

(édito)
Au bout de quarante-trois ans de règne sans partage, le Cameroun est toujours
soumis à un pillage systémique de ses ressources et de sa richesse par une clique
de vautours. Paul Biya en est le principal responsable. Le constat est sans appel :
la pauvreté est criarde et plonge le pays dans les abîmes. Les forces vives
meurent dans l’indifférence. Et qu’en est-il des intellectuels ? Ils symbolisent
une clique marquée par leur étroitesse d’esprit et poursuivent un même but : être
invitée à la mangeoire.
En briguant un septième mandat, Paul Biya peut-il encore surprendre ?
L’homme n’a plus tous ses moyens. Son camp, saisi par la peur du changement,
monte au créneau. Pour dire quoi ? Le mensonge est devenu un mode de
gouvernance en autocratie où la parole est confisquée et où aucune critique n’est
tolérée.
La stabilité politique aurait conduit le Cameroun vers des réalisations qui
marqueraient le long et cauchemardesque règne de Paul Biya. Il n’en est rien.
Face à ces échecs décriés, la jeunesse reste indifférente. Pire, elle ne réagit pas
alors que la génération Z vient de lancer un message à toutes les dictatures du
monde. Cette génération se révolte contre la corruption et l’injustice sociale.
Y-a-t-il meilleur cas d’école que le Cameroun ? La génération Z est en éveil. Au
Népal et au Maroc, elle descend dans la rue pour exprimer sa colère. Pour y
parvenir, elle utilise les outils numériques à sa disposition.
Cette jeunesse, vent debout et responsable, utilise les codes générationnels
générés par la culture numérique universelle. En Asie (Bangladesh, Népal, Sri
Lanka, Indonésie), elle exige le changement. La révolte de la jeunesse avec les
outils numériques reste la seule arme pacifique à sa disposition.
En Afrique, après l’essoufflement du printemps arabe qui a fait sauter Ben Ali
en Tunisie, le Maroc se réveille à son tour pour briser le signe indien. La
génération Z, comprise entre 13-28 ans vient de lancer sa révolte. Ses
principales revendications rejoignent celles de l’Afrique subsahélienne. Elle est
descendue dans la rue pour balayer le pouvoir qui ne lui offre que des jeux alors
que la jeunesse demande des écoles, des hôpitaux, une toiture et du travail.
Au Cameroun, c’est le statut quo. La jeunesse du 237 (indicatif téléphonique)
qui a fait du slogan son arme de communication se terre toujours. Les enfants du
« CONTINENT » ne brillent que par la médiocrité et leurs œillères. Elle ne voit
rien. Elle n’entend rien. Elle est incapable de douter, de protester, de suivre le
mouvement de la génération Z qui reste le seul espoir de survie dans un pays
dirigé par des gérontocrates accrochés à leurs prébendes.
Les élections présidentielles du 12 octobre 2025 voient le gérontocrates, Paul
Biya, haranguer les foules. D’une voix nasillarde, il affiche une besace pleine de
promesses. Incapable de sortir les enfants du « continent » de la pauvreté, il les a
avilis de nouvelles promesses.
Mais cette jeunesse du « Continent » n’est pas à plaindre. Elle se réjouit de son
sort hanté par la maladie, le chômage, le mensonge, la violence, l’injustice. Elle
est convaincue que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.
De grâce, rappelez-lui que la jeunesse Z poursuit son combat de liberté et de
souveraineté sans elle. Car, vous le savez toutes et tous, cette jeunesse du 237
est prompte à critiquer les autres, oubliant qu’elle est profondément ancrée dans
la chienlit. Elle sait mieux que quiconque ce qui se passe ailleurs. Mais elle
ignore tout de ses drames quotidiens. Dites-lui qu’elle est la risée de l’Afrique
en éveil et en rupture avec les codes de soumission et d’infantilisation de l’après
indépendance.
Par Michel Lobè Etamè
Journaliste Indépendant, Essayiste et écrivain.