Éditorial

Nous vivons une époque formidable. L’information est à notre portée. Elle a comme support le papier frais des journaux, les followers, les réseaux sociaux et la bonne vieille transmission orale qui n’a pris aucune ride chez les commères. Ainsi, malgré l’éloignement où nous a conduits nos vacances, nous restons branchés pour ne pas perdre le fil conducteur des annonces fracassantes politiques, religieuses ou les faits divers qui masquent le mal être de notre société. Rassurez-vous ! Le monde n’a pas arrêté de tourner.

Le monde a été mobilisé par le G7, une réunion des riches qui s’ennuient et qui nous mobilise pour se donner bonne conscience. Tour à tour, l’attention a été portée sur l’Amazonie, ce poumon de la planète qui brûle et qui, à terme, conduirait au réchauffement climatique. Les questions sur les inégalités ont été occultées. Il est vrai que l’Amazonie ne faisait pas parti du calendrier et des préoccupations des riches. C’est la faute à Bolsonaro qui voue un culte à Pinochet.

Mais ce qui retiendra le plus notre attention est l’échange verbal, à distance, entre les tenants de l’orthodoxie, représentés par Emmanuel Macron et les riches du nouveau monde dont le président brésilien, Bolsonaro, est le divin élu. Les mots ont sifflé dans nos oreilles, sans retenue, pour une forêt qui appartient aux indiens qui n’ont pas le droit divin de défendre leur héritage.

Le langage diplomatique a pris une ride. Les bonnes vieilles manières échappent désormais aux décideurs de ce monde où Donald Trump, maitre absolu d’un monde moribond et asservi, ne s’embarrasse pas à Twitter. L’information est ainsi traitée en temps réel par un président omniprésent et méprisant.

L’été a été chaud. C’est la conclusion unanime des météorologues. Sur ce point, il y a de plus en plus un consensus. Sur les poches de guerres, le Yémen ne connait point de repit. Il faut dire qu’il est du mauvais côté des alliances morbides.

Mais, que dire de l’actualité africaine ? Tiens donc ! Alpha Condé et Alassane Ouattara, dignes représentants de l’Afrique post coloniale, ont été invités à l’Élysée. La France s’est enfin souvenue que les tirailleurs sénégalais ont activement participé au débarquement de Provence et qu’ils ont une place dans les manuels d’histoire de France.  

Pourquoi avoir invité ces deux-là ? Leurs calendriers électoraux sont en fin de cycle. Et comme ce sont des intellectuels comme on les aime en Afrique, ils ne devraient pas changer leurs constitutions. Ils doivent sans doute préparer leurs successions. Mais l’Élysée ne l’entend pas de cette oreille. Ne soyons donc pas dupes ! Nos deux intellectuels, fruits de la françafrique, modifieront leurs constitutions pour une démocratie à la carte.

Au Cameroun, malgré les « pressions » du ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le procès des « criminels » de l’oppositions vient de s’ouvrir. Une approche théâtrale comme on le fait si bien sous les tropiques. Une fois encore, le pouvoir éternel en place va livrer au monde un « procès juste et équitable ». Les opposants seront condamnés à vie. Mais, rassurez-vous, l’Éternel Paul Biya va user de sa clémence pour montrer aux yeux du monde qu’il n’est point le père fouettard. Kamto et ses amis seront graciés par la volonté toute puissante du père de la nation. Très beau scénario écrit d’avance.

Maurice Kamto et les siens seront condamnés pour leur crime de lèse-majesté. Au Cameroun, le pouvoir de Paul Biya est divin. On ne peut ni le contester, ni le défier. Même le temps ne peut avoir raison de lui.

Mais que serait l’actualité si nous ne revenions pas sur les actes qui ont entaché l’image de l’Afrique du Sud où la chasse à « l’étranger noir » bat son plein ? Pauvre Afrique du Sud !

Beaucoup de noirs ont péri par le feu, par les bâtons et parfois très cruellement par des foules excitées. Le combat que ce pays a mené contre l’apartheid n’a pas servi de leçon à ce peuple. La chasse au noir est devenue sa raison d’être. Il y a pourtant dans ce pays des asiatiques, des indiens et d’autres communautés. Mais, comme nous le savons si bien, les siècles d’esclavage et de colonisation ont laissé des traces indélébiles qui refont surface.

L’Afrique du Sud a besoin de se regarder et d’agir contre ses propres maux et ses inégalités dont les étrangers noirs sont aujourd’hui les boucs émissaires.

A part çà, le monde continue à tourner en rond en attendant les prochaines frasques du maître  Donald Trump et de l’Occident.

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste

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