(texte)

N.B : Certains m’accusent d’avoir retourné ma veste et de n’accuser Paul Biya maintenant que parce qu’il serait en difficulté. Je réponds qu’à mon avis, je suis le seul intellectuel camerounais qui pendant 14 ans, n’a cessé de demander des audiences au haut sommet de l’état camerounais pour remettre des analyses confidentielles dans lesquelles, les conclusions étaient les mêmes :

« si vous ne corrigez pas la trajectoire, vous êtes en train de diriger tout le Cameroun droit dans le mur ».

Et c’est bien parce que je n’étais pas écouté et mes recommandations étaient royalement ignorées que j’ai pris la décision de les rendre publiques depuis 10 ans, avec la leçon intitulée :

« Voici pourquoi le Cameroun ne doit pas signer les APE (Accords de Partenariat Economiques) avec l’Union Européenne »,

texte envoyer individuellement à l’époque à tous les députés camerounais. Mais rien n’y fait, ils ont signé, enfonçant encore plus à mon avis, le Cameroun dans la misère que nous connaissons aujourd’hui.

En réalité, ceux qui m’accusent sont d’un même parti politique, le MRC. Il y a 7 ans je leur faisais des reproches et que je confirme aujourd’hui :

« Je ne crois pas à mon avis que Maurice Kamto a les capacités de faire mieux que Paul Biya »,

même si avec l’échec de Paul Biya il est quasi impossible de faire pire. Mais je ne crois pas qu’on fait de la politique en agressant ceux qui ne pensent pas comme vous, en détruisant les ambassades du Cameroun ou en empêchant les artistes de se reproduire ou encore de transformer les réseaux sociaux en un camp retranché om déployer les pires émanations suprématistes tribales d’un côté ou de l’autre.

Ils n’arrivent pas à comprendre qu’il y a trois genres de figures dans l’arène politique d’un pays : le courtisan, le partisan et l’intellectuel. Et de ces trois, j’ai choisi de faire l’intellectuel.

C’est-à-dire, la seule figure qui en toute circonstance, ne perd pas le Nord, ne perd pas le gouvernail et a le courage de rester sobre et la tête froide pour non pas pour dire où il faut aller, c’est ça le rôle premier de la politique : la vision, mais de dire où on est en train de se tromper et quelle route on aurait dû prendre.

L’intellectuel est la boussole des temps et laisse le jugement des hommes, sur ses actions à la postérité.

Dédicace spéciale de Jean-Paul Pougala du 5/11/2025 à ceux qui m’accusent de changer de veste


1/10- Les 10 pires erreurs d’Intelligence Economique et Stratégique de Paul Biya, à la présidence de la République du Cameroun de 1982 à 2021 de Jean-Paul Pougala

Erreur n° 1/10 :

Organisation de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN) au Cameroun, pour la deuxième fois, du 9 janvier 2022 au 6 février 2022, cinquante ans après l’édition de 1972.

Question : Pourquoi Manchester United est l’équipe de football la plus célèbre au monde ?

Réponse : parce que Manchester la cité industrielle la plus vieille au monde et par conséquent, Manchester United est la plus vieille équipe de football au monde.

A retenir : Dans toute l’histoire du football en Europe, il n’existe pas d’équipe de football sans cité industrielle, il n’existe pas de football sans industrie, sans les usines de recrutement de masse de la population.

Il n’existe pas en Europe aucune équipe de football dissociée d’un site industriel qui l’a générée.

Dans son éditorial publié dans le quotidien financier britannique Financial Times du 19 Juin 2020, Simon Kuper va jusqu’à établir un lien entre le football et l’inspiration du communisme par Karl Marx qui a séjourné à Manchester là où son ami Engel dirigeait l’usine de son père.

Simon Kuper écrit :

« In 1800, Manchester was a tranquil town of 70,000 inhabitants. Soon afterwards it began filling up with the first people on earth to exchange their villages of birth for a disease-ridden, atomised industrial city. Karl Marx’s friend Friedrich Engels ran his father’s factory here. This was the place so brutal that it inspired communism.

