(texte)

Comprendre la stratégie de pourrissement total de l’État au Cameroun.

Comprendre et accepter le Cameroun de nos jours dépend du rapport que chacun entretient avec la souffrance et la peur du lendemain.

Le Cameroun est au point mort. Une agonie totale. Un Etat de désordre enchaîné et ambiant qui semble n’émouvoir aucunement Paul BIYA. Tout est sens dessus dessous. Tout est entremêlé. Aucun respect de rien. Aucune autorité digne. Aucun pouvoir fiable. Le septennat 2018-2025 est atypiquement sensationnel. Le désordre, le désordre et rien que le désordre. C’est le maître mot.

BIYA est-il égoïste et méchant ?

Mais peut-être que ce désordre qui caractérise cette fin de règne inéluctable est voulu, savamment pensé et programmé. Car tout analyste sérieux se refuserait de penser et de croire que Paul BIYA serait un être égoïste méchant, inconscient et inconséquent au point de livrer un pays qu’il dirige depuis 42 ans à l’incertitude et à la honte internationale. Qu’il serait devenu si inconséquent au point de se risquer de voir son lourd héritage terni et dissout par d’aussi grossiers désordres de fin de règne.

À l’observation…

À l’observer de près, L’Homme n’est pas aussi sot et inconséquent que certains le croiraient. Il semble faire l’âne et l’aveugle pour une dernière danse. Pour un dernier coup d’éclat. Le tout dernier qui le sortira certainement tête haute de la scène et de la vie.

Pour le comprendre, L’Homme paraît plus aisé à lire dans les stratégies, les manigances et les maîtres politiques de son temps. Mais surtout dans la fine et secrète passion du pouvoir politique que lui aurait communiqué son mentor Ahmadou BABATOURA AHIDJO.

Les questions clés

  • Comment rester rebelle et violent comme son père AHIDJO dans un monde en mutation ?
  • Comment garder plus longtemps le pouvoir dans un climat international d’instrumentation permanente des libertés et des oppositions internes au sein des Etats faibles?
  • Comment contenir les jeunes générations enclines à la vitesse du temps et du monde pour les dissuader à céder aux vents brutaux du changement ?

Telles sont les interrogations qui semblent ouvrir à un essai de compréhension de la gestion actuelle du Cameroun par Paul BIYA. Ces questionnements sont d’autant plus importants que le Cameroun passe par des moments d’incertitude et de désordre politiques qui forcent à croire que celui qui en est à la tête suit un plan. Machiavélique ou heureux, la perception dépend du rapport que chaque citoyen a avec la souffrance et la peur des lendemains.

Comment comprendre la méthode BIYA ?

Comment comprendre la méthode BIYA? Si jamais c’en est une. Si jamais lui même est conscient de ce qu’il fait. Si jamais ce qui se passe au Cameroun actuellement et que vivent et subissent les Camerounais aurait été programmé par lui. Si, si, si…!

Capitaliste masqué, dictateur communiste non assumé!

Le peu qu’il y aurait à dire et à résumer est que BIYA a un DOUBLE VISAGE politique lorsqu’on observe sa conception et sa gestion stratégique du Pays :

  • C’est un capitaliste non assumé. Un aristocrate converti, un impressionniste étouffé, amateur de bling-bling non assumé. C’est le produit et l’adepte même du capitalisme. Pour le croire il faut observer ses petites habitudes vestimentaires et vacancières. Et bien d’autres.
  • mais il est surtout un dictateur communiste polissé et raffiné dans sa gestion politico-stratégique du pays.

C’est ce dernier point qui nous intéresse. Depuis 1982, pour peu que l’on l’observe de près, il apparaît facile de découvrir que Paul BIYA a calqué sa gestion politique du Cameroun sur les grands moments de deux(2) pays communistes de la période de guerre froide. C’est l’URSS de Nikita KROUTCHEV et Leonid BREJNEV et la Chine de Mao TSE TUNG.

1er Temps
BIYA une copie de Nikita KROUTCHEV(1984-1992)

En 1956 KROUTCHEV organise le 20e Congrès du parti communiste. Il y décide de désacraliser l’image et l’héritage de STALINE, mort le 5 mars 1953. C’est ce que l’on a appelé la ” déStalinisation ” de l’URSS. son maître, parrain et protecteur partait ainsi du statut de Dieu sur terre à celui de pire me.urtri.er, as.s.as.sin, médiocre dirigeant après Lénine. On lui attribuait ainsi la création et l’organisation des morts nombreuses du Goulag, ainsi que la mauvaise gestion stratégique du début de la seconde guerre mondiale qui avait abouti à la perte de millions de vies russes dans la confrontation contre l’Allemagne nazie dès 1942. C’est à peine si l’on ne lui a pas dénié la victoire définitive sur Hitler à travers la pénétration des troupes russe à Berlin le 02 mai 1945, la découverte le 05 mai 1945 par ses généraux du bunker de Hitler mort avec sa suite et la signature de la capitulation de l’Allemagne dans la nuit du 08 au 09 mai 1945. L’objectif était de sacrifier la la légende de Staline afin de faire survivre idéologie communiste, le Parti et la Nomenklatura.

