(édito)
Maurice Kamto, figure de proue de l’opposition camerounaise au régime séculaire de Paul Biya a été
écarté de la liste « officielle » des candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2025 par le Conseil
Constitutionnel.
Cette décision du Conseil Constitutionnel soulève de graves préoccupations en matière de démocratie, de
séparation des pouvoirs et de l’Etat. En effet, les moyens légaux dont dispose Maurice Kamto et
l’opposition, sans oublier le rôle de la société civile et de la population, peuvent être déterminants pour
exiger la transparence électorale, le respect de la Constitution et un processus électoral inclusif.
Pour obliger le Conseil Constitutionnel à revoir sa copie, l’opposition unie dispose de nombreux moyens
légaux dont le recours juridique :
- La saisine du Conseil Constitutionnel pour contester les décisions d’invalidation des candidatures ;
- Les recours aux juridictions internationales : ONU ;
- L’appel à une médiation africaine et régionale : CADHP (cour africaine des droits de l’homme et
des peuples), CEMAC et l’UA (Union Africaine)
L’opposition est-elle capable de s’unir pour mener cette bataille où s’infiltreront sans aucun doute les
candidats fabriqués par le pouvoir RDPC ? Seule l’union fait la force.
La radiation de Maurice Kamto de la liste des candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2025 peut
entrainer d’autres actions. Ce dernier peut s’appuyer sur de nombreuses actions citoyennes. Dans ce
contexte, la société civile est un contre-pouvoir et doit jouer un rôle important dans cette crise électorale.
Ses actions sont certes limitées dans un système atavique qui interdit et réprimande toutes manifestations
publiques. Mais on ne peut faire des omelettes sans casser des œufs.
Pour y parvenir, la société civile doit participer activement à une mobilisation pacifique en organisant des
marches, des sit-in et des manifestations autorisées. Elle doit aussi gréer des coalitions citoyennes pour
surveiller le processus électoral (plateformes d’observation électorales).
La société civile dispose de nombreux moyens pour exprimer son engagement en organisant des
plaidoyers de sensibilisation de la population par des campagnes d’information sur les droits politiques et
des campagnes de presse pour documenter les violations des droits civiques. Elle peut également
interpeller des partenaires internationaux tels que les ONG internationales et les organisations des droits
humains qui pourraient faire pression sur le gouvernement.
D’autres moyens pacifiques peuvent aussi influer sur la radicalité du gouvernement tels que la
désobéissance civile non violente.
Le combat n’est donc pas perdu. L’opposition dispose encore de nombreux atouts. Pour briser la machine
gouvernementale, elle est condamnée à s’unir. Les raisons sont nombreuses : - La formation de coalitions électorales ou de fronts unis pour un message clair et unique ;
- Un dialogue stratégique avec les partenaires extérieurs et la diaspora ;
- Un plan de mobilisation graduée.
La stratégie payante et l’union de l’opposition demeurent les seules conditions pour inverser les choix du
Conseil constitutionnel que le pouvoir politique manipule à souhait.
Rien n’est gagné d’avance. Le combat légitime de l’opposition pour la réintroduction de la candidature de
tous les exclus du processus électoral doit se poursuivre.
Par Michel Lobé Etamé
Journaliste Indépendant, Essayiste et romancier
















