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Nos ingénieurs sont retournés au Mali cette semaine pour concrétiser le projet en cours d’amélioration génétiques des races traditionnelles maliennes de poules.
Comme nous l’avons déjà fait avec de nombreux pays africains avant le Mali, il s’agit pour nous d’atteindre la performance des poules locales qui peuvent produire 330 œufs par an.
Pour l’instant, nous n’y sommes pas encore. Mais nos partenaires maliens apprennent très vite, et je n’ai aucun doute qu’on va y arriver dans un futur proche.
Ceci n’est que le premier des 16 sites de production que nous comptons développer au Mali, nous n y impliquant bien sûr comme à notre accoutumé, les universités maliennes.
Il s’agit pour nous de contribuer à former les citoyens africains armés de sciences qui vont porter sur eux le développement économique et industriel de leur pays, dans ce cas, le Mali.
Pour le comprendre, revenons sur un sujet d’actualité pour découvrir un homme : Modibo Keita.
Vous ne savez pas qui c’est ?
C’est normal, la France vous sert les héros qui ont contribué à endormir les Africains, comme Cheik Anta Diop, Nelson Mandela, mais certainement pas Modibo Keita. Et pour cause.
La semaine dernière, pendant que le monde entier commentait la gifle de la première dame de France, Brigitte Macron au chef de l’état français Emmanuel Macron, la presse chinoise a ressorti Modibo Keita, pour comparer le Mali géré par la France et le Vietnam qui a suivi le chemin que voulait emprunter le Mali en 1968, et où Emmanuel Macron est heureux d’annoncer qu’une compagnie aérienne a signé un contrat pour acheter 20 avions Airbus à la France.
La question rhétorique des journalistes chinois en conclusion de ces articles était la même : Si Hô Chi Minh (leader de la lutte d’indépendance du Vietname contre la France coloniale) avait subi le même sort infligé par la France à Modibo Keita au Mali, et que le Vietnam n’avait pas obtenu sa vraie indépendance de la France, pour rester sur le modèle de société proposé à l’époque au Mali comme au Vietnam par la Chine, aurait-elle aujourd’hui, les moyens pour acheter d’un coup 20 avions gros porteurs, Airbus que Emmanuel Macron est si heureux de venir vendre ?
C’est pour revenir à l’esprit des héros oubliés du Mali, comme Modibo Keita que notre projet avicole cité plus haut, fait partie d’une centaine d’initiatives pour faire du Mali, un pays prospère, que les deux chefs-états chinois et malien ont décidé à Pékin le 2 septembre 2024, lors de leur rencontre au Palais du Peuple, en prélude du 9ème sommet du Forum sur la coopération sino-africaine du 4 au 6 septembre 2024 a Pékin.
Ce jour-là, le président Xi Jinping a déclaré à son homologue malien, le colonel Assimi Goïta ceci :
“Je propose de porter les relations Sino-maliennes au niveau de partenariat stratégique pour continuer de faire valoir l’amitié traditionnelle et d’écrire ensemble des nouveaux chapitres dans les annales de la solidarité de coopération Sino-malienne”. (…)
“La Chine s’engage en conséquence, à poursuivre et à intensifier sa coopération avec c le Mali tout en l’accompagnant dans la voie de son développement, conformément à ses réalités nationales”.
Question : Pourquoi cette déclaration du président Xi Jinping à son homologue malien le colonel Assimi Goïta est différent de celui déjà annoncé av c d’autres pays ?
Réponse : l’attitude des dirigeants maliens aujourd’hui et envers la Chine n’a rien d’opportuniste comme c’est le cas de nombreux africains, qui sont là juste comme on va au supermarché avec c sa liste de course.
La presse chinoise nous apprend que la relation avec le Mali, c’est plus profond, car elle prend ses racines dans l’idéologie, dans histoire même de la première rencontre entre le président Modibo Keita qui a rencontré le président Mao en 1968.
Modibo Keita vient en Chine pour sa première visite au début du mois octobre 1968, puis, il est obligé d’écourter ce séjour pour se rendre au Caire où il rencontre le président égyptien Nasser lors du sommet des Non-Alignés.
Nasser lui aurait conseillé de se concentrer sur la Chine comme partenaire s’il veut sortir son peuple de la pauvreté coloniale toujours entretenue par la France, parce que contrairement à l’Union Soviétique, Mao n’exigeait de se conformer à rien de son mode de fonctionnement politique ou administratif.
