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Dans la rubrique : 3/3 – Pourquoi la Russie n’a jamais voulu doter l’Iran de la bombe atomique, comme elle l’a fait pour la Corée du Nord ? Ou la différence entre un accord stratégique et un accord de défense mutuelle.

TROISIEME PARTIE

L’économiste américain Richard Wolff né le 1er avril 1942, à Youngstown, dans l’état de l’Ohio, aux États-Unis. Connu pour ses travaux sur la méthodologie économique et l’analyse de classe, il est professeur émérite d’économie à l’université du Massachusetts aux Etats-Unis.

Commentant la guerre de 12 jours déclenchée par Israel le 13 juin 2025 contre l’Iran, il soutient sur le plateau de télévision, de Glen Diesen que l’état d’Israël st un phénomène dépassé, hors du temps.

C’est la seule colonie de peuplement créée au 20ème siècle, c’est-à-dire au moment où le monde entier avait déjà décrié le crime contre l’humanité qu’étaient les colonies européennes dans le monde. Par conséquent, dès son origine, c’était un projet insoutenable. Mais dit-il, il a tout de même été créé et entretenu à bout de bras, contre tout et contre tous, comme le symbole vivant du désespoir de l’occident agressif et violent parce qu’en phase de déclin.

Toujours chez Glenn Diesen, le colonel de la CIA, Ray McGovern complète le professeur Richard Wolff, en disant qu’un tel projet, ne pouvait être soutenu que par une “coalition des cerveaux morts” qui la veille dit que la Russie a commis le pire crime du 21ème siècle en déclenchant une guerre non provoquée contre l’Ukraine et devant le génocide des enfants de Gaza et les bombardements non provoqués d’Israël sur l’Iran, n’ont rien d’autre à dire que “Israël a le droit de se défendre”.

Tuer les scientifiques iraniens qui n’ont rien demandé à Israël, c’est défendre Israël ?

Mais faites attention de ne pas tirer les conclusions très hâtives de ce conflit au moment de vous demander qui a gagné et qui a perdu ?
Les apparences peuvent souvent être trompeuses.

Pour dire qui a gagné, il faut établir avec précision qui combattait qui et qui était soutenu par qui ?

Et c’est là où tout se porte.

Nous sommes portés à croire que dans ce conflit de 12 jours, Israël était soutenu par les Etats-Unis et l’Europe alors que l’Iran était soutenu par la Russie et la Chine ?

Vous vous trompez !

Posez-vous les bonnes questions, comme par exemple : Pourquoi après à peine 12 jours, de conflit, Israël a déjà fait la paix avec l’Iran alors qu’avec la Palestine, les bombardements continuent ?

Réponse : Les principales télévisions américaines comme CNN et NBC ou CNBC, mais aussi les quotidiens comme le New York Times ont mis en doute le narratif de la Maison Blanche sur le déroulement des bombardements des 3 sites nucléaires iraniens.

Tous sont convaincus qu’il ne s’agissait que d’une mise en scène, à laquelle l’Iran a répondu par une autre mise en scène, celle du bombardement de la principale base militaire américaine au Qatar en prenant bien soin d’avertir 24 heures avant, et je crois même que l’Iran a précisé les trajectoires de ses 12 missiles, afin qu’ils soient promptement interceptés par l’armée américaine dans le ciel du Qatar.

En réalité, il n’y avait pas deux camps, mais juste un seul, l’Iran et Israël sous les Etats-Unis.

Il y a longtemps que l’Iran fait des yeux doux aux Etats-Unis, refusant même l’aide militaire de la Russie. C’est au lendemain des premiers

bombardements israéliens sur l’Iran le 13 juin 2025 que le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine a dit que l’Iran avait refusé les batteries de missiles anti-aériens S400 et S500 russes.

COMMENT EXPLIQUER CETTE INCOHERENCE IRANIENNE ?

En Iran, parmi les dirigeants, il y a en ce moment, une bataille qui oppose les conservateurs aux réformateurs. Les premiers, les conservateurs conduits par le Guide suprême Ali Khamenei sont les seuls qui veulent les relations avec la Chine et la Russie.

Les autres, plus nombreux, les réformateurs, comme l’ancien président Hassan Rohani, font les clins d’œil à Washington et torpillent dès qu’ils peuvent toutes les initiatives de rapprochement avec la Russie et la Chine.

Pour eux, la Chine est communiste, ce qui contraste avec la République islamiste, alors que la Russie n’a pas les moyens financiers de Washington, pour les accueillir dans la cour des grands, des riches producteurs de pétrole.

Washington leur rend la monnaie. Je reste convaincu que la vraie raison de cette guerre de 12 jours ne visait nullement les installations nucléaires iraniennes, mais une tentative de coup d’État pour accélérer la transition du pouvoir en Iran, des conservateurs pro-Chine et Russie vers les réformistes pro-États-Unis.

