(texte)
Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi lorsqu’on parle de la dette des pays africains avec la Chine, les occidentaux ajoutent obligatoirement un adjectif : « toxique » ?
Ce sont les mêmes qui font circuler des fake news sur des pseudo-aéroports en Uganda qui serait saisi par la Chine à cause d’une dette que le pays ne peut pas rembourser, ou d’un port au Sri-Lanka saisi par la Chine pour une dette que le pays n’arrive pas à rembourser.
Non seulement tout cela n’est que des Fake News pour détourner l’attention des complicités des pays occidentaux avec les pratiques des Fonds Vautours auxquelles les pays africains sont en train d’y échapper en recourant aux emprunts chinois et non plus occidentaux. Mais j’ai une solution encore plus radicale : arrêtez de vivre au-dessus de vos moyens et vous arrêterez d’emprunter l’argent que vous ne pouvez pas rembourser pour des dépenses aussi inutiles que les grosses voitures ou les avions présidentiels.
Il y a quelques mois, un milliardaire Camerounais commettait une erreur de débutants en éducation financière, non seulement en se plaignant d’avoir été spolié en Afrique du Sud pour des dettes qu’il avait contractées et qu’il était incapable de payer, mais le pire dans tout cela est qu’il entrainait dans sa chute tout le Cameroun à travers un juge tout aussi naïf que lui en tentant de mettre la main sur l’argent d’une entreprise multinationale au nom de tous les Camerounais.
Et les autorités du Cameroun dans leur naïveté légendaire en éducation financière, laissait faire, sans s’imaginer un seul instant qu’ils ouvraient les portes du Cameroun au braquage perpétuel des Fonds Vautours.
Dans le livre “Fonds vautours : contrer la stratégie du passager clandestin” dans “Revue d’intelligence stratégique et des relations internationales”, n° 5, publié chez L’Harmattan – CISRI, en juin 2012, Arnaud Zacharie et Antonio Gambini écrivent que les pays africains sont les plus vulnérables aux Fonds Vautours, parce que les dirigeants africains sont ceux qui, au monde empruntent à tout va, sans se préoccuper des procédures complexes qui permettent ensuite aux Fonds Vautours de les spolier. Et quand cela arrive, ils crient tous au racisme des blancs contre les noirs, au lieu d’assumer les conséquences de leur ignorance en finances internationales.
Et quand cela arrive qu’ils n’arrivent pas à rembourser leurs dettes, au lieu de se rendre compte qu’ils n’avaient pas pris la peine de bien comprendre le système avant de commencer à s’y aventurer, ils braillent et accusent tout le monde.
Pire, ils disent que la technique de spoliation des Fonds Vautour a commencé ailleurs en 1996 où le Pérou qui n’arrivait pas à rembourser la modique somme de 11 millions de dollars, s’est vu obligé par un tribunal de New York à rembourser à une entreprise que le pays ne connaissait pas, la somme de 58 millions de dollars, c’est-à-dire, un profit de 400%.
Mais il y a pire, les deux auteurs nous disent que dette de l’argentine acheté par un fond vautour à seulement 177 millions de dollars, ce dernier a contraint l’Argentine à rembourser 16 milliards de dollars, soit un taux de profit de 1 270 %. Le mode opératoire a été connu en Argentine pour arriver à ce taux record de 1270 % : financer les mouvements des droits de l’homme descendre dans la rue contre le gouvernement en place. On a appelé labas le mouvement des casseroles.
Et c’est ainsi qu’un nouveau gouvernement est arrivé au pouvoir pour signer tout ce que l’ancien ne voulait pas. Nous verrons dans cette leçon comment c’est la même chose qui est arrivée à la Côte d’Ivoire en 2010 où on a écarté du pouvoir un président parce qu’il soignait trop bien les intérêts financiers de son pays, pour le remplacer par un économiste prêt à tout brader au profit de la finance internationale.