Il rentre au Mali. Puis, à la fin du mois d’octobre et début novembre 1968, il revient à Pékin pour signer les accords pour l’industrialisation de son pays, avec en prime, l’envoi des Ingénieurs chinois pour l’aider.
Mais la France qui a décidé que Abidjan serait le seul centre qui aspire les économies des périphéries que sont le Mali, le Burkina, le Niger, le Sénégal ne l’entend pas de cette oreille et ne veut pas laisser Modibo Keita expérimenter autre chose avec la Chine de Mao.
Deux semaines après son retour de Chine, le 19 novembre 1968, à la suite d’un coup d’état, Modibo Keita est renversé et emprisonné à Kidal. Il meurt en détention dans l’anonymat le plus total, le 16 mai 1977, pour avoir osé s’approcher trop près de la Chine.
En Afrique, dans les livres d’histoire, tout a été fait pour effacer sa tentative d’essayer autre chose.
Le 2 septembre 2024, c’est bien en honneur de Modibo Keita que le président Xi Jinping fait au colonel Assimi Goïta la promesse de “continuer de faire valoir l’amitié traditionnelle et dans la voie de son développement”.
Xi Jinping répète mot à mot les propos tenus par Mao Zedong à Modibo Keita.
En 2024, Xi Jinping a les moyens et la force de frappe que Mao n’avait pas.
En regardant la liste de ce que la Chine veut faire du Mali, on comprend vite que le souvenir de la fin tragique d’un chef africain à cause de son amitié avec la Chine est dans tous les esprits.
Et la centaine de projets ne sont qu’un début :
1) Faire du Mali la première station de production électrique solaire avec une centrale de stockage au lithium,
2) Bamako va devenir comme Addis-Abeba, un hub aérien avec des vols directs avec la Chine pour centraliser les cargos aériens en provenance de chine et à destination des pays de l’Afrique de l’ouest.
Une compagnie aérienne mixte Sino-malienne va voir le jour sur le modèle que la Chine a développé au Laos pour les trains à grande vitesse ou l’est du Laos à 10% (entièrement prête par la Chine et à encaisser sur les billets vendus).
Des vols directs de Bamako à Guangzhou sont prévus à des prix de 195 € (aller) et même montent pour le retour non obligatoire, comme ce. Qui se fait déjà avec Le Caire avec des vols directs Le Caire Shanghai à partir de ce prix.
3) Des trains TGV vont relier Bamako à Dakar, Abidjan et Abuja, sur le modèle des liaisons qu’on a en Chine.
Aujourd’hui il y a 100 trains TGV quotidiens entre Pékin et Shanghai. En 2024, 55 millions de passagers y ont voyagé pour un bénéfice net de 1’8 milliards de dollars.
Ce qui a mis en difficulté les deux principales aériennes du pays qui se disputaient cette ligne, Air-China gérée par la mairie de Pékin et China-Eastern gérée par la mairie de Shanghai.
Les deux compagnies n’ont totalisé que 8 millions de passagers en 2024 sur cette ligne de Pékin à Shanghai.
C’est ce que la Chine veut transposer en Afrique à partir de Bamako
Les TGV chinois voyagent à 450 km par heure ce qui met Pékin à seulement 4 heures de train de Shanghai, c’est-à-dire, plus ou moins le même temps que pour l’avion avec check-in et le temps de la sécurité.
Le train a un avantage que tous hommes d’affaires ont pris pour Joker : tous les trains sont dotés d’internet à haut débit gratuit durant tout le trajet.
Ce qui permet de continuer de travailler en voyageant entre plusieurs villes et dans notre cas africains, entre plusieurs pays.
4) Fabrication d’armes légères par le Mali, avec l’expertise et l’accompagnement de l’entreprise publique chinoise Norinco qui était présente le 2 septembre 2024 au Palais du Peuple de Pékin lorsque le président Xi Jinping a promis “de porter les relations Sino-maliennes au niveau de partenariat stratégique”. Dans le mot “stratégique”, il faut entendre “militaire”.
En effet, le ministre malien de la Défense, le colonel Sadio Camara qui accompagnait le président Goïta avait alors déclaré à la presse chinoise ceci :
« La société Norinco nous a livré des équipements sans attendre le paiement de l’argent. C’est à la fin de l’embargo (de l’ONU) que nous avons pu régler ce contrat. Nous n’oublierons jamais cet acte ».