In 1878 a football club called Newton Heath LYR started up near Manchester’s newish railway line. Its players worked at the Newton Heath carriage works of the Lancashire and Yorkshire Railway Company. They played in work clogs against other work teams.

In 1902 — by which time Manchester had expanded into a conurbation of 1.25m inhabitants — Newton Heath became Manchester United. Many uprooted migrants found a new sense of community by supporting the club. Who were you, an Irish peasant lost in Manchester? You “were” Manchester United. The stadium replaced the parish church.

Across industrial Britain, migrants attached themselves to football clubs. By 1892, all 28 English professional clubs were from the north or the Midlands. Football was as northern a game as Rugby League. Only in 1931 did Arsenal become England’s first southern champions.

The legacy of the Industrial Revolution still shapes English fandom. Today, the combined population of Greater Merseyside, Greater Manchester and Lancashire county is less than 5.5m, or a little over 10 per cent of the English population. Nonetheless, three of the top five teams in the table — Liverpool, Manchester City and United — come from this region. Manchester United became arguably the world’s most popular club largely because Manchester was the world’s first industrial city. Conversely, there are very few professional clubs in unindustrialised areas such as the south-west, East Anglia, Lincolnshire or the region due south of London.

Almost all leading European football cities today are provincial towns with industrial pasts: Liverpool, Manchester, Barcelona, Turin, Munich and Milan. Madrid, a capital, is the exception. Even formerly industrial Nottingham has won more European Cups (two) than London, Paris, Rome, Berlin, Moscow, Istanbul and Athens combined (one). Industrial cities had the greatest flux, the fewest established hierarchies, the weakest ties between people and place. Here, there were emotional gaps to fill. »

En d’autres mots, Simon Kuper nous dit que c’est l’héritage de la révolution industrielle en Grande Bretagne qui a dessiné le paysage footballistique du pays. Et que jusqu’aujourd’hui, les équipes les plus célèbres sont toujours concentrées autour des foyers de production industrielle. Il arriver à démontrer la même chose étendue à toute l’Europe et dit que :

« Presque toutes les grandes villes européennes du football sont aujourd’hui des villes de province au passé industriel : Liverpool, Manchester, Barcelone, Turin, Munich et Milan. Madrid, une capitale, est l’exception. Même l’ancienne ville industrielle de Nottingham a remporté plus de Coupes d’Europe (deux) que Londres, Paris, Rome, Berlin, Moscou, Istanbul et Athènes réunis (une). Les villes industrielles avaient le plus grand flux, le moins de hiérarchies établies, les liens les plus faibles entre les personnes et le lieu. Ici, il y avait des lacunes émotionnelles à combler. » Et bien évidemment, ces lacunes sont comblées par le football, à travers l’appartenance à un fan club.

Nous pouvons en conclure que les pays africains qui investissent dans la création et la construction des somptueux stades de football, n’ont pas pris le temps d’analyser le football sur le plan sociologique pour comprendre que le football ne réussit pas sans professionnalisme, et il n’existe pas de professionnalisme là où l’équipe n’est pas née sur un site de production industrielle.

Les dirigeants africains croient par erreur que le football, c’est juste un ballon rond qu’on donne à des gamins de jouer sur un stade donné. C’est un peu plus profond et plus complexe que cela. Ce qui fait que la quasi-totalité des nouveaux stades construits en Afrique ne seront jamais rentables, parce qu’il n’existe pas de noyau dur d’un fan club de supporters aguerris prêts à soutenir le club en toute situation et malgré tout.

Kuper va plus loin et affirme qu’aujourd’hui, beaucoup de gens ne vivent plus dans leurs villages de naissance. Ils se déplacent, parce qu’une usine recrute en masse quelque part. Et là, il n’y a plus d’appartenance à un diocèse, à une paroisse comme au village. La seule chose qui unit les gens c’est le fan club de l’équipe de football de la ville.

Il affirme aussi que dans la vie d’aujourd’hui, peu de choses restent les mêmes, de la naissance à la mort, sauf l’équipe de football.