BIYA a fait de même avec son père, parrain, protecteur et prédécesseur AHIDJO entre le 06 Avril 1984 et Octobre 1992. Amadou BABATOURA AHIDJO était considéré par la France, de De GAULLE à Mitterrand comme un indocile, un rebelle (refus opposé à De Gaulle en 1968 de faire du sol Camerounais une base arrière de renfort au rebelles du Biafra nigérian, sous Georges Pompidou, la sortie de Air Afrique en 1971 et la création de la Camair en 1973, sous Giscard d’Estaing, la protestation du coup des forces françaises en 1978 ayant abouti à l’évincement de Bokassa en Centrafrique, etc.). Il fallait pour BIYA se dissocier de ce cliché. L’occasion du coup d’État manqué du 06 Avril 1984 devenait donc une opportunité pour jeter AHIDJO définitivement en disgrâce (condamnation par contumace, confinement à l’exil jusqu’à sa mort le 39 novembre 1989, refus de rapatriement de ses restes mortuaires au Cameroun, liquidation ou négligence des nombreux fleurons économiques qu’il avait créés etc.).

La France pouvait donc lever les soupçons sur lui et lui donner un blanc-seing sur la gestion intérieur du Cameroun ainsi que sur ses opposants et son opposition politiques. De plus, Il s’était assuré que la psychologie du Peuple reste focalisée sur l’image de AHIDJO comme un sa.ngui.nai.re, un autocrate, le traqueur compulsif du maquis, l’homme des déportations (Mantum, Tchollire etc.).

La Conférence de la Baule a même été une aubaine pour lui, en lui permettant d’abroger la Loi du 12 Mars 1962 sur la subversion en promulguant les Lois Foumane du 10 décembre 1990 sur les libertés. Ces huit (8) années lui ont donc permis de se doter d’un visage d’ange politique. Et pourtant, AHIDJO n’a jamais cessé de vivre en lui. BIYA a été la main d’Ahidjo dans les traques du maquis de 1967 à 1975. Il est Secrétaire général à la Présidence quand il a fallu traquer et juger Ernest Ouandié dans un procès éclair entre noël et la veille de la Saint Sylvestre 1971; tout comme lors de la déconfiture et la fermeture de MUNGO PLASTIQUE, entreprise créée par Monseigneur Dongmo, ainsi que l’arrestation le 17 avril 1970, par la Brigade Mobile Mixte -BMM- de Monsieur TIENTCHEU, gérant de cette société, et l’expulsion le 12 juin 1970 sans préavis des Sieurs VERBEEK et KRZEMINSKI Technicien et collaborateurs de monseigneur Dongmo; la traque et la mise à mort de YETNA LEBA dans le maquis de NgogMapoubi en 1973. etc.

Il était déjà Premier Ministre en 1975 ( donc une promotion) quand il a fallu achever d’anéantir le maquis et de faire énergiquement face aux premiers soubresauts des velléités sécessionnistes du SCNC nouvellement créé en 1978, pour protester contre le non respect des accords secrets entre AHIDJO et ses pairs des provinces du Nord-ouest et du Sud-Ouest (John Ngu Foncha, Endeley, Tandem Muna etc.) ayant abouti à la réunification qui fut alors cristallisée par la Constitution du 02 juin 1972).

Il serait donc curieux de penser que BIYA aurait pu être un seul instant différent de AHIDJO que MONGO BETI qualifiait de ” machine à assassiner les meilleurs enfants du Cameroun “(in Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation , p. 47). BIYA est resté AHIDJO dans l’âme. Il a juste racé et raffiné les anciennes méthodes.

2e Temps
BIYA une copie de Leonid BREJNEV.

Leonid BREJNEV a succédé à Nikita KROUTCHEV en 1964 à la suite d’un coup de force. A sa mort en 1982 il avait réussi à installer toute la société russe dans une stagnation politique et sociale impressionnante et étouffante. Même s’il avait rétabli l’honneur de Staline bafoué par Kroutchev, il reste que pour se maintenir au pouvoir il avait dû étrangler l’ascenseur sociale et neutraliser toutes les poches et les têtes de résistance au sein de l’appareil Politique ( ce fait n’était pas nouveau. Staline et kroutchev l’avaient fait avant lui). Si en 1964 à son arrivée, la moyenne d’âge au pouvoir était de 57 ans, à son départ elle était de 73 ans. La preuve, Youri ANDROPOV, très âgé, lui succédera en 1982, seulement pour 16 mois. Et Constantine TCHERNENKO âgé et très malade lui aussi, pour 08 mois seulement pour céder la chance à Mikhaïl GORBATCHEV en 1985.

