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Et si le coronavirus mettait un frein au processus de globalisation tant décrié ? Édito

Le monde semble plus que jamais divisé dans sa lutte contre une pandémie jusque-là méconnue : le coronavirus. En attendant un hypothétique vaccin ou un sérum, tout porte à croire que les grandes nations, détentrices du savoir-faire médical ou du savoir-faire tout court, se laissent emporter par leur égoïsme et leurs intérêts nationaux.

Ainsi, nous assistons malgré nous au repli sur soi des donneurs de leçons pour un monde globalisé et uniforme. Les Etats-Unis, par la voix de son président, ont décrété une urgence médicale. Donald Trump qui ironisait jusque-là sur le coronavirus vient de prendre une décision qui met à mal les sacro-saints pactes entre les occidentaux : les États-Unis sont désormais fermés à tous les européens. Sauf aux anglais. La décision de Donald Trump trahit un système autarcique qu’il faut dénoncer avec vigueur.

Certains esprits bienveillants y trouveront de quoi alimenter une brouille qui réactive les décisions unilatérales de Washington qui mettent à mal les relations avec ses partenaires historiques. Mais il serait sans doute excessif de jeter l’anathème sur Donald Trump. L’Europe aussi a pris des mesures similaires à l’égard des pays les plus affectés. L’Italie a fermé ses frontières. L’Allemagne, la Pologne, la Belgique et autres États européens vivent à huis clos.

Les procédures de coordination de l’Union Européenne ont volé en éclats. Exit le traité de Schengen. Chacun pour soi et les frontières deviennent hermétiques. Chaque pays européen établit, souverainement, un système parfaitement autarcique.

Toutes ces décisions nationalistes et souveraines mettent à mal l’Union européenne. Elles mettent à jour les fragilités des engagements au sein même de l’Europe qui a su tisser des liens forts pour ses politiques communes économiques et financières.

Le coronavirus vient mettre un coup de frein aux politiques de globalisation. Ce virus que nous ne maitrisons toujours pas paralyse les économies qui avaient déjà du mal à confirmer les prévisions de croissances des pays riches.

Le commerce mondial mis à mal

La mondialisation qui est la suite logique de la globalisation se définit comme un processus multidimensionnel des différents aspects de la vie des sociétés et des individus. Elle est prise en otage par le coronavirus. Les voyages des marchandises et des personnes sont paralysés. Les avions rongent leurs freins sur les tarmacs alors que les passagers sont indésirables sous d’autres cieux. La perception que nous avons des transactions industrielles, commerciales et financières est remise en cause. Au nom de la souveraineté des états, le processus d’internationalisation de ces transactions est battu en brèche.

La crise du coronavirus nous démontre la fragilité des mécanismes globaux. Le monde perd la face et montre ses divisions. Tout cela à cause d’un virus. Les guerres n’ont pas freiné la circulation des marchandises ni celle des personnes. Le coronavirus fait mieux que les guerres. Il tue sans tenir compte des frontières, des pays et des confessions religieuses. Pire, il nous oblige à rester chez nous…

Le coronavirus démonte les mécanismes de la globalisation et étale au grand jour nos égoïsmes, nos faiblesses et surtout nos divisions. Il fait mieux que les barrières visibles qui séparent les riches et les pauvres. La panique est généralisée. Les problèmes climatiques se trouvent relégués au second rang en attendant une nouvelle crise financière qui va bousculer les marchés déjà fragilisés.

La nature sera toujours la plus forte. Nous ne savons pas grand-chose d’elle. Elle va encore frapper et bousculer « nos équilibres ». Les prévisions alarmistes sur une prochaine crise financière mettront à mal la globalisation. Le pire reste à venir avec l’affolement des marchés financiers et des bourses.

Par Michel Lobé Étamé
Journaliste

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