L’après Covid-19 se prépare dès aujourd’hui. Nous avons en partie vaincu la maladie même si certains variants sont inquiétants au point de soulever de nombreuses interrogations. Tous les pays ont amèrement subi les dégâts économiques et sociaux causés par la pandémie. Il est donc logique que des dispositions soient prises par tous pour affronter une nouvelle ère qui s’annonce tumultueuse. La relance économique est devenue une priorité majeure pour toutes les économies. Qu’en est-il de l’Afrique ?

Pour l’Afrique, bien affaiblie économiquement et socialement par la pandémie, l’après Covid-19 est un véritable chemin de croix. Elle est obligée d’emprunter auprès des bailleurs de fonds traditionnels pour relancer ses activités économiques. Mais elle est aussi face à un mur incontournable : la dette souveraine. Le plus inquiétant, ce n’est pas le remboursement de cette dette en elle-même, mais ses intérêts qui sont supérieurs au produit intérieur brut (PIB) des pays concernés. Ces intérêts peuvent représenter jusqu’à 13.7% des budgets des pays pauvres, selon une étude fiable de l’assureur-crédit Euler Hermes. L’après Covid-19 cristallisera, à n’en pas douter, la relance des économies des pays pauvres.
En conséquence, les projections des différentes institutions prédisent un après-Covid laborieux pour les pays pauvres et émergents dont la dette publique augmentera plus vite que celle des pays riches. Le Fonds Monétaire International (FMI) va plus loin dans ses prévisions. Pour cette institution, les dettes publiques des pays pauvres se sont très largement alourdies avec la crise du Covid.
Pour faire face à certaines pénuries, le FMI a accordé des prêts aux pays les plus vulnérables pour l’achat de matériels et des équipements médicaux. A cela s’ajoutent des campagnes vaccinales très improbables qui mettent en lumière les faiblesses et la vétusté des structures sanitaires en Afrique.
L’allègement de la dette par la Banque Mondiale, le FMI et les bailleurs de fonds est-il la meilleure solution pour l’Afrique ?
L’allègement des dettes des pays pauvres par la Banque Mondiale et le FMI est une action concertée qui permet d’alléger le fardeau de la dette des pays pauvres. Mais cette action réduit drastiquement la souveraineté politique, économiques et financières des Etats éligibles. Cet allègement favorise-t-il la relance ? Sans doute, non !
L’allègement de la dette n’est pas son effacement. A ce niveau, la confusion est grande pour certains pays qui sont incapable de s’adapter à la rhétorique financière. L’allègement de la dette conduit à des politiques plus rigoureuses qui laissent très peu de marge aux pays concernés. La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International surfent sur cette faiblesse pour imposer des choix dramatiques sur le plan économique et social. Ces politiques ont fait basculer certains pays vers des dénominations peu glorieuses de Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) avec les conséquences que nous savons. Beaucoup ne se sont jamais relevés.
Quelles solutions pour relancer les économies africaines ?
La lourde dette des pays africains pèse sur nos têtes et engagent les générations à venir. Mais il faut y rajouter les déficits chroniques de nos balances du commerce extérieur. L’Afrique importe tragiquement des produits qu’elle peut fabriquer avec une main d’œuvre moins chère. La croissance tant espérée est donc possible si l’Afrique se décide à appliquer des politiques ambitieuses de productions agricoles et de transformations de ses richesses minières.
Le premier janvier 2021, un accord de libre-échange continental africain est entré en vigueur. Il permet de réinventer les fondements de la croissance économique sur le continent. Avec 54 pays signataires représentant plus d’un milliard de personnes, cet accord crée la plus grande zone de libre-échange au monde. Il est aussi considéré comme un instrument de développement. L’accord de libre-échange favorisera les productions locales pour un marché continental. C’est un projet à la hauteur de nos ambitions.
C’est pourquoi l’Afrique doit privilégier les productions locales en accordant plus d’intérêts aux petites et moyennes entreprises créatrices de richesses et d’emplois. Tout ceci est possible si des politiques ambitieuses sont soutenues par les régimes politiques décomplexés.
L’après Covid-19 est une préoccupation particulière pour de nombreux économistes. De quoi sera fait demain ? Les enjeux sont importants et les relations déséquilibrées entre l’Occident et les pays pauvres ne sont guère réjouissantes.
De récentes études prévisionnelles estiment à 4% le taux moyen de croissance des pays africains. Ce taux est relativement faible face aux défis relevés. Il faut un taux de croissance d’au moins 8% qui dynamiterait les économies locales par la création des richesses et qui stimulerait l’emploi et la consommation. Un taux de croissance à deux chiffres est même envisageable pour certains pays si des réformes structurelles s’appliquent pour assainir les finances publiques et réduire le train de vie des Etats.

Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant

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