Il écrit plus précisément :

« Today, atomisation is again common across Europe. Ever fewer people live in their town of birth, belong to a church or trade union, or spend their career in a single workplace. Living alone has become common. Many people form their primary attachment to a football club, or at least to fellow fans of that club. (Clubs themselves have historically treated supporters with contempt, though recently they have grown interested in them as consumers.)

Fandom helps people say who they are. That’s what my friends at university were doing: if you’re a teenage boy with low self-esteem, it’s much better to become known as “Tottenham”, to align yourself with the alpha males who play for the team. Fandom remains a favourite source of masculine identity: witness the avowedly male “Democratic Football Lads Alliance”, including many hooligans, who violently “defended” a Winston Churchill statue in London last weekend.

Fandom also gives fans a ready-made topic of conversation. Nick Hornby writes in his classic fan’s memoir Fever Pitch: “The first and easiest friends I made at college were football fans; a studious examination of a newspaper back page during the lunch hour of the first day in a new job usually provokes some kind of response. And yes, I am aware of the downside of this wonderful facility that men have: they become repressed, they fail in their relationships with women, their conversation is trivial and boorish, they find themselves unable to express their emotional needs, they cannot relate to their children, and they die lonely and miserable. But, you know, what the hell?” »

Life is hard enough as it is. Fandom offers so many psychological compensations — nowadays, thankfully, to women, too. People age, divorce, move away and die, but if you’re lucky, the one thing in life that doesn’t change is your club, still playing in the same colours and possibly even the same ground as when you were eight. All that’s required to be a fan among fans is to know what to grumble about. On match day, you become an eight-year-old without responsibilities again: it’s the players and manager who have to perform.

And watching the game, in the stadium or a pub, is a ritual you can share with people you love without needing to speak. Arsenal gave Hornby and his divorced father a way to be together: “We could talk when we wanted, the football gave us something to talk about.” »

Pour Kuper, le football

« aide les gens à dire qui ils sont. C’est ce que mes amis à l’université faisaient : si vous êtes un adolescent avec une faible estime de soi, c’est beaucoup mieux de se faire connaître sous le nom de “Tottenham”, pour vous aligner avec les mâles dominants qui jouent pour l’équipe.

Le football reste une source privilégiée d’identité masculine : en témoigne la « Democratic Football Lads Alliance », ouvertement masculine, dont de nombreux hooligans, qui ont violemment « défendu » une statue de Winston Churchill à Londres le week-end dernier. Le football offre également aux fans un sujet de conversation tout fait. Nick Hornby écrit dans ses mémoires de fans classiques Fever Pitch :

« Les premiers et les plus faciles amis que je me suis faits à l’université étaient des fans de football ; un examen studieux d’une dernière page de journal pendant l’heure du déjeuner du premier jour dans un nouvel emploi provoque généralement une sorte de réponse.

Et oui, je suis conscient du revers de cette merveilleuse facilité qu’ont les hommes : ils sont refoulés, ils échouent dans leurs relations avec les femmes, leur conversation est banale et grossière, ils se retrouvent incapables d’exprimer leurs besoins affectifs, ils ne peuvent pas s’identifier à leurs enfants, et ils meurent seuls et misérables. Mais, tu sais, qu’est-ce que c’est ? »

La vie est déjà assez dure comme ça. Le football offre tellement de compensations psychologiques – de nos jours, (…) Les gens vieillissent, divorcent, partent et meurent, mais si vous avez de la chance, la seule chose dans la vie qui ne change pas, c’est votre club, qui joue toujours dans les mêmes couleurs et peut-être même sur le même terrain que lorsque vous aviez huit ans. Tout ce qu’il faut pour être un fan parmi les fans, c’est de savoir de quoi se plaindre.

Le jour du match, on redevient un gamin de huit ans sans responsabilités : ce sont les joueurs et le manager qui doivent performer. Et regarder le match, dans le stade ou dans un pub, est un rituel que vous pouvez partager avec les personnes que vous aimez sans avoir besoin de parler. Arsenal a donné à Hornby et à son père divorcé un moyen d’être ensemble : “On pouvait parler quand on voulait, le football nous a donné de quoi parler.” »

La conséquence est le fait que les gens sont disposés à payer une fortune pour garantir leur abonnement annuel pour assister à tous les matchs de son équipe préférée.

