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Dans un pays sérieux où les Hommes politiques ne rechercheraint que l’intérêt supérieur de l’Etat, Dr Bareja Youmssi, expert en mine & énergie mondialement reconnu,  pourrait être nommé ministre des mines du Cameroun, ceci pour construire, ne serait ce qu’un code minier digne de ce nom et attractif pour les investisseurs internationaux: Jacky Moiffo

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Depuis quelque temps, on note une certaine agitation au niveau du Ministère des mines, de l’industrie et du développement technologique. Cela part d’une conférence de presse tenue le 15 février par le Ministre intérimaire Fuh Calistus. Ce dernier a décidé, par une signature, de donner le statut de « pays minier » au Cameroun.

Un non-sens ! Un vrai scandale ! Le statut de pays minier ne se décrète pas ! Il se constate au niveau de l’économie minière en fonction de l’apport du secteur minier dans le PIB du pays, du nombre de mines à ciel ouvert et souterraines, du nombre de substances minérales produits et des volumes (tonnes) de minerais exportés ou transformés localement. Le Ministre a apparemment décidé de tirer plus vite que son ombre ; une faute qui est sur le point de mettre tout un pays en déroute. A ce jour, l’apport du secteur minier camerounais dans son PIB est à moins de 1%, même avec la mise en production  du fer de Mballam, Lobe, Bipindi, Grand Zambi et de la petite mine d’or de Colomine. Cet apport ne pourra pas atteindre 5% et ne fera pas davantage du Cameroun un pays minier. Le statut de pays minier ne se décrète pas et n’est pas une affaire des politiques.

L’ Activité  minière du Cameroun

Plus de 60 ans après son indépendance, n’ayant pas eu la chance d’avoir un sous-sol très riches en substances minérales comme d’autres pays à l’instar de la RDC, du Gabon, du Mali, de la Guinée Conakry etc…., le Cameroun ne peut avoir la prétention d’être classé « pays minier ». Nos colonisateurs (allemands, français et anglais), n’avaient pas trouvé de raison à l’époque de développer une mine chez nous. Par contre, ils avaient mis en évidence plusieurs gisements de bauxites (Fongo tongo et Minim-Martap) et de fer (Mballam, Lobe). Le Cameroun reste encore l’un des rares pays en Afrique subsaharienne à ne pas avoir une mine proprement dite. Les seules activités de son secteur minier se limitent à l’orpaillage.

Le potentiel minier du Cameroun

Le Cameroun a un  potentiel géologique pour un certain nombre de minéraux. Bien géré, ce potentiel pourrait contribuer à la croissance économique du pays. Ce pays dispose notamment des gisements de minerai de fer, de bauxite, de diamants, de calcaire, de rutile et de cobalt nickel. Toutefois, en dépit de l’existence de ces minerais, l’exploitation minière ne joue pas encore un rôle majeur dans le développement du Cameroun, et le secteur minier reste en marge de l’économie.

Au plan minier, plusieurs projets sont aujourd’hui à un stade avancé de travaux d’exploration : les projets de fer de Mbalam, de Lobe et de Bipindi ; le projet de nickel-cobalt de Nkamoun près de Lomié, propriété de Geovic ; le projet de bauxite de l’Adamaoua (à Minim-Martap et Ngaoundal opéré par Cameroon Alumina) et le projet diamantifère de Mobilon, près de la frontière avec la République Centrafricaine, développé par Cameroon & Korean Mining).

Sur l’ensemble de ces projets, quelques-uns ont déjà bénéficié de permis d’exploitation minière, l’exploitation proprement dite n’ayant toutefois pas encore démarré sur le terrain.

Au plan purement géologique, la cartographie géologique et les connaissances globales du potentiel minier du pays restent très limitées et apparaissent aujourd’hui dépassées. Les données géophysiques et géochimiques restent insuffisantes pour de vastes régions ou doivent être réinterprétées au moyen de technologies et d’approches modernes lorsqu’elles sont disponibles. Les géologues révèlent qu’à ce jour, plus de 70% du territoire reste inconnu.

Les titres miniers au Cameroun (Cadastre minier)

A ce jour, l’Autorité minière du Cameroun a déjà attribué au total 150 permis de recherche et 7 permis d’exploitation. Les bénéficiaires de ces permis sont généralement des compagnies «No name », qui ne sont pas connues dans le monde minier, qui n’ont pas une capacité technique et encore moins une capacité financière avérée. L’attribution des titres miniers au Cameroun ne répond pas au principe de « first come first serve » ou du principe de guichet unique. C’est à la tête du client que l’attribution se fait. Cela a pour conséquence le surnombre des compagnies offshore qui ont pour seul objectif d’obtenir des titres miniers pour faire de la spéculation ou cession. Tout ce flou dans la procédure d’obtention du titre minier au Cameroun fait de notre pays, non seulement une destination non attractive pour des miniers, mais surtout un paradis pour des charlatans. L’unique compagnie minière très sérieuse qu’est le Groupe Eramet, qui a pris un risque d’investir au Cameroun dans le secteur minier a finalement décide de quitter le projet de rutile d’Akonolinga en Octobre 2023, sans que le Cameroun ne développe d’efforts pour les persuader de rester. La présence d’Eramet au Cameroun était un gage, une assurance sur l’attractivité de son secteur minier. Mais les Autorités des mines ont laissé le Groupe partir.  Ils avaient déjà leurs amis chinois très intéressés par le projet des rutiles d’Akonolinga. Est-il nécessaire vendre tout secteur minier camerounais aux chinois ???

Pour finir…  

Le Cameroun n’est pas un pays minier et ne le sera pas dans 20 ans, même avec la mise en production du fer de Lobe et de Mballam (elle ne pourra pas porter la contribution des mines dans le PIB du pays a plus 5%). En bradant toutes ses ressources minérales aux chinois, on  fait juste du Cameroun, l’une des provinces minières offshore de la Chine, sans aucune retombée économique pour le Cameroun et sans opportunités réelles d’emplois pour les jeunes ingénieurs que ce pays d’Afrique central formons dans ses écoles. Certains ont juste préféré mettre leurs intérêts personnels avant les intérêts du Cameroun.

Pour que le Cameroun devienne un pays minier, il faut déjà  se mettre au travail :

-Il faut définir une stratégie claire du secteur minier (d’abord la création d’un ministère des Mines). 

-Il faut avoir une connaissance moins approximative du sous-sol et de son potentiel (investir dans l’exploration et la recherche).

-Il faut créer un climat d’investissement favorable aux compagnies minières et enfin mettre sur place des infrastructures nécessaires pour la mise en opération des futures mines (centrales électriques, chemins de fer, ports minéraliers etc..)

Dr Bareja Youmssi

Expert en Mines et Pétrole

Enseignant-Chercheur

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