Dans un contexte géopolitique très tendu, l’insécurité et la lutte contre le terrorisme sont devenus le souci majeur des pouvoirs autocratiques en Afrique subsaharienne. Les coups d’Etats en cours et à venir témoignent de la fragilité et de la dépendance de ces pouvoirs. Que faut-il faire pour mettre fin à ces coups d’état et aux actes barbares et sauvages des djihadistes qui s’ajoutent à la pauvreté responsable de l’insécurité galopante dans les villes ?

Ces questionnements nous interrogent car nos prisons sont trop étroites pour des pensionnaires aux multiples visages : les terroristes, les délinquants, les voleurs des deniers publics et surtout les prisonniers d’opinion. La cohabitation n’est pas aisée. Dans ces prisons fourre-tout, l’espérance de vie s’amenuise tous les jours dans un environnement rongé par l’absence de soins et la maladie.

Pour certains experts, et non des moindres, l’assassinat de Khadafi par les forces de l’Otan porte la responsabilité du climat violent qui règne en Afrique. Ils n’ont pas tout à fait tort. Mais le problème de l’insécurité dans nos frontières se pose depuis une vingtaine d’années.

La situation économique de l’Afrique s’est très largement détériorée. Alors que les économies mondiales sont en croissance et affichent sans vergogne des profits mirobolants, les entreprises étatiques africaines ont pour la plupart fermé. Les raisons sont simples et ne sont pas directement liées aux termes de l’échange. Ces entreprises, prises en otage par leurs dirigeants, ont connu des gestions calamiteuses qui se traduisent par des faillites que l’Etat ne peut plus renflouer.

Les faillites observées ont conduit des pays à brader leurs « entreprises » et à se soumettre aux pressions de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI). Beaucoup de pays ont été classés sans ménagement comme des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Cette dénomination qui est une véritable outrance n’a pas servi de leçon aux pays éligibles. Pire encore, ils ont continué à emprunter au lieu d’assainir leurs finances par une gestion rigoureuse.

Face à une opinion publique désabusée et sa horde de chômeurs non indemnisés, les pouvoirs publics ont choisi de gouverner par la force au lieu de combattre la corruption qui gangrène tous les secteurs de l’économie et qui affecte le climat social.

La mauvaise gouvernance porte la responsabilité de l’insécurité intérieure. Elle porte aussi la responsabilité de l’insécurité causée par les djihadistes. Ces derniers se sont engouffrés dans un climat social malsain et très inégalitaire. Nous avons d’un côté une équipe clientéliste qui se sert à volonté et qui abuse de son pouvoir. De l’autre côté, nous avons une population désabusée, victime de l’arbitraire et qui sombre dans le désespoir.

Cette catégorie ignorée volontairement par le pouvoir se sent marginalisée. La société civile est dans ce contexte prise en étau entre un pouvoir barbare et une jeunesse sans avenir.

Lorsqu’on interroge la jeunesse et les forces vives de la nation sur l’insécurité, elle ne se sent pas concernée. Elle n’a aucune motivation pour participer à l’effort de « guerre » qui risque de provoquer un climat explosif.

Et que font les partis politiques d’opposition ? Être opposant sous une dictature n’es pas une sinécure. Les partis d’opposition, porteurs de projets, ne disposent d’aucun espace médiatique. Ils ne peuvent s’exprimer dans un système où les droits démocratiques et les institutions sont régulièrement bafoués. Le droit de manifester est perçu par les autorités comme un acte de nuisance sans limite dans le temps. Être opposant politique, c’est se soumettre aux intimidations, à la violence verbale et corporelle des autorités.

La stabilité politique en Afrique subsaharienne ne s’obtiendrait que si les pouvoirs politiques choisissaient les voies de la paix sociale. Dans ces conditions, les pouvoirs actuels discriminés à raison, devraient changer leur fusil d’épaule. Les chefs d’Etats actuels sont sur le grill. Ils doivent céder la place à une jeunesse résiliente, ambitieuse et sans complexe.

Aucune paix sociale n’est possible dans un climat d’injustice, de corruption et de gabegie. L’Afrique est confrontée à des problèmes majeurs qui remettent en cause ses perspectives de développement : la mal gouvernance, la corruption et le non respects des institutions.

A ces maux, il faut ajouter les influences négatives des forces extérieures qui se déguisent, depuis l’esclavage à la colonisation, en alliés et amis. Ayons le courage de reconnaitre nos niaiseries qui sont exploitées par nos prétendus amis. Reconnaissons nos faiblesses et transformons-les en actions positives. Pour y parvenir, il faut une Afrique unie et parlant d’une même voix face aux prédateurs qui se bousculent à nos portes.

La paix sociale est étroitement liée à la stabilité politique. Mais la stabilité politique ne s’obtient que par les urnes et le respect des institutions. N’en doutons point, les chefs d’Etats en exercice ne remplissent pas ces conditions. Il n’est pas exagéré de dire qu’ils sont illégitimes. Ils doivent leur place à l’influence de prédateurs décidés à maintenir l’Afrique dans le sous-développement pour prolonger leur règne entaché de sang.

La stabilité publique est une condition incontournable pour le développement de l’Afrique. Elle est conditionnée par un climat politique où le pouvoir et l’opposition respectent les institutions.

Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant

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