(édito)

Le génocide structurel au Soudan se poursuit. Le monde reste indifférent. L’Afrique noire
aussi. L’Union Africaine, cette grande muette, est coupable. Dans son silence tonitruant, il
y a la complicité active des états d’Afrique noire.
Ce silence complice est insupportable. Il est la conséquence de la déliquescence de nos
états incapables de s’exprimer, de s’indigner et de crier haut et fort la sidération de ses
populations.
Il faut arrêter la guerre au Soudan qui est la plus longue et la plus meurtrière depuis les
barbaries affichées et revendiquées du monde civilisé.
La guerre au Soudan est tombée dans l’oubli et l’indifférence des censeurs du monde. Les
ingérences étrangères sont nombreuses. Les Emirats Arabes Unis ne s’en cachent pas. Ils
recrutent à tour de bras des mercenaires en Colombie pour accompagner ses milices à tuer
sans distinction et à briser toutes les forces légales qui s’opposent à leur projet macabre :
islamiser les soudanais noirs, leur imposer la culture arabe et avoir une main mise sur les
richesses minières de ce pays (l’or et le pétrole).
Le génocide en cours engage aussi l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Egypte. Il n’y a aucune
hésitation à y voir un complot et un projet murement réfléchi même si les intérêts sont
contradictoires.
Après la chute d’El Fasher dans le Darfour, les massacres se poursuivent. L’horreur et la
barbarie ont enfin réveillé les consciences de l’ONU. Pour la première fois, le Secrétaire
Général de l’ONU, Antonio Gutterès, s’est exprimé sur les crimes odieux au Soudan. Pour
lui, et ce n’est une surprise pour personne, la violence au Soudan dégénère et elle est
incontrôlable. Il a brandi la menace de la Cour pénale internationale pour calmer la
barbarie des agresseurs.
Mais, est-ce suffisant ? Les grandes chancelleries semblent indifférentes. Le mal est loin de
leurs frontières. Il faut surtout ménager la susceptibilité du monde arabe. Toutes les vies ne
se valent pas.
Notre indifférence nous rend tous complices et coupables. Nous portons consciemment le
deuil de notre myopie et de nos égoïsmes.
Le soudan se meurt et l’Afrique lorgne vers la Palestine et l’Ukraine. Sa maison est en feu
et elle regarde ailleurs. Aucune réponse humanitaire ne vient alléger les souffrances d’un
peuple dont l’histoire est le berceau de la culture de l’humanité. Ce monde de bâtisseurs de
pyramides violées mérite mieux. Il est à l’origine de la riche histoire de l’Egypte et de ses
pharaons qui ont inspiré la culture qui fait la fierté de l’humanité.

La participation active des émiratis est condamnable à tous les égards. Elle vient nous
rappeler que la puissance de l’argent achète le silence des nantis.

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste indépendant, essayiste et romancier

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