Maurice Kamto, Akéré Muna, Joshua Osih, etc. Dans un pays où la démocratie est en chute libre, le pouvoir n’hésite pas à décapiter les têtes des opposants. Et si l’opposition se présentait unie pour ce scrutin crucial ? Bien malin celui qui peut prédire le candidat unique. Mais ne cherchons pas le mouton à cinq pattes.
Qui au-dessus du lot ?
Le monde politique est cruel. Il n’a pas de logique. Le peuple, cette machine à voter, est pris en tenaille par les forces qui lui font miroiter un avenir meilleur après quarante années d’échecs. Comme dit l’autre, l’après Biya ne peut être pire qu’en ce moment. Cette diatribe suffirait-elle à provoquer une onde de choc auprès d’une population structurellement désabusée ?
Le miracle est ailleurs. Pour le provoquer, il faut une vraie prise de conscience des femmes et des hommes dans un pays plongé dans une anémie chronique. L’opposition, du moins ce qu’il en est, reste moribonde. Elle a peur et doute d’elle-même. Cette absence de confiance en soi la décrédibilise. Elle veut plaire au peuple et rassurer le pouvoir en place. Ce doute nous plonge dans une dichotomie qui trahit ses engagements de fermeté, de rigueur et de noblesse d’esprit. L’heure est pourtant à la rupture.
Le vieux lion va-t-il rempiler ? Dans l’affirmative, le résultat des urnes ne nous réservera aucune surprise.
Tout est prêt pour la reconduction tacite du maitre des lieux. Pas un doute dans un système électoral vicié d’avance. La prochaine élection présidentielle d’octobre 2025 serait-elle un bis repetita des élections passées ?
Paul Biya avait déclaré devant le président français François Hollande « Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut ». Adulé par ses griots, le vieux monarque est-il conscient qu’il est au bout du rouleau et qu’il est temps de quitter la scène politique et de rendre enfin des comptes ?
Les fins de règne peuvent être cruelles ! Et les dictateurs le savent.
Une opposition en ordre de bataille changera le Cameroun. C’est une évidence. Ne perdons pas de vue les objectifs déclarés : donner de nouveaux dirigeants au Cameroun, c’est-à-dire des femmes et des hommes de devoir dont l’intégrité est irréprochable. Du point de vue philosophique, cette contrainte irrationnelle éliminerait tous les prétendants. Dans ce contexte, nous avons besoin d’une équipe
responsable de femmes et d’hommes « normaux ». Et nous en trouvons dans notre pays car les dieux n’existent que dans les rêves. Et qui sont ces érudits ? L’histoire nous le dira.
Le Cameroun a besoin d’une nouvelle gouvernance car l’équipe en place a déçu. Une nouvelle équipe aux antipodes des dirigeants actuels rompus à la prévarication.

Par Michel Lobè Etamè
Journaliste Indépendant, romancier et Essayiste.

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