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Les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ont plongé l’Afrique dans la confusion. Des
termes barbares, volontairement empêtrés dans la géopolitique des intellectuels africains se confondent
avec les idéaux de souveraineté, de liberté et de développement durable des pères fondateurs de l’Afrique
des indépendances.
L’Afrique croyait sortir du monde bipolaire et dystopique vers un nouveau monde multipolaire plus juste
et plus équilibré. Mais la réalité est tout autre. Les guerres en cours nous renvoient vers un nouveau
monde bipolaire où les pays faibles doivent à nouveau intégrer un camp. D’un côté, l’occident fait bloc
derrière l’OTAN. De l’autre côté, nous retrouvons la Russie et la Chine.
Pour l’Afrique, aucun camp ne saurait la sortir de son mal être. Depuis les indépendances, quel que soit le
camp, ses richesses sont copieusement pillées et sans état d’âme. Les règles de la géopolitique sont
immuables : vider l’Afrique de ses richesses, freiner les natalités et tout mettre en œuvres pour éradiquer
les politiques de développement économiques qui constituent le principal marqueur des OMD. Ne
perdons pas de vue que les OMD ne sont qu’un miroir aux alouettes.
Pour mieux brouiller les pistes, le vocabulaire s’est enrichi de nouveaux concepts tels que la multipolarité,
le multilatéralisme et la dystopie. Ces concepts ne sont pas nouveaux. Ils ont été ramenés au goût du jour
pour justifier et couvrir les guerres en cours dans le monde. Le Soudan, la Somalie, la RCA et la
République Démocratique du Congo en sont le parfait reflet.
D’un côté, on prône la paix en installant les casques bleus dans les pays en crise tout en consolidant les
basses militaires existantes des grandes puissances. De l’autre côté, les multinationales pirates installent
des bases extractives de minerais en toute impunité. Les guerres occupent les pouvoirs politiques et les
multinationales vident les sous-sols de leurs richesses avec la complicité de la communauté internationale
qui encourage et encadre sournoisement ces pratiques.
Pour les pauvres citoyens, les guerres en cours opposent le bloc occidental à la Russie et la Chine. Mais
les vrais gagnants de cette duperie ne sont que les multinationales qui n’ont pas de patrie. C’est la
véritable clé de la multipolarité et du multilatéralisme qui sont deux concepts qui se complètent et qui
embrouillent les victimes des leurs gloutonneries insatiables.
Les conflits en cours en Europe de l’Est et au Moyen Orient ont éclipsé les conflits en Afrique où les
« démocraties » et les putschs militaires refont surface. Ces poches de guerre savamment pensées ont
toutes les mêmes objectifs : maintenir l’Afrique dans la pauvreté et la dépendance.
Nous avons tort de penser que nous avons des amis. Les relations multilatérales sont contractuelles. Elles
ne peuvent reposer ni sur la soumission, ni la fidélité et encore moins la confiance.
Les combats de souveraineté et de liberté menés par une certaine élite africaine brocardée par les médias
occidentaux ne doivent pas nous fourvoyer de la détermination à libérer l’Afrique. La liberté n’a pas de
prix. Elle est un droit inaliénable qui fonde les idéaux d’un pays et de son peuple.
Le monde a du mal à sortir de sa bipolarité car il est guidé par une notion de puissance et non un concept
de partage et de droit. Ne perdons pas de vue que tous ceux qui ont esclavagisé et colonisé l’Afrique ne
sont pas disposés à renoncer à leurs privilèges.
L’Afrique aspire à la liberté. Il est temps qu’elle arrête de s’appuyer sur des « amis » dont les objectifs ne
sont qu’un leurre. L’émergence d’un ordre mondial multipolaire n’est qu’un attrape-nigaud. Cet ordre ne
sert qu’à renforcer l’hégémonie des deux blocs dont les objectifs se confondent et renforcent les
autocraties africaines où l’ordre moral a cédé la place à la tyrannie.

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste indépendant

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