Le journaliste italien Luca Pisapia, dans le quotidien italien « Il fatto Quotidiano », du 13 février 2016 a démontré comment les équipe utilisent cette affection émotive des supporters à leur équipe, pour leur offrir de nouveaux temples plus somptueux que sont les stades de football, puisqu’on sait qu’on va utiliser le prétexte du prestige du nouveau stade pour augmenter de façon exponentielle les prix d’entrée au stade sans oublier ceux des abonnements, tout en sachant bien sûr que ces supporters n’ont pas où aller et n’auront pas d’autres alternatives que de payer ce qu’on leur impose comme prix.

Il compare les prix d’entrées dans plusieurs stades de football en Europe pour arriver à la même conclusion de la manne financière que cela représente pour les clubs et les municipalités. Le prix le moins cher pour entrer au stade de Liverpool coûtait pour l’année 2016/2017, la somme de 77 livres Sterline, c’est-à-dire plus de 50.000 FCFA pour regarder un seul match. Alors que l’abonnement annuel était de 1029 livres soit plus de 700.000 FCFA par an.

Pour la même année, le prix du ticket pour voir un seul match à Chelsea était de 66 livres et à Manchester City de 53 livres. Et tout cela sans compter le fait que les équipes de première division britanniques pour les 3 années à venir se sont partagé un petit magot de 10,3 milliards d’euros uniquement en frais de retransmission des télévisions.

Il rapporte les propos de la BBC qui dit que le taux d’augmentation des prix d’entrée au stade au Royaume Uni est de 13% alors que l’inflation est de moitié dans le pays, c’est-à-dire autour de 6,8%.

Mais Luca Pisapia nous raconte qu’il y a pire en Europe pour considérer les supporters comme des vaches à lait et c’est en Italie, où les supporters de Milan doivent payer leur abonnement annuel pour aller au stade à 4200 euros, soit 2,75 millions de Fcfa par personne, alors qu’à Palerme, il faut payer son abonnement à 3800 euros par an, pour aller voir les matchs de football de l’équipe de la ville, soit l’équivalent de 2,5 millions de FCFA par an d’abonnement.

Le stade où se sont tenues les compétitions de beach volley lors des Jeux olympiques de Pékin (Chine), en 2008

COMMENT SONT AMORTIS LES FRAIS DE CONSTRUCTION DES STADES DE FOOTBALL EN EUROPE ?

Le 12 juillet 2019, la municipalité de Naples en Italie, communique qu’elle a rénové le stade San Paolo de Naples, là où jouait Maradona et cela a coûté aux contribuables de Naples la somme de 23.000 euros qu’il faut trouver. Le maire de la ville profite de ce communiqué pour annoncer le nouveau tarif de location du stade municipale de 20.000 places.

Ainsi, pour chaque match de football, l’équipe de Naples doit désormais payer 5000 € fixe + 10% de commission pour chaque billet vendu par supporter.

Si par malchance, à cause d’un incident, l’équipe de Naples a été punie et doit jouer un match sans spectateur, la municipalité de Naples va lui facturer un prix fixe de 50.000 Euros + 20.000 euros qu’elle n’a pas pu encaisser des 10% pour chaque billet.

Pour les concerts dans le même stade, le tarif est de 20.000 euros fixe + 10% de commission sur chaque billet et si le concert est gratuit ou pour toute manifestation sociale, sans but lucratif, il faut payer à la mairie de Naples le prix de 14.000 euros.

Les grandes stars de la musique qui font le concert, il faut payer un extra de 3500 euros + l’assurance de 200.000 euros par secteur du stade pour les dommages que les participants peuvent causer au stade. A cela il faut ajouter une autre assurance pour dommage contre tiers, d’un montant de 5 millions d’euros.

ET AU CAMEROUN ?

