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l’exemple de la Bénédiction de notre nouvelle usine en construction à Bafang.
Aujourd’hui était un Dimanche de bénédiction au nom des ancêtres par le chef traditionnel, de notre troisième site de production et transformation agro-alimentaire en construction dans la ville de Bafang
Le dimanche est le jour de prière et de recueillement pour tous les aliénés africains qui ont fait la choix de trahir leurs traditions et leur identité, pour devenir des colonisés bêtes mais très heureux parce que pensant être des civilisés parce qu’ils sont chrétiens comme leurs maîtres européens.
Mais ce dimanche, nous avons eu rendez-vous avec le chef, pour donner la bénédiction des ancêtres aux travaux de la nouvelle usine dans un village autour de Bafang.
C’est notre manière à nous vivants de dire à ceux qui nous ont précédés que nous ne sommes pas des fainéants et que nous méritons l’effort et les sacrifices qu’ils ont déployés dans notre éducation.
Question : Est-ce-que les ancêtres nous écoutent alors ?
Réponse : Bien sûr que Non puisqu’ils sont morts et enterrés depuis longtemps.
Question : à quoi donc ça sert de parler à des ancêtres morts qui ne nous écoutent pas ?
Réponse : la spiritualité africaine est avant tout une réponse d’anticipation aux problèmes de santé mentale.
Notre santé n’est pas que physique, mais aussi et surtout psychique, mentale. C’est l’équilibre entre notre physique et notre psychique qui constitue la stabilité de notre santé sur le long terme.
En parlant à mon ancêtre, en réalité, je parle à moi-même. Je ne suis pas fou. Mais j’ai conscience que cet acte, ce projet devant mille difficultés que je ne peux anticiper et prévoir maintenant, et qui peuvent me rendre fou, je deviens suffisamment humble pour rechercher dès maintenant la compréhension des autres, pour m’être utiles demain quand ces problèmes se présenteront.
En parlant aux ancêtres à voix haute, Je parle aussi directement aux autres autour de moi de mes rêves, de mes aspirations, mais aussi de mes angoisses et de mes inquiétudes.
Cet exercice qui semble anodin, pour le simple fait d’être un rituel, prend la forme d’exercice à la paix intérieure, avant la paix avec les autres.
Je parle à mon ancêtre, oui mais cet ancêtre prend la forme de mon âme, de mon moi qui devient mon interlocuteur dans l’intimité des sentiments qui gagnent mon essence et animent mon corps, fréquentent mes pensées.
Devant le chef, j’ai juré aux ancêtres que j’ai réussi à bâtir une usine pour rechercher la prospérité de ma communauté, sans rendre de tort à qui que ce soit, sans voler ni tricher, mais toujours honnêtes comme ils m’avaient enseigné avant de quitter ce monde.
A travers ce rituel, je fais un aveu d’honnêteté, de justice et de moralité quant à la provenance des fonds qui ont servi à cette construction, mais aussi aux vrais motivations qui m’animent et qui doivent rester le fil conducteur de mon action afin que je sois utile pour moi-même intérieurement avant de l’être pour les autres extérieurement.
Revenir sur cette terre, développer un projet de création de richesses, c’est partager avec les miens restés sur place comme des gardiens de cette terre sacrée, pour partager mes connaissances scientifiques et techniques dans le but ultime de partager aussi un minimum de prospérité avec ces jeunes qui ne doivent plus avoir une seule option : celle de partir par désespoir, parce qu’ils considèrent cet endroit comme un enfer.
Contrairement à l’islam, au judaïsme et au christianisme qui sont des religions de conquêtes, de guerre perpétuelle, d’esclavage, d’apartheid, de colonisation et d’infantilisation des populations, la spiritualité africaine est une religion de partage et de déploiement d’intérêts personnels qui tiennent avant tout compte des intérêts de la communauté.
C’est l’instrument régulateur et de moralisation de la société traditionnelle africaine inventé par nos ancêtres et qui n’a rien à envier aux préceptes de bonne conduite des religions concurrentes que sont le christianisme, l’hindouisme, le bouddhisme et l’islam.
En conclusion,
Je parle à mes ancêtres pour parler à moi-même et rappeler tous les jours à mon subconscient que je ne suis pas une personne isolée dans l’univers, mais un animal social qui a des lignes rouges et des codes de bonnes conduites visant à trouver le point d’équilibre entre mon intérêt personnel et celui général de ma communauté.
Et chaque geste, chaque action, doit tenir compte de ce rappel à moi-même et devant les hommes.
Jean-Paul Pougala
Bafang, Dimanche le 21 septembre 2025
