ET QUE CHERCHE UN CAMEROUNAIS POUGALA DANS LES HISTOIRES DU MALI ?
Certains intellectuels africains acquis à la propagande occidentale pour éloigner la Chine de la Russie et la Chine de l’Afrique, passent leur temps à insulter la Chine et de diffuser la haine anti chinoise sur les réseaux sociaux soi-disant qu’on ne laisse pas un maître pour un autre, sans se demander si la Chine est le maître du Vietnam ou si la Russie est le maître de la Corée du Nord ou de Cuba.
Le pire est que ce sont les mêmes Bavardeurs (spécialistes en bavardages inutiles) qui prétendent que la Chine doit aussi supprimer les visas avec l’ Afrique, comme elle l’a fait avec 47 pays, afin de nous prouver qu’elle nous aime et qu’elle n’avait pas de mauvaises intentions avec nous.
C’est tellement puérile. Nous savons qu’il faut y travailler et on y travaille. EEt o’ va même plus loin.
À notre niveau de l’Institut d’Etudes Géostratégiques (ieg), nous travaillons pour intégrer le système éducatif malien à celui chinois, pour faire en sorte que les meilleurs étudiants maliens passe t leur 3ème de bachelor en Chine, c’est-à-dire, en continuant dans une université chinoise qui les accueille avec dortoirs, pendant à avant de revenir au pays pour le Master et au besoin, répartir en Chine pour le doctorat.
Pour nous finir, sur le modèle de ce que la Chine a fait avec l’Uruguay, qui est devenu en seulement 10 ans, l’un des rares pays vécu une balance commerciale excédentaire avec la Chine de 1,5 milliards de dollars en 2024, en vendant simplement le lait en poudre de vache laitière, produit dans des structures que la Chine a aidées à installer.
Ceci a été possible, parce qu’avec les sanctions de 2014 de l’occident ci très la Russie, même sur les produits alimentaires, la Chine cherche depuis lors des alternatives à tout ce qu’elle importe de l’occident.
Et le lait en poudre fait partie de ses importations de l’occident qu’elle diminue donc d’année en année grâce à la coopération avec les pays du sud.
C’est ce qui a valu à l’Uruguay de devenir un des 4 pays sud-américains à être exempté de visa vers la Chine, nous avons proposé la même chose pour le Mali qui doit seulement migrer vers un élevage plus moderne.
Pour l’instant, nous avançons avec le secteur avicole.
L’avenir nous dira si on rêve trop, ou si ces rêves étaient susceptibles d’être convertis en réalité.
QUELLE LEÇON POUR L’AFRIQUE ?
Je suis convaincu que la révolution que les peuples d’Afrique de l’Ouest ont débuté au Mali, n’était pas qu’à eux tout seuls. Il faut encourager les chefs d’état de ces pays, qui sont fidèles à leurs engagement de libération.
La leçon que je veux que vous retenez du récit précédent, est que si vous en avez les moyens intellectuels et matériels, vous pouvez et vous devez, vous battre pour des causes nobles dans tous les pays africains sans attendre que ce soit celui où vous êtes nés.
Parce que le drame que le Rwanda inflige aux peuples de l’est de la République Démocratique du Congo est aussi votre drame, pas seulement celui des congolais. Les populations qui ont faim dans le Sahel, sont aussi vos populations indépendamment de quel pays africain vous êtes originaires.
Ce ne sont pas nos ancêtres, encore moins nos grand parents ou nos parents qui ont tracé les frontières qui nous divisent artificiellement et nous font design et entre Malien, togolais, congolais, ivoirien ou camerounais.
Sur la base de nos plaies esclavagistes et coloniales de la par de nos plus proches voisins Européens, encore ouvertes, Moi, je suis juste africain.
CONCLUSION
Quand les dirigeants africains font du bon travail qui va dans le sens de la libération de leur peuple, ayez l’amabilité de les féliciter et de leur témoigner qu’ils font du bon travail.
Et quand ils s’égarent très souvent en bonne foi, ayez le courage de le leur dire sans complaisance.
Car c’est à cela que servent les intellectuels, pour faire avancer les causes nobles surtout celles de la liberté confisquée. Même quand ceux-là qui se trompent ne le comprennent pas, et vous combattent ou vous insultent.
Un intellectuel n’est pas fait pour être aimé, mais pour faire triompher les causes justes, en dénonçant tous les travers qui freinent ou empêchent ce triomphe.
Jean-Paul Pougala
Jeudi le 5 juin 2025