Mais cela n’a pas suffi pour décourager les pays africains o vivre au-dessus de leurs moyens d’acheter des avions présidentiels sans moyens et de se retrouver braqués au final par les fonds vautour. Le Congo qui n’arrivait pas à rembourser une dette de 31 millions d’Euros, a été obligée de payer la somme de 118 millions d’euros à un Fonds de New York qui avait acheté sa dette à la modique somme de 1,8 millions d’euros.
Arnaud Zacharie et Antonio Gambini écrivent :
Page 29 :
Les cibles des fonds vautours
« Le premier fait d’armes des fonds vautours remonte aux années 1990. En 1996, Elliot Associates, un fonds d’investissement basé à New York et dirigé par Paul Singer, achète des titres de la dette du Pérou pour un montant de 11 millions de dollars, avant d’intenter une action en justice contre le gouvernement péruvien qui avait bénéficié d’un allègement de dette. En octobre 1999, la Cour d’appel fédérale lui donne raison, contraignant le Pérou à payer la somme de 58 millions de dollars.
Au total, Elliot Associates a empoché dans cette opération un taux de profit de plus de 400 %. Depuis lors, des dizaines de procédures de ce genre ont eu lieu, concernant non seulement des pays à faible revenu d’Afrique, mais aussi des pays à revenu intermédiaire comme l’Argentine et, depuis le défaut de paiement de la Grèce, un pays de la zone euro.
Les pays africains ont été les principales cibles des fonds vautours, avec huit nouveaux procès par an en moyenne au cours de la première décennie des années 20002 . Parmi eux, le Congo a représenté une cible privilégiée : des fonds vautours tels qu’Elliot Associates, là encore, FG Hemisphere ou Walker International Holdings ont obtenu gain de cause devant les tribunaux. Elliot Associates, par exemple, avait, via sa filiale Kensington International basée aux îles Caïmans, racheté pour 1,8 million de dollars des créances d’une valeur faciale de 31 millions de dollars. Par la suite, Kensington International a réclamé pas moins de 118 millions de dollars pour ces créances, et obtenu gain de cause.
Kensington se remboursa notamment en obtenant à deux reprises la saisie de fonds issus de l’aide publique belge au développement à destination du Congo, à la suite d’un jugement du Tribunal de première instance de Bruxelles. Cela incita le Sénat de Belgique à adopter, en 2008, une loi en vue de protéger l’aide belge au développement contre les pratiques des fonds vautours.
Le cas le plus emblématique est toutefois celui de l’Argentine. Après que le pays a connu en décembre 2001 le plus important défaut de paiement de l’histoire des pays en développement, le gouvernement Kirchner nouvellement aux responsabilités négocia une restructuration de sa dette acceptée par 93 % des créanciers, lesquels consentirent à abandonner près de 65 % de la valeur de leurs créances – abandon compensé par le versement par l’Argentine de dividendes annuels indexés sur l’évolution de son produit intérieur brut (PIB).
Page 30 :
« Toutefois, les fonds vautours refusèrent de participer à cet accord, préférant attaquer l’Argentine devant les tribunaux et exiger le remboursement intégral de leurs créances. Le 26 octobre 2012, un arrêt de la Cour d’appel de New York , confirmé en juillet 2014, leur donna raison : l’Argentine se voyait refuser le droit de rembourser les 93 % de créanciers qui avaient accepté le plan de restructuration sans payer dans le même temps l’intégralité des sommes réclamées par les fonds vautours – avec le risque que les autres créanciers demandent à leur tour d’être remboursés en intégralité.
Le bras de fer tourna définitivement à l’avantage des fonds vautours en avril 2016, à la suite de l’arrivée au pouvoir du président Mauricio Macri qui, contrairement à ses prédécesseurs, décida de céder aux exigences des fonds vautours en empruntant 16,5 milliards de dollars sur les marchés financiers internationaux pour les rembourser.
Le fonds NML Capital, principal fonds engagé dans le bras de fer avec l’Argentine, a finalement été payé près de 2,4 milliards de dollars pour des créances rachetées initialement au prix de 177 millions, soit un taux de profit de 1 270 %.