Les ingénieurs iraniens que la CIA et le Mossad, ont ciblés et tués le 13 juin 2025, étaient pour l’essentiel, comme par hasard les conservateurs. Les généraux iraniens que la CIA et le Mossad tuent en Iran et hors d’Iran comme en Syrie, sont les proches du guide suprême Ali Khamenei, c’est-à-dire, ceux qui veulent le rapprochement avec la Chine et la Russie.

Il faut bien reconnaître que tout cela n’est possible qu’avec la complicité des Iraniens eux-mêmes qui fournissent à Israël en temps réel des informations précieuses sur les personnes à éliminer.

Dans le quotidien américain, New York Times du 6 février 2024, on apprend qu’en Syrie, au moment où Moscou et Téhéran se rencontraient au Kremlin pour annoncer qu’ils soutiendraient Assad quoi qu’il advienne, les Iraniens négociaient en secret avec Washington pour lâcher Assad.

Pendant que l’armée russe bombardait les rebelles qui avançaient vers Damas, le FSB, (les services secrets russes) à découvert qu’une bonne partie de l’armée syrienne, ne combattait pas les rebelles. C’était l’épilogue d’une relation de circonstance entre la Russie et l’Iran, où les « réformateurs » veulent se défaire de l’alliance avec la Russie et la Chine, pour se tourner vers les Etats-Unis.

C’est ce qui explique que l’Iran a refusé en 2024, de signer l’accord militaire de défense mutuelle que la Russie proposait, c’est-à-dire, le même type d’accord qu’avec la Corée du Nord.

Résultat des courses : alors que l’Iran est sur le point de basculer vers une alliance avec les Etats-Unis, on remarque un rapprochement entre les pays du Golfe arabo-persique, anciens alliés de Washington, se rapprochent de la Chine et de la Russie.

Alors que la Chine et l’Arabie Saoudite investissent dans des projets communs en pétrochimie, en Chine notamment pour la production de l’éthylène, la Chine ne propose aucun projet organique à l’Iran. Elle ne veut même pas investir dans les raffineries en Iran.

Ce qui fait qu’aujourd’hui, malgré qu’il est le troisième producteur de pétrole du monde, l’Iran fait partie des plus grands importateurs de pétrole raffiné et de gaz, pour faire tourner ses centrales électriques thermiques très couteuses.

Pendant ce temps, L’Arabie Saoudite a accueilli la Russie dans ce qui prend aujourd’hui le nom de Opep+. Lorsqu’en 2022, les Etats-Unis ont demandé une augmentation de la production pour combler le manque du pétrole russe dû aux sanctions de l’occident, l’Arabie Saoudite a refusé, pour s’aligner sur les positions de Moscou, alors qu’Alger faisait l’exact contraire, de produire plus de pétrole et de gaz.

En 2023, comme nous le verrons plus loin dans cette leçon, dans un contentieux opposant les Emirats Arabes Unis à l’Iran, la Chine d’abord, la Russie ensuite, ont choisi de soutenir plutôt les Emirats, contre l’Iran. Mais revenons en arrière de 15 ans, en 2010, au vite des 4ème sanctions des Nations-Unies contre l’Iran avec l’assentiment de la Chine et de la Russie.

LES APPARENCES SONT SOUVENT TROMPEUSES

Le 20 novembre 2018, le quotidien français Le Monde titre à la une ceci :
“La Russie, un encombrant « ami » pour l’Iran”

Sous-Titre : A Téhéran, la presse ne cesse de déplorer les manquements de son allié, peu pressé de soutenir Téhéran, face aux sanctions pétrolières américaines.Publié

Source : https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/11/20/la-russie-un-encombrant-ami-pour-l-iran_5386198_3218.html

Le 12/06/2018 le magazine économique français, « Le Nouvel Economiste » titre ceci à la une :
“Pourquoi la Russie trahira (encore) son allié iranien”

Sous-titre : L’histoire récente des Iraniens est remplie d’exemples de trahison russe et de désenchantements. Et ce n’est pas fini.

Source : https://www.lenouveleconomiste.fr/pourquoi-la-russie-trahira-encore-son-allie-iranien-63709/

Dans la résolution n° 1929 des Nations Unies imposant le 4ème train de sanctions contre l’Iran au sujet de son programme nucléaire, ce sont tous les 5 membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui avaient voté en 2010 contre l’Iran, c’est-à-dire avec la Chine et la Russie en premières positions.

Nous sommes Mercredi le 9 juin 2010, Ian Black, rédacteur en chef du Moyen-Orient du quotidien britannique The Guardian écrit à la une ce jour-là :

“L’ONU approuve de nouvelles sanctions contre l’Iran”
Sous-titre : Pour tenter de freiner les ambitions nucléaires de l’Iran, le Conseil de sécurité renforce les sanctions sur les armes, les entreprises d’État, les particuliers et les gardiens de la révolution.

