(texte & vidéo)

L’élection de Paul Biya pour un huitième mandat de sept années traduit un
profond désarroi dans la population. Et il est compréhensible.
Cette élection est le reflet d’un système politique verrouillé depuis des
décennies, où la démocratie n’est plus qu’une façade et où les institutions sont
instrumentalisées pour maintenir un homme et son clan au pouvoir.
Faut-il en rire ou en pleurer ?
Probablement un peu les deux. Rire, parfois, pour ne pas sombrer dans le
désespoir ; pleurer, parce qu’un pays si riche en ressources et en talents se
retrouve étouffé par la corruption, la peur et la stagnation.
Une situation qui perdure
Cette situation est la conséquence de plusieurs facteurs ou leviers qui
maintiennent le pays dans une situation de crise permanente :

  • La mainmise sur les institutions (armée, administration, justice,
    commission électorale) est sous contrôle du pouvoir ;
  • La fragmentation de l’opposition : les opposants ne parviennent pas à
    s’unir durablement autour d’un projet commun ou d’une seule personne ;
  • Le clientélisme et la peur : beaucoup dépendent du système pour survivre
    et la répression empêche la contestation ouverte ;
  • La désillusion de la jeunesse : sans emploi ni perspectives, une partie de la
    jeunesse s’exile ou se désengage.

Est-ce une raison de perdre espoir ?
Les contextes les plus verrouillés ont tous une fin. L’histoire le montre. Les
régimes autoritaires finissent par s’effriter sous la pression combinée de la
société civile, de la jeunesse, de la diaspora et d’un épuisement général du
système.

La lutte pour le changement doit se poursuivre. Elle ne s’arrêtera pas aujourd’hui.
Les pistes d’espoir sont nombreuses car le Cameroun a une jeunesse qui prend
conscience de son rôle pour un changement de cap. Cette jeunesse est éduquée,

connectée et inventive. Elle constitue une force de transformation, à travers les
médias numériques, l’entreprenariat et la culture.
Le Cameroun devra aussi s’appuyer sur sa diaspora très active et qui est capable
de peser économiquement et politiquement à distance.
Enfin, la société civile, traquée dans la peur et la violence reste un support
important pour un nouveau Cameroun. Cette société civile doit continuer à
dénoncer les injustices, la corruption et à créer des espaces de liberté.
Quelles perspectives pour l’avenir ?
Le changement ne viendra peut-être pas d’un coup d’état ou d’une élection
miraculeuse. Attendons-nous aussi à un lent basculement culturel et
générationnel où la nouvelle génération prendra progressivement le contrôle de
l’économie, de la parole publique et, à terme, du pouvoir politique.

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste Indépendant, essayiste et écrivain

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