Cette victoire des fonds vautours a non seulement des conséquences pour l’Argentine, qui a repris le chemin de l’endettement, mais plus largement pour l’ensemble du système de gestion de la dette. En effet, le cas argentin démontre que refuser de participer à des opérations de restructuration de la dette et abuser de la bonne foi des créanciers ayant accepté d’abandonner une partie de leurs créances peut être un choix payant. »
Mais cela n’explique pas comment ces Fonds Vautours ont réussi l’exploit de se faire payer à hauteur de 1270% de la mise initiale.
Pour le savoir, il suffit de voir le même mode opératoire en Côte d’Ivoire un an plus tot, en 2010.
Selon l’US NEWSWIRE AMERICAN TASKS FORCE ARGENTINA, « Argentine President Cristina Kirchner’s Popularity Plummets », du 29 août 2012 on découvre ceci :
“L’agence nationale de statistique du pays (INDEC) rapporte un taux d’inflation annuel de 9,9% en juillet 2012, mais d’autres analystes privés (financés par les Fonds Vautours américains) prétendent qu’il s’agirait en fait d’une augmentation d’environ 20%. Ces analystes accusent la présidente de replonger l’Argentine dans une récession.
De plus, l’INDEC a récemment publié une étude dans laquelle elle affirme qu’une famille de quatre Argentins peut être considérée comme vivant au-dessus du seuil de pauvreté si elle dépense plus de 688 pesos par mois en nourriture, ou environ six pesos par personne par jour. Toutefois, l’Université de Buenos Aires (qui reçoit des financements des fondations américaines) établit qu’un budget minimum de 24 pesos par jour par personne était nécessaire afin d’avoir une alimentation saine.”
Les commentateurs crient sur tous les médias un mensonge : que la présidente Cristina Kirchner, trafique les chiffres. Ce qui donne origine à des contestations populaires.
« Va rejoindre ton mari », « Non à la ré-ré-élection » et « Bande de menteurs » sont des exemples de ce que l’on pouvait lire sur les pancartes des manifestants.
Résultat des courses : La présidente Cristina Kirchner, dont le plus grand tort est d’assainir les finances de son pays et de résister au braquage des Fonds Vautours pour le bien de ses populations est conspuée par cette même population manipulée et à sa place arrive l’homme voulu par la finance internationale, celui-là qui va signer et emprunter 16,7 milliards de dollars pour rembourser 177 millions de dollars. Et ce après la restructuration de la dette de l’Argentine pour plus de 93% de ses créanciers.
Source : https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse/1453
En d’autres mots, quand un pays Européen se montre généreux pour soi-disant annuler la dette des pays africains, mais avec des conditions, ce n’est que la restructuration des dettes qui ouvre la porte aux fonds vautours. Ces pays le savent, mais pas les africains dans leur naïveté et ignorance.
Si je vous demande : Quelle est la raison principale de la cabale de toute l’Union Européenne contre Laurent Gbagbo en 2010 ?
Réponse : c’était le « Goïta » ivoirien avant l’heure qui a réussi à assainir les finances de son pays et porter la dette à 5,43 milliards d’euros en 2012, après 11 ans de pouvoir et l’embargo contre le principal produit d’exportation du pays, le Cacao avec 500.000 tonnes de fèves de cacao bloquées dans les ports ivoiriens.
Alors que son successeur, l’ « économiste » Ouattara, (est pour la Côte d’ivoire comme l’argentin Mauricio Macri qui a tout cédé aux fonds Vautours en empruntant 16,7 milliards de dollars pour rembourser une dette de 177 millions de dollars), l’a portée à 26,77 milliards d’euros après lui aussi 11 ans de pouvoir, malgré toutes les ouvertures de la France et l’Occident.
Quand on observe le niveau de la navigation à vue en matière financière des états africains, on a envie de se poser une question aussi banale : « mais où sont passés les économistes africains ? ».
