L’une des explications de la longévité de Paul BIYA au pouvoir, c’est le génie qui est déployé pour empêcher toute capacité de réflexion et donc d’émancipation politique du peuple camerounais.

Pour y arriver, l’accoutumance à des psychotropes sociaux, religieux et culturels sont favorisés, suscités, notamment par le contrôle, l’encouragement du phénomène religieux, la promotion d’une culture de la joie, de la drogue et de la pornographie.

LA PROLIFÉRATION CONTRÔLÉE DES MOUVEMENT RELIGIEUX AU CAMEROUN

Cette logique du contrôle et de l’utilisation du religieux pour son maintien au pouvoir ne s’applique pas qu’aux religions dites conventionnelles, que sont le catholicisme, le protestantisme et l’islam, dont les ministères et les ministres du culte sont pour partie, sponsorisés par le régime, qui n’hésite pas à punir ses éléments récalcitrants, en les assassinant.

Cette emprise s’exerce davantage sur les mouvements qui se réclament des Églises dites du REVEIL ou Réveillées…

Le mécanisme est le suivant :
· Les Églises pour le pouvoir politique de Yaoundé se sont révélées, à côté du football, de la bière et autres boissons alcoolisées, être un outil dont il ne pouvait se passer, pour endormir un peuple écrasé par la pauvreté et la misère et qui ne rêve plus que de miracles ou d’une vie heureuse après la mort… Ceux qui sont les plus à même de les endormir dans cette croyance en un renouveau spirituel et social dans l’au-delà, ce sont ces nouveaux venus, Pasteurs des Églises dites de réveil ou du miracle…
· Les associations religieuses pour leur fonctionnement, sont sous le régime d’une autorisation très encadrée au Cameroun. Mais de la myriade d’Églises qui quadrillent géographiquement et spirituellement le Cameroun, seules quelques-unes, au nombre des doigts d’une main, ont reçu de l’administration, le fameux sésame leur permettant de fonctionner en toute légalité. Officient donc au Cameroun, des milliers de groupes religieux clandestins, sous le simple régime de la TOLÉRANCE ADMINISTRATIVE. Ce qui oblige les pasteurs à défaut d’un soutien franc à la dictature, à garder une vraie distance par rapport à la chose politique, s’ils veulent continuer d’exister, ou d’espérer un examen favorable de leur demande d’autorisation de fonctionnement, dont ils attendent depuis des temps interminables la réponse.
· L’épreuve et la preuve de docilité à l’égard du pouvoir sont dans ce contexte des éléments précieux d’appréciation, dans l’examen d’une demande d’autorisation qui ne sera presque jamais délivrée…

En attendant, le Pasteur aide à éloigner le peuple de la chose politique, ou mieux, oblige ses fidèles à soutenir le pouvoir politique qui le tient en laisse.

En clair, pour les Religions établies, reconnues, légales, on utilise la corruption et à défaut, l’assassinat et pour les mouvements religieux clandestins, tolérés, nouveaux, on utilise la terreur. Par ces procédés, ils sont désormais enrégimentés et inféodés au pouvoir politique, qui contrôle soigneusement sa tenue et n’hésite pas à faire usage de son glaive, si les bergers du Christ refusaient simplement de paître.

LA PROMOTION DE LA CULTURE DE LA JOIE, DE LA DROGUE ET DU SEXE

La libéralisation exponentielle de la commercialisation des boissons alcoolisées au Cameroun, fait de ce pays, le 2eme pays consommateur d’alcool par habitant en Afrique après le Gabon. Par ce moyen, Paul BIYA a plongé son peuple dans un état de d’insatiété alcoolique permanent et avancé. Ce qui a contribué à ruiner chez lui, le goût du travail, de l’engagement politique et social.

À côté du dieu Alcool, le Football, véritable exutoire de ce peuple chosifié, est représenté comme la grande réalisation, la prospérité, le bonheur camerounais. Les manifestations sportives sont des occasions de célébrations qui éloignent ce pays de sa condition réelle : misérable, réprimé…

Au royaume des plaisirs de la bouteille (du ventre) et des yeux, le paradis artificiel de Paul BIYA ne serait pas total, s’il n’y avait pas une déclinaison bas-ventre. Prospèrent à côté des bar-dancings, de véritables temples de Sodome et Gomorrhe où le sexe-dieu est célébré et pratiqué, au rythme d’une porno-musique dont la télévision officielle assure la promotion.

Désormais, les talents musicaux et artistiques camerounais sont noyés par ces bruitages rebutants, qu’on appelle désormais CULTURE CAMEROUNAISE.

En somme, alors que les peuples réalisent leurs rêves de grandeur, le Cameroun de Paul BIYA noie ses rêves dans ses opiums desquels le football, de loin le plus toxique, apparaît comme le plus toléré par un peuple réduit à ne vivre que pour des petits bouts de plaisirs.

Mais Abraham Lincoln disait « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ». Tenaillé par les forces du changement, étranglé par la guerre dans le NOSO, le régime BIYA agonise et implacablement s’écroulera. Le Peuple qui malgré tout a une mémoire, comprend à présent comment il est tombé. Il sait comment se relever et surtout comment éviter de retomber.

Amédée Dimitri TOUKO TOM
Analyste Politique

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