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Conclusion : pour une refondation exécutive ancrée dans la souveraineté territoriale

L’échec du Salon Industriel et Commercial Chine–Afrique Francophone, malgré l’accord formel du Premier ministre du Cameroun et l’engagement diplomatique de l’ambassade de Chine, n’est pas un incident isolé. Il est le révélateur structurel d’un système exécutif qui concentre le pouvoir tout en diluant la responsabilité, incapable de porter des initiatives territoriales stratégiques ou de réagir efficacement aux mutations du monde. Ce blocage administratif, survenu au niveau du Secrétariat Général de la Présidence, est l’un des multiples symptômes d’un État centralisé, opaque et paralysé, dont les mécanismes de décision sont déconnectés des territoires, des communautés et même des engagements politiques supérieurs.

Dans ce contexte, le Cameroun ne peut plus se contenter d’une réforme marginale. Il doit s’engager dans une refondation structurelle de ses institutions, à commencer par l’architecture de son exécutif fédéral. Le modèle du Premier ministère, dérivé du jacobinisme français, a montré ses limites : vertical, symbolique, inefficace, il ne peut porter la logique du développement communautaire, ni incarner l’autonomie régionale.

Face à cette impasse, le modèle de Vice-présidence collégiale régionale, intégré dans le projet de fédéralisme développementaliste communautaire du MLDC, constitue une alternative viable, cohérente et fondamentalement démocratique. Il ne s’agit pas simplement d’un ajustement technique, mais d’un changement de paradigme : un passage de la centralité vers la coprésidence territoriale, de la hiérarchie administrative vers la responsabilité partagée, de la domination institutionnelle vers la souveraineté coopérative.

Chaque région fédérée — Grand Nord, Grand Sud, Grand Littoral, Grand Ouest — disposerait d’une Vice-présidence fédérale, à la fois représentative et décisionnelle. Ce collège de Vice-présidents ne serait pas une division du pouvoir, mais son approfondissement. Il permettrait de construire des réponses différenciées aux défis spécifiques de chaque région tout en consolidant une vision unifiée de la nation. Il serait l’incarnation exécutive d’un Cameroun polycentrique, communautaire, souverain.

Enfin, cette réforme n’est pas isolée dans l’histoire du monde. Le Nigeria, la Bosnie-Herzégovine, la Bolivie — et bien d’autres — ont montré que la stabilité dans les États complexes passe par la reconnaissance institutionnelle de la diversité. Le Cameroun peut devenir un modèle africain de fédéralisme équitable, à condition de s’émanciper des formes mortes du centralisme hérité et d’embrasser un avenir basé sur la coresponsabilité territoriale et la légitimité communautaire.

C’est là, dans cette vice-présidence collégiale souveraine, que se trouve la clé de la transformation républicaine du Cameroun, et peut-être même de sa survie politique comme État-nation. Le MLDC propose ainsi non une réforme parmi d’autres, mais un projet de réinvention nationale.

Pr JIMMY YAB
Président de l’OCCAF
Président du MLDC

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