Et puis, en regardant le cas de la Côte d’Ivoire, on se rend bien compte qu’ils sont là et souvent même pires que les littéraires au pouvoir.
Dans la première partie de cette leçon, je vous ai donné les impressions de la Banque Mondiale qui nous expliquait que la Côte d’Ivoire était le pays africain le moins bien géré en matière financière.
Nous allons continuer cette deuxième partie, toujours en analysant les données de la même Banque Mondiale et cette fois-ci, nous allons comparer le niveau d’assainissement des dettes contractées en Côte d’Ivoire par un littéraire, Laurent Gbagbo et celles d’un économiste africain, Ouattara pour savoir lequel des deux, a le plus ou le moins exposé le pays aux Fonds Vautours dont la spécialité est de spolier les pays pauvres qui ne savent pas gérer leurs finances.
LE PIEGE DE LA PRETENDUE ANNULATION DE LA DETTE IVOIRIENNE PAR LA FRANCE
Voici l’intégralité de la dépêche de l’Agence France Presse (AFP) sur 24 juillet 2012, à peine Ouattara est allé au pouvoir à Abidjan :
Le 24 juillet 2012 à 23h14
Le document a été signé mardi soir. La France et la Côte d’Ivoire ont conclu à Paris un accord bilatéral d’annulation de la dette ivoirienne en présence du président ivoirien Alassane Ouattara. Le ministre français de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, et son homologue ivoirien Charles Koffi Diby, ont signé le texte portant sur la somme de 3,76 milliards d’euros. Ce qui représente « les deux tiers de l’effort total consenti par le Club de Paris », précise Moscovici. Le Club de Paris, qui regroupe des créanciers publics, et le gouvernement de Côte d’Ivoire se sont entendus fin juin 2012, pour annuler la dette du pays à l’égard de cette institution à hauteur de 6,5 milliards de dollars, soit 99,5% du total.
«75% environ (2,85 milliards d’euros) de l’effort français d’annulation de dette feront l’objet d’un Contrat de désendettement et de développement » destiné à identifier et financer des projets, « après accord entre les deux pays », indique le ministre français. Il dit espérer que «de nombreux partenaires de la Côte d’Ivoire viendront nous rejoindre pour construire les infrastructures essentielles du pays ».
Le ministre ivoirien des Finances rappelle, lui, les engagements de son gouvernement pour « optimiser l’utilisation des marges budgétaires créées par les allègements de dette obtenu ». La Côte d’Ivoire prévoit d’« importants investissements dans les secteurs porteurs de croissance, dans les infrastructures sociales de base » et souhaite y « impliquer autant que possible le secteur privé ». Charles Koffi Diby souligne que «la pauvreté a grandi, les Ivoiriens sont devenus impatients. Allons vite, allons vite mais allons bien ».
Fin de la dépêche AFP.
Source : https://www.leparisien.fr/politique/la-france-annule-la-dette-ivoirienne-24-07-2012-2100831.php
Vous n’avez pas compris où se situe l’arnaque ?
Relisez encore la dépêche.
Vous n’avez toujours pas descellé la tromperie de la France et la naïveté financière de la Côte d’Ivoire ?
Alors je vous dis tout.
Elle se situe dans deux phrases, l’une de la France et l’autre de la Côte d’Ivoire. Les seuls deux témoignages enregistrés par cette dépêche :
«75% environ (2,85 milliards d’euros) de l’effort français d’annulation de dette feront l’objet d’un Contrat de désendettement et de développement » destiné à identifier et financer des projets, « après accord entre les deux pays », indique le ministre français.
Destiné à identifier et financer des projets ?
Tu annules ma dette avec toi, en langue française cela signifie que je ne te dois plus rien. Et si je ne te dois plus rien, du financement de quels projets parles-tu ?
Tu vas encore identifier quels projets ?
Tu annules ma dette et je te remercie et tout s’arrête là !
Eh non !
Ça ne se passe pas comme ça. On n’annule rien du tout.
