Le président Macron a été réélu avec une majorité confortable, face à Marine Le Pen, pour un second mandat présidentiel. Dans une démocratie, très peu de femmes et d’hommes peuvent se prévaloir d’un succès aussi large. Il était donc logique qu’on lui prédise une majorité absolue au cours des élections législatives qui viennent de se dérouler. Pour parvenir à ses moyens, la stratégie de son parti politique (LREM) était bien rodée. Il fallait neutraliser les Gilets jaunes, isoler Marine Le Pen en créant un nouveau monstre dénommé Zemmour qui prêcherait dans les terres du Rassemblement. Enfin, les médias à la solde se chargeaient de diaboliser Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Des raisons diverses peuvent expliquer cet échec qui n’est en somme que le reflet d’une société qui doute. Ce résultat en demi-teinte peut s’explique par le peu d’enthousiasme des électeurs qui ont boudé les urnes. Le taux d’abstention frôlait les 54%. Mais d’autres raisons peuvent aussi s’ajouter au peu d’entrain de l’électeur convaincu que rien ne changera. Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron a laissé sur le carreau de nombreux citoyens. L’inflation n’est pas la seule cause des revendications sociales.Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron a été marqué par les « Gilets jaunes ». Ce mouvement spontané a occupé, durant des mois, le devant de la scène. Les manifestations se sont multipliées contre la vie chère, le manque de logements et surtout la baisse du pouvoir d’achat.Face à toutes ces revendications, le président Macron n’a pas su apporter des réponses pour calmer la grogne sociale. Il s’est appuyé sur les forces de l’ordre pour « mater » les Gilets Jaunes. La force disproportionnée déployée pour décourager les manifestants a provoqué un malaise social que le pouvoir n’a pas pris en compte. Un fossé s’est creusé entre le pouvoir politique et les populations les plus fragilisées. Les médias d’état n’ont pas su, de leur côté, calmer le jeu. Ils se sont défoulés sur les manifestants en leur collant une mauvaise étiquette pour les discréditer. A partir de là, le mouvement s’est endurci.  Le parti au pouvoir (LREM) n’a pas cru bon de changer de tir. Il a choisi la fermeté. Dès lors, il n’était plus possible de négocier une sortie de crise. Ces manifestations ont laissé des séquelles graves. Le peuple, si on peut l’appeler ainsi, s’est senti abandonné. Une campagne médiatique des oppositions s’est ouverte. Le message était bien préparé. Il y avait d’un côté la France des riches et de l’autre, la France des pauvres. Le Rassemblement National a saisi cette opportunité médiatique pour battre une nouvelle campagne politique qui l’a remis en selle. La gauche moribonde n’a pas su bondir à l’occasion. Mais deux Frances s’affrontaient déjà. D’un côté, il y avait le pouvoir politique dominant en place. De l’autre, il y avait le Rassemblement National. Entre les deux, les droites extrêmes et les gauches extrêmes ont profité du chaos ambiant pour rappeler leur existence.  Pour tous ceux qui n’arrivaient plus à boucler leurs fins de mois, Emmanuel Macron portait la responsabilité de leurs « déboires matériels et psychiques » où s’ajoutait la pandémie du Covid-19. Les élections législatives arrivaient donc à point nommé.  Emmanuel Macron n’a pas su galvaniser ses troupes pour son second mandat. En effet, il n’avait pour adversaire que le Rassemblement National. La gauche désunie et moribonde manquait de prétention et d’ambition.   La réélection d’Emmanuel Macron pour un second mandat ne faisait alors aucun doute, malgré l’intrusion d’un Mélenchon que les médias n’ont cessé de crucifier. Mais ce dernier a surpris par son score bien au-dessus des sondages. Fort de ce succès, Mélenchon a battu campagne. Il a pu recoller les morceaux à gauche. Le parti d’Emmanuel Macron a commencé à douter car Mélenchon avait un discours rassembleur. Un vent de panique s’est levé. Les sondages qui prédisaient une large victoire et une majorité absolue à Emmanuel Macron aux législatives se sont soudainement grippés. Une troisième voie est venue s’immiscer dans la bataille des législatives : le Rassemblement National que l’on croyait à bout de souffle. IL a su tirer profit des tâtonnements du LREM et des errances du Nupes (Nouveau Parti Populaire écologique et Social). Le troisième larron est devenu le deuxième parti politique de France en termes de voix. Vues d’Afrique, la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la république tout comme les législatives ne changeront rien dans la relation entre la France et ses anciennes colonies. Cette politique décriée est immuable. L’Afrique francophone doit continuer à mener sa lutte pour une souveraineté totale et nouer des relations avec les partenaires de son choix. Nous noterons au passage que la France de Macron a encouragé l’émergence des médias qui ont mis en scène Zemmour et tous les extrêmes. Cette France a encouragé dans les médias, au nom de la liberté d’expression, des caricatures de singes et d’esclave enchainée de femmes noires. La banalisation du racisme exécrable a vu le jour. Les extrêmes se sont nourris de cette sauce pour déverser leur venin sur les minorités invisibles.    Dans les médias où la parole s’est libérée, on nous a servis Zemmour qui fait porter le poids de l’insécurité et de la délinquance aux immigrés. Le rassemblement National a trouvé là un émissaire qui a battu campagne pour leur parti. Marine Le Pen peut remercier Zemmour. Il a contribué à relancer sa campagne moribonde. La France, avec sa nouvelle configuration politique, sera difficile à gouverner. A qui la faute ? A Emmanuel Macron ou aux médias menteurs ?  


Par Michel Lobé Étamé

Journaliste Indépendant

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