Ian Black écrit :

Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé la résolution 1929 autorisant les sanctions. Douze paie ont voté pour, dont, et c’est crucial, les cinq membres permanents : le Royaume-Uni, la Chine, la France, la Russie et les États-Unis. Le Brésil et la Turquie ont voté contre, estimant que les sanctions n’auraient pas l’effet escompté. Le Liban s’est abstenu.
(…)
Les nouvelles mesures comprennent des restrictions financières, un embargo étendu sur les armes et des avertissements aux États membres de l’ONU les invitant à la vigilance face à diverses activités iraniennes. Des entreprises et des individus sont nommément désignés dans des annexes détaillées à la résolution. La compagnie nationale de transport maritime iranienne est spécifiquement visée, tout comme les entités contrôlées par les puissants Gardiens de la révolution, piliers du régime islamique.
(…)

Les trois séries précédentes de sanctions ont bloqué le commerce de matières nucléaires sensibles, gelé les avoirs financiers des personnes impliquées dans des activités nucléaires, interdit les exportations d’armes de l’Iran et favorisé l’examen des transactions des banques iraniennes. (…)

Source : https://www.theguardian.com/world/2010/jun/09/iran-sanctions-united-nations-nuclear

Pour comprendre pourquoi La Russie ne veut pas que l’Iran possède la bombe atomique, il faut faire un retour en arrière de 36 ans, et plus précisément en 1989.

Deux ans avant la chute de l’Union Soviétique, dans l’unique lettre envoyée à un dirigeant étranger par le fondateur de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny invite Mikhaïl Gorbatchev, pur produit du système communiste, à adhérer à l’islam.

Nous sommes alors au début du mois de janvier 1989, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny envoie une délégation à Moscou pour transmettre une lettre au président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev, dans laquelle il a écrit :


“M. Gorbatchev, il est clair pour tous que le communisme doit être désormais recherché dans les musées d’histoire politique du monde car le marxisme ne répond à aucun des vrais besoins de l’humanité”, (…)

“M. Gorbatchev, il faut regarder la vérité en face : le principal problème de votre pays n’est pas la question de la propriété, de l’économie et de la liberté, mais le manque de vraie croyance en Dieu. Le même problème qui a entraîné ou entraînera l’Occident vers la décadence et l’impasse” (…)

“Le communisme n’a pas d’avenir, car c’est une école matérialiste, incapable de sauver l’homme de la crise d’incrédulité en la spiritualité, la souffrance la plus fondamentale de la société humaine en Occident et en Orient” (…)

“Je vous appelle à étudier attentivement l’islam. Les valeurs élevées et universelles de l’islam peuvent être la source de réconfort et de salut pour toutes les nations et résoudre les problèmes fondamentaux de l’humanité”.

Deux ans après cette lettre, le 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev annonce sa démission à la télévision. La Russie, le Bélarus et l’Ukraine proclament que l’Union soviétique “n’existe plus”.

Source : https://www.lorientlejour.com/article/1309979/le-jour-ou-khomeiny-a-invite-gorbatchev-a-lislam-il-ya-33-ans.html

C’est le symbole incarné par le contenu de cette lettre qui conditionne encore aujourd’hui en 2025, la relation entre l’Iran et ses deux alliés, la Chine et la Russie. L’Iran est un pays théocratique qui met Dieu au cœur de sa philosophie. L’islam comme le christianisme et le judaïsme, est une religion déiste qui mise entre les mains des intégristes, peut faire beaucoup de dégâts. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Etats-Unis et Israël ont créé le Hamas qu’ils combattent aujourd’hui. C’est en utilisant les plus extrémistes que les Etats-Unis continuent de miser leur espoir de déstabiliser l’ouest de la Chine, notamment la région autonome du Xinghiang dont un des multiples peuples de la région est musulmane et comme par hasard, c’est le seul groupe que les Etats-Unis ont réussi à manipuler dans toute la Chine.

Au moment où l’Ayatollah Khomeini envoie cette lettre à Gorbatchev, le pays est en train de faire rentrer les cadavres de nombreux soldats tués en Afghanistan par les islamistes talibans, créés et financés par Washington. La Russie qui prendra la suite de l’Union Soviétique, connaîtra une vague d’attentats islamistes en Tchétchénie et au Daghestan.

“Le communisme n’a pas d’avenir, car c’est une école matérialiste, incapable de sauver l’homme de la crise d’incrédulité en la spiritualité, la souffrance la plus fondamentale de la société humaine en Occident et en Orient” ?
(…)
(…)
Lire la suite dans la salle de classe climatisée sur www.pougala.net

Jean-Paul Pougala

Vendredi le 27 juin 2025

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