On donne l’illusion d’avoir annulé la dette.
C’est une technique de manipulation et d’endoctrinement expérimentée dans le jeu du hasard pour induire un pauvre à se défaire de tout son argent, dans l’espoir de gagner le gros lot. Il suffit pour cela, de le laisser gagner de temps en temps des miettes. Il sera tellement content de ces miettes qu’il va oublier combien il a déjà perdu à ce même jeu, dans cette même machine.
C’est exactement le comportement du ministre ivoirien à travers ses déclarations pour remercier pour une telle pseudo annulation de la dette ivoirienne par la France.
Charles Koffi Diby souligne que «la pauvreté a grandi, les Ivoiriens sont devenus impatients. Allons vite, allons vite mais allons bien ».
Allons vite ? où « Lopaire » ?
La Côte d’Ivoire devait à la France 6 milliards d’Euros n’est-ce pas ? Est-ce que jusqu’ici c’est clair ? On avance doucement.
Maintenant cette France dit qu’on ne lui rembourse plus 2,85 milliards d’euros. Question toute simple : est-ce qu’annuler la dette veut dire qu’elle nous a mis de l’argent dans la main ? Non ! Est-ce que cela veut dire qu’elle nous ouvre une nouvelle ligne de crédit ? Non ! On va donc vite où ?
Lisons la suite et on comprendra quel effet a produit l’annulation ou l’annonce de l’annulation de 2,85 milliards d’euros de la dette ivoirienne par la France.
Pour commencer, il ne s’agit que d’une annonce et d’un jonglage du vocabulaire d’une langue française que les politiciens africains maîtrisent à peine.
Si la France complète son annonce d’annulation de la dette par le fait d’identifier des projets, c’est la preuve que la dette est toujours là, puisqu’on incite même à dépenser plus, pour des nouveaux projets, alors que le mal est justement qu’on vit au-dessus de ses moyens.
Si on est endetté comme conséquence du fait que nous vivons au-dessus de nos moyens, comment la solution peut-elle consister à nous inciter à multiplier les projets ?
La supposée annulation de la dette par les pays occidentaux n’est qu’une technique de manipulation consistant à faire baisser la garde et s’endetter à tout va, avec le maigre espoir que ce n’est pas grave, puisque de toutes les façons, il est probable qu’un jour ce fardeau financier soit tout annulé et sans rien en retour. C’est trop beau pour être vrai. Les dettes se paient, entièrement.
Voici ce que cela donne : multiplier de façon exponentielle la dette de la Côte d’Ivoire, malgré que le pays soit dirigé par un économiste, mais qui ne voit que du feu dans cette prestidigitation française pour spolier le pays africain en projets inutiles (ponts, métros etc.).
Notre voyage d’aujourd’hui commence en 1997, c’est-à-dire, l’année indiquée par la Banque Mondiale comme celle de la pire gestion des finances ivoirienne.
Cette année-là, la dette publique ivoirienne était de 17,16 milliards d’euros, soir 121,06% du PIB du pays et une dette par tête d’habitant de 1.134 €.
Le mandat présidentiel de Laurent Gbagbo dure du 26 octobre 2000 au 11 avril 2011.
Regardons la situation financière telle qu’énoncée par la Banque Mondiale.
Pour l’année 2003, c’est-à-dire à peine 3 ans au pouvoir, Laurent Gbagbo avait réalisé un exploit de descendre le taux d’endettement de la Cote d’Ivoire à un niveau historiquement bas, à seulement 9,36 milliards d’euros soit le taux de la dette publique à 56,38% du PIB et 532 € par tête d’habitant.
Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin.
En 2004, la dette publique ivoirienne descend à 8,62 milliards d’Euros à 480 € par tête d’habitant.
Laurent Gbabo voulait faire passer la Côte d’Ivoire du pays le moins bien géré financièrement d’Afrique à celui le mieux géré.