Dans sa tribune publiée sur le quotidien français Le Monde du 11 décembre 2015, intitulée : « CAN 2019 au Cameroun : comment transformer un gouffre financier en aubaine ? », Marafa Hamidou Yaya, ministre de l’intérieur du Cameroun de 2002 à 2011 et actuellement (le 15/12/2021) en prison parce que condamné à vingt-cinq ans de prison pour « corruption » en septembre 2012, écrit :

« Dans un contexte économique difficile, marqué par la chute du prix du pétrole et des dépenses militaires exceptionnelles liées à la lutte contre Boko Haram, le Cameroun envisage, dans son projet de lois de finances 2016, d’affecter 550 milliards de francs CFA (838 millions d’euros), soit 13 % de son budget, à « la construction des infrastructures nécessaires à la tenue des Coupes d’Afrique des nations de football 2016 (féminine) et 2019 (masculine) ».
(…)
Ces 838 millions d’euros dépensés pour la tenue d’événements de prestige vont se traduire par un déficit de 4,5 % du budget de l’Etat. De plus, vu le retard pris dans l’avancement des travaux, il est très probable que la facture finale sera alourdie par les dépassements. Pour ce seul motif, la dépense serait déjà insoutenable.

Mais elle l’est encore plus si l’on considère qu’elle détourne des ressources publiques, déjà en baisse, de nos priorités vitales et interdépendantes que sont l’éducation et la sécurité face aux attentats répétés de Boko Haram.
(…)
Les 550 milliards de francs CFA alloués aux deux coupes de football représentent davantage que le budget de l’éducation (éducation de base, enseignements secondaire et supérieur) en 2016, qui s’élèvera à 499 milliards de francs CFA.
(…)

Or l’éducation primaire, secondaire et supérieure subit un déficit de moyens dramatique. Les besoins sont considérables, un Camerounais sur deux ayant moins de 18 ans, mais nos infrastructures sont très loin de pouvoir y répondre. Dans le primaire, on compte en moyenne 50 places assises pour 60 élèves. Un écart que va très vite creuser la démographie.
(…)
Quelle réponse apporte le projet de budget 2016 de l’Etat ? Il aggrave la situation, en réduisant des ressources déjà dramatiquement pauvres. En tenant compte de l’inflation, le budget 2016 de l’éducation recule de 1 % par rapport à 2015.

Marafa Hamidou Yaya, ministre de l’intérieur du Cameroun de 2002 à 2011

et actuellement (le 15/12/2021) en prison parce que condamné à vingt-cinq ans de prison pour « corruption » en septembre 2012


Si vous êtes contents que le gouvernement camerounais dépense plus d’argent, dans le divertissement sportif que dans l’éducation de vos enfants, ne me demandez pas ensuite d’être solidaire avec vous le jour où vos enfants resteront à la maison sans instruction, parce que leurs enseignants seront en grève pour non paiement de leurs salaires depuis plusieurs. Car en économie, il n’y a pas de miracle. On ne peut pas tout faire. Et comme par définition, les besoins sont supéreurs aux ressources pour les satisfaire, l’argent qu’on a mis pour construire les beaux stades devaient forcément venir de quelque part. Et dans ce cas, Marafa nous informe qu’une bonne partie a été empruntée au budget de l’éducation pour l’année 2016, avec une baisse de 1% pour financer les stades.

Le sable du stade de beach-volley des J-O de Pékin en 2008 a laissé place aux herbes

QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

Il en ressort que ce soit sur le plan sociologique que financier, le Cameroun n’est pas dans la même logique que les européens que nous croyons copier. Et qu’en réalité, nous sommes en train de singer.

Nous sommes en réalité des avatars des européens et agissons pas pur mimétisme sans analyser en profondeur la vraie signification de nos actes.

Nous sommes prêts à construire des stades à Douala et à Yaoundé aussi beaux qu’en Italie. Mais nous oublions de nous poser au préalable la question de ce qui précède et accompagne ces stades aussi beaux en Italie.

Il n’existe pas de vrai football sans professionnalisme. Et il n’y a pas en Europe, le professionnalisme sans industrialisation.

Pire, le gouvernement camerounais se lance dans la construction de nouveaux stades de football, sans se poser la question même pas de leurs rentabilités, mais de leur entretien.

