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Voici donc le Cameroun plongé dans une nouvelle crise post-électorale. La situation de confusion qui règne dans nos villes et campagnes ces derniers temps suscite de vives inquiétudes au sein du peuple tout entier autant qu’au sein de la communauté internationale. L’annonce officielle par le conseil constitutionnel des résultats, au demeurant déjà connus, de cette élection présidentielle de 2025, scrutée et redoutée par tous, est appréhendée comme ce détonateur non maîtrisable qui pourrait déclencher l’ultime embrasement. Comment résoudre cette crise déjà bien répandue, qui risque simplement de s’amplifier davantage et polluer, avec plus de radicalité, le fonctionnement global du pays tout au long du prochain septennat si rien d’audacieux n’est entrepris ?
L’ORGUEIL ET L’ÉGOÏSME DES ACTEURS POLITIQUES
Le Cameroun est, en réalité, confronté à un redoutable problème d’orgueil hypertrophié de sa classe politique en général. Cet orgueil est conjugué à un immense égoïsme qui pousse tous nos politiques, à ne voir les choses que sous leur propre prisme et selon l’avantage de leur seul camp politique. L’adversité voire la haine qu’ils vouent à leurs concurrents les aveuglent. Elles les handicapent structurellement relativement à cette indispensable réflexion en faveur d’une résolution durable de la problématique du pays qui, au reste, ne date point d’aujourd’hui.
Pourtant, partout à travers le monde, l’expérience a clairement démontré que l’orgueil, l’égoïsme, les replis sur soi et sur son camp, l’arrogance, la suffisance, la violence et la haine du prochain, facteurs de destruction s’il en existent, n’ont jamais été considérés comme pertinents dans la résolution des crises sociopolitiques où que ce soit.
Parce que nous, Camerounais, en avons fait des instruments de configuration de notre culture politique, ces phénomènes négatifs ont fini par gangréner notre embryonnaire univers démocratique pour finalement le mener vers les abîmes où il se trouve aujourd’hui.
Voilà la cause fondamentale et matricielle de notre problématique politique camerounaise à laquelle nul n’échappe et dont chacun doit prendre conscience.
QUE FAIRE DONC ?
Dans les situations difficiles, il est bon de faire preuve d’humilité en s’appuyant aussi sur la technologie du Benchmarking afin de s’inspirer de l’ailleurs.
L’observation attentive du monde qui nous entoure démontre, sans conteste, que seul le brisement de soi favorable au respect de l’adversaire, au dialogue sincère, à des actions collégiales, à l’intérêt supérieur de la nation, au consensus social et au partage du pouvoir peuvent mener à la paix sociale véritable.
En ce moment, les acteurs politiques se regardent en chiens de faïence, ne se font aucune confiance et se détestent même cordialement. Certains se préparent même à l’ultime affrontement. Nos politiques et nos concitoyens doivent être tous contraints à dépasser ces états d’âme pour se préoccuper de l’intérêt national. C’est cela le brisement de soi sur une base simplement humaine. Il est incontournable en ce moment.
Assurément, nous ne pourrons en aucune façon faire l’économie de cette forme d’abandon de soi que firent, certes à leur corps défendant, les sud-africains afin d’affranchir durablement leur pays de la grande crise de l’apartheid. Nelson Mandela et Frédérik De Klerk, prix Nobel de la paix 1993, jouèrent pleinement leur rôle de leaders positivement inspirés et reconnus finalement comme tel par la postérité planétaire.
Les Camerounais, et en premier leur chef d’Etat, se doivent de mettre en œuvre, ensemble et après la proclamation sans surprise possible des résultats de cette élection, un gouvernement de Transition, d’Union nationale et de Salut public. A l’évidence, cela est, plus que jamais, une indispensable nécessité.
Avec toutes les filles et fils du pays, du nord au sud et de l’est à l’ouest, sa mission première devra être d’orchestrer cette transition refondatrice que nous prônons depuis un certain temps déjà. Depuis 2020 et plus effectivement avec l’ATP depuis janvier 2024, nous portons cette idée salutaire pour notre pays.
Sa mise en œuvre devrait, à mon humble avis, être pilotée par un chef d’orchestre doté d’une certaine neutralité relativement au contexte politique anxiogène actuel.
Sa mission serait simplement celle d’opérer cette grande Transition de Refondation qui, à l’évidence, requiert une grande vision et une forte capacité de rassemblement :
Réformes institutionnelles; remodelage du paysage politique pour mise en conformité avec les standards démocratiques modernes et républicains; révision du système électoral dans sa globalité ; démantèlement de la mécanique injuste du parti-Etat de facto; Création de mécanismes en capacité de ressusciter le lien social, culturel et national; Restauration de la solidarité et l’amour d’antan entre tous les Camerounais….
Au terme de ladite transition de 2 à 3 ans, des élections générales non susceptibles de la moindre contestation, dans un univers politique reconfiguré et remodelé, pourront alors et enfin mobiliser tous les Camerounais dans une nouvelle atmosphère de grande confiance démocratique au sein du pays. Nous pourrons alors et enfin avoir des élections justes, impartiales, intègres et transparentes donnant satisfaction à tous. En clair, il convient donc de résoudre le mal à la racine afin d’en empêcher toute forme de reproduction ultérieure.
Par conséquent, quelle que soit l’issue des évènements politiques à venir, tel me semble être, l’incontournable et indépassable algorithme en faveur de la reproduction d’une paix et d’un vivre-ensemble durables, mais surtout celui du déclenchement vertueux d’un nouveau départ et d’une véritable grande espérance pour le Cameroun de demain.
Dieu bénisse notre pays à tous.
Professeur Olivier BILE
Les Liberateurs