Quand il quitte la présidence de la république ivoirienne en 2011, il a instauré une dynamique pour assainir les comptes publics du pays, malgré la crise et l’embargo de l’Union Européenne contre la Côte d’Ivoire.
Puisque nous ne pouvons pas prendre en compte l’annulation de la dette ivoirienne en 2012, nous la considérons comme l’année de la fin de la dynamique de Laurent Gbagbo.
Et que constatons-nous pour 2012 ?
La dette de la Côte d’Ivoire est de 5,43 milliards d’euros, c’est-à-dire 24,69% du PIB et 252 euros par tête d’habitant.
Si l’annulation de la dette par la France était vraie et réaliste, on devrait voir une chute du niveau d’endettement du pays dès 2013, voir 2014.
Qu’avons-nous en 2013 ? La dette du pays ne diminue pas, augmente même passant de 5,43 à 5,97 milliards d’euros, à 24,62% du PIB et 270 € par tête d’habitant contre 252 l’année précédente.
C’est ici qu’entre en jeu le début de la stratégie française pour la spoliation de la Côte d’Ivoire, avec à sa tête, un économiste du nom de Alassane Ouattara.
Olééé, avec la France et Ouattara au pouvoir, c’est la fête au village, tous les jours.
Pendant que les médias français comme RFI, TV5-Monde, France24 encensent l’homme d’état, les données de la Banque mondiale nous fournissent une autre vérité.
A partir de 2014, on assiste à l’envolée de la dette ivoirienne que ce soit en valeur nominale que par habitant.
Dès l’année 2014, Ouattara arrête la dynamique impulsée par Laurent Gbagbo d’assainissement des comptes publiques ivoiriens. La flèche de l’endettement se remet à courir vers le haut pour ne plus s’arrêter. Ainsi, la dette passe à 7,39 milliards d’euros en 2014 (326 euros par habitant), 10,86 milliards d’euros en 2015 (460 euros par habitant), doublant la dette ivoirienne de ce que Gbagbo avait laissée.
Un an plus tard en 2016, la dette ivoirienne grimpe à 12,41 milliards d’euros (512 euros par habitant).
C’est à partir de 2018 que Ouattara fait fort, augmentant la dette ivoirienne de 4 milliards d’euros par an. Alors que, souvenez-vous toujours, Laurent Gbagbo lui avait laissé une dynamique positive avec une dette totale du pays en 2013 de 5,97 milliards d’euros (270 e par habitant). 5 ans plus tard, en 2018, Ouattara a porté la dette de la Côte d’Ivoire à 14,95 milliards d’euros (586 euros par habitant).
A peine un an après, en 2019, la dette ivoirienne passe à 18,35 milliards d’euros (702 euros par habitant).
En 2020, Oléé ! On dépense, on dépense ! On dépense l’argent qu’on n’a pas. La dette ivoirienne a encore augmenté de 4 milliards d’euros en un an seulement, soit 22,38 milliards d’euros (835 euros par habitant).
Et le dernier chiffre de la Banque Mondiale, c’est 2021. La dynamique est enclenchée : il suffit désormais d’ajouter chaque année, 4 milliards d’euros sur la dette de la Côte d’Ivoire. Et selon la Banque Mondiale, nous sommes à 26,77 milliards d’euros pour l’année 2021. Soit 974 euros par ivoirien.
Source : https://www.donneesmondiales.com/afrique/cote-divoire/dette.php
A ce rythme de l’argent qui coule à flots, elle n’est pas belle la vie en Côte d’Ivoire ?
Si, bien sûr, mais ça dépend pour qui ?
Les finances de la Côte d’Ivoire sont comme un train lancé à une vitesse folle sur des rails qui doivent forcément finir dans le décor. Et le pire dans tout cela, c’est qu’il semble n’y avoir personne dans la locomotive pour tenter de freiner ce train dans sa course folle vers le surendettement.
On construit des ponts qui ne servent à personne sinon des appels d’offres pour renvoyer l’ascenseur à la France qui a installé un président au pouvoir.