Au Cameroun, c’est depuis la promulgation de la Constitution du 18 janvier 1996 que BIYA a étranglé l’ascenceur social. Il avait apparamment pris bonnes leçons du putsch manqué du 06 Avril 1984 et des années de braise 1990-1992. Après avoir purgé toute l’Opposition radicale et les dissidences de la décennie 1990 (exilés, morts, emprisonnés ou inféodés au pouvoir – Victor AYISSI MVODO, Samuel EBOUA, FOCHIVE, Antar GASAGAÏ, BELLO Bouba Maïgari, Ni John FRU NDI etc.), ce n’est que 15 à 20 ans après qu’il s’est véritablement résolu à ” commencer ” à donner vie aux institutions vitales qu’instituait la Constitution de 1996: le Sénat (2012), le Conseil Constitutionnel (2013), les régions (2020), la Décentralisation ( Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées – 24 décembre 2019) etc.

À ce jour le Cameroun est dirigé par un establishment vieux et vieilli dont la moyenne d’âge toutes strates supérieures confondues se situe autour de 75 ans. La méritocratie a été sacrifiée au profit de la médiocratie avec ses corollaires de népotisme, arrivisme, vices, trafiques d’influence, corruption ambiante, impunité, enrichissement sans cause et illicite, caporalisation de la justice etc. Une situation savamment entretenue et intentionnellement encouragée.

La Jeunesse suffoque, les générations intermédiaires s’agrippent au pouvoir en larbins des gérontocrates en poste, en espérant qu’elles en seront les héritières. Une lutte des classes (pauvres et riches) est hypocritement déclarée. Tout comme un conflit ouvert de générations est nourri entre la jeune génération lasse d’attendre et d’assister impuissante à l’effondrement du Pays par les générations supérieures inertes, malfaisantes, médiocres, mal intientionnées et pourtant qui continuent de s’accrocher au pouvoir.

BIYA fait donc du TCHERNENKO jusqu’à cette année 2024. Et ceux qui continuent de croire en ses bonnes intentions et en ses capacités espèrent qu’il fera du Mao TSE TUNG à la Fin.

3e Temps
BIYA une copie probable de Mao TSE TUNG?

Mao TSE TUNG a pris le pouvoir en chine en 1949 à la proclamation de l’indépendance de la ”République populaire de Chine”. Entre 1949 et 1965, il s’est concentré sur l’unification de la Chine en délaissant le volet développement. C’est dans cette période que l’aristocratie et une partie de la classe dirigeante moyenne se sont livrées à des actes contre l’éthique sociale et politique (enrichissement ostentatoire, détournements, exhubérances, etc.). C’est de 1966 jusqu’à sa mort en 1976 (10 ans) qu’il a travaillé à la ” Révolution Chinoise ” (créer L’Homme chinois nouveau, arrestations et exécutions sommaires des dirigeants indélicats, réforme du Parti communiste chinois, réforme de l’idéologie communiste chinoise avec en point de mire les rapports de la Chine avec le reste du monde, l’enfermement de la Chine sur elle-même, l’élaboration et la conception du programme et des projets de développement, d’émergence et d’affirmation de la puissance de la Chine etc.). Mao TSE TUNG n’a pas pu vivre assez longtemps pour voir se réaliser cette Chine qu’il avait rêvée, pensée et conçue. Cette Chine qui est désormais le Toit Économique du monde.

BIYA n’en est pas encore à ce niveau de préparation . Et quand bien même il le serait psychologiquement, de nombreux facteurs jouent en sa défaveur. Ses collaborateurs ne suivent pas sa vision. Son âge jette un doute profond sur la possibilité pour lui d’avoir encore suffisamment de temps et de force pour voir et atteindre l’Emergence du Cameroun en 2035 telle qu’annoncée par lui-même depuis 2009.

Mo.ur.ir au pouvoir ou le céder !

Nous sommes donc à la phase BREJNEV de BIYA. Pour ce qui est de la phase Mao TSE TUNG:

  • soit il la commencera et un autre la terminera,
  • soit il ne la commencera pas et un autre la réalisera. Tout est donc dans son intention de mourir au pouvoir ou de céder le pouvoir à un successeur choisi avant de se retirer. La Révolution Camerounaise est inéluctable!

Dans un cas comme dans l’autre, la RÉVOLUTION CAMEROUNAISE se fera avec ou sans Paul BIYA. Les bases ont déjà été fondées. Les prétextes et les aiguillons sont déjà gestants au sein du Peuple exaspéré. Il ne reste que le NOUVEL HOMME. le 3e HOMME. Celui qui vient après BIYA.

Par BESSALA Valère Bertrand,
Administrateur Civil .
Guide de JOUVENCE,
Parti politique .

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