Et au lieu de faire les sièges en gris, afin de cacher l’état de délabrement dans 5 ans, ils ont choisi de faire les sièges en vert, rouge et jaune. Et comme ce sont des peintures exposées au soleil, le seul renouvellement par an représente un budget conséquent par an.

Ceux qui ont crié au scandale des sur-facturations durant la construction des différents stades sont très loin d’imaginer que cela n’était rien du tout par rapport à ce qui arrive, notamment pour l’entretien des couleurs vives qui ont été choisies pour embellir les nouveaux stades.

A Douala, il y a 3 stades désormais et 2 stades à Yaoundé, c’est-à-dire 5 stades dans 2 villes. Quel besoin y avait-il de réduire le budget de l’éducation de nos enfants pour financer un investissement non productif et posséder jusqu’à 5 stades ?

Les propos de Marafa Hamidou Yaya, ministre de l’intérieur du Cameroun de 2002 à 2011 sont crédibles. Il parle comme quelqu’un de l’intérieur du système, puisqu’il a assisté à des arbitrages entre le Premier Ministre et différents ministères de l’éducation qui ont vu leurs budgets réduits, pour financer un investissement de divertissement, le football.

Piste de Ski des Jeux olypiques d’hiver de Grenoble 1968

QUE FALLAIT-IL FAIRE ?

Le 4 février 2020 dans un article intitulé : “La facture salée des stades africains” dans l’hebdomadaire “Jeune Afrique”, le journaliste Alexis Billebault nous fait une liste de pays qui se sont lancés dans une course folle vers la construction ou la rénovation couteuse des stades de football, sans qu’on sache bien comment ils vont faire pour rembourser les dettes contactées pour ce caprice.

Ainsi, du Cameroun avec 600 millions d’euros pour la Can2022 à Madagascar avec 70 millions d’euros pour rénover un stade, en passant par le Maroc avec 217 millions d’euros pour la candidature malheureuse à l’organisation de la coupe du monde de football en 2026, le Sénégal avec 238 millions d’euros pour le Stade olympique de Diamniado et la Côte d’Ivoire avec 550 millions d’euros pour la Can2023, ils sont tous là, dans la course pour posséder le dernier meilleur stade du continent africain, et tout cela pour un sport pour lequel nous n’avons aucune chance de remporter la coupe du monde : le football.

Nous n’avons aucune tradition du football. Nous n’avons pas d’argent pour payer les joueurs camerounais de football. En moyenne, les joueurs touchent au Cameroun le salaire de 50.000 FCFA par mois. Il n’y a aucune cohérence entre l’envie de posséder les mêmes beaux stades que les italiens sans penser bien payer les acteurs qui vont permettre d’animer et de rendre rentable de tels stades.

L’argent dépensé aurait dû servir pour créer dans chaque région des cités industrielles avec des équipements pour répondre aux besoins de consommations alimentaires des camerounais dans de nombreuses filières agro-industrielles. Le temps de dynamiser l’industrialisation du pays et d’utiliser les retomber pour financer demain la construction des stades, qui seront amortis par les tickets payés par les utilisateurs pour se divertir le week-end, après avoir bien travailler la semaine dans les nombreuses usines.

Sans cela, on n’a pas besoin d’avoir un jour pris des cours d’économie pour anticiper que ces stades seront d’ici 10 ans, l’ombre d’eux-mêmes par manque de moyens financiers pour les entretenir.

Sur le plan purement financier, le gouvernement camerounais n’a pas pris les exemples de nombreux stades abandonnés après les jeux olympiques de 2004 à Athènes en Grèce, de 2008 à Pékin, en Chine.

Cela aurait évité de mettre sur le dos des futures générations dont on a privés les budgets de l’éducation, et les obliger à rembourser les dettes que nous aurons contractées aujourd’hui, à cause de notre naïveté sur le plan de l’Intelligence Economique et Stratégique à cause de nombreuses lacunes en pensée complexe et en pensée globale. Et qui reste à mon avis, la pire des 10 erreurs que Paul Biya a commises durant ses 39 ans au pouvoir, de 1982 à 2021.

Jean-Paul Pougala

Mercredi le 15 décembre 2021


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