On construit des métros, en sollicitant les entreprises françaises qui sont aujourd’hui les plus chères du marché. Peu importe, un jour, les descendants des Ivoiriens paieront la note.
La dette perpétuelle avec la France, Haïti l’a déjà expérimentée et on sait ce que cela peut donner même 100 ans après qu’on a cessé de la payer.
Ah j’oubliais ! La France finira par annuler la dette ivoirienne ?
Et nous y voilà de nouveau en 2021, alors que la dette de la Cote d’Ivoire dépasse 26 milliards d’Euros, la France fait un nouveau geste de cette grande passion de magnanimité et de générosité de la France envers les pays africains qu’elle n’arrête pas de spolier grâce au Franc CFA et à tous les mécanismes financiers qui en découlent.
Et comme écrit Mehl dans “De l’autorité des valeurs”, “Le tragique inhérent à la passion c’est que l’être ne s’y donne que pour prendre. Le don de l’être dans la passion est toujours frauduleux”.
La France ne donne à l’Afrique que pour prendre. Ce n’est donc une surprise pour personne qu’une fois atteint le chiffre record de 26 milliards d’euros de dettes de la Côte d’Ivoire sans qu’on sache très bien ce qu’on a fait avec l’argent, le 27 octobre 2021, la nouvelle dépêche de l’AFP pouvait titrer ainsi :
« La France transforme 1,14 milliard d’euros de dette ivoirienne en subventions »
Et la dépêche elle-même de débuter ainsi :
La France a signé mercredi 27/10/2021, avec la Côte d’Ivoire un « contrat de désendettement et de développement », un accord visant à transformer une partie des dettes ivoiriennes en subventions à son propre bénéfice, pour 1,14 milliard d’euros. Cette mesure, entérinée mercredi 21/10/2021 par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire et son homologue ivoirien Adama Coulibaly, vise « à mobiliser, tant au niveau bilatéral que multilatéral, les financements nécessaires aux besoins des pays en développement, en particulier en Afrique », indique le ministère français dans un communiqué.
Source : https://www.lefigaro.fr/flash-eco/la-france-transforme-1-14-milliard-d-euros-de-dette-ivoirienne-en-subventions-20211027
Et c’est reparti !
On transforme la dette en subvention ?
Aujourd’hui, nous savons tous que les Fonds vautours n’agissent jamais avant la restructuration de la dette d’un pays avec ses créanciers classiques. Il y a donc le doute que la fameuse subvention de la France à la Côte d’Ivoire est un signal donné aux Fonds Vautours qu’ils peuvent entrer en action. Sinon, on ne comprend pas pourquoi la France ne peut pas juste l’annuler sans condition.
Pourquoi ne pas juste annuler la dette et on n’en parle plus. Pire, si quelqu’un a 26 milliards de dette qu’il augmente de 4 par an et tu lui donnes une subvention de 1,14 milliards, cela correspond à 4% seulement de la dette et qui ne change rien dans la montagne de dettes que leur champion Ouattara contracte tous les jours pour offrir les marchés inutiles aux entreprises françaises avec les prix français.
On comprend vite l’acharnement de toute l’Union Européenne pour l’avènement de la démocratie en Côte d’Ivoire, au point de mettre un embargo contre les médicaments et faire revenir dans le pays des maladies longtemps oubliées comme la poliomyélite.
Aujourd’hui, nous comprenons finalement la raison de la cabale de la France contre Laurent Gbagbo : trop préoccupé à assainir les comptes de la Côte d’Ivoire au lieu de dépenser à tout va pour donner les marchés aux entreprises françaises.
Il laisse une dette totale de la Côte d’Ivoire à 5,43 milliards d’euros, après 11 ans de pouvoir et son successeur le porte à 26,77 milliards de dollars après lui aussi 11 ans de pouvoir.
(…)
(…)
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Jean-Paul Pougala
Lundi le 24 juillet 2023
(Leçon re-publiée Vendredi le 5 Avril 2024)