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ANALYSE STRATEGIQUE DES RISQUES ET OPTIONS POUR LE MRC DANS LE CONTEXTE POST-EXCLUSION
DE LA CANDIDATURE DE MAURICE KAMTO A L’ELECTION PRESIDENTIELLE DE 2025
NE CÉDONS PAS AU CHANT DES SIRÈNES
Dans les âges anciens, au large des mers d’Ionie, Ulysse, roi d’lthaque et héros de la guerre de
Troie, mit sa nef en route vers le retour. Devant lui, des flots houleux, avides de dévorer les hommes et les
navires, ouvraient leurs ventres. Les vents étaient contraires, les vagues se dressaient comme des
montagnes. Ulysse, debout à la proue de son navire, scrutait l’horizon, son cœur plein d’inquiétude pour
ses hommes et pour son royaume lointain. Mais ce qui l’attendait alors n’était ni la tempête, ni le fer des
ennemis. C’était le chant des Sirènes. Elles n’avaient pas de glaives, même pas besoin de chaînes. Leurs
armes, fines et redoutables, ne furent rien de plus que leurs voix douces et enchanteresses, si
enchanteresses que lorsqu’elles chantaient, les marins oubliaient tout danger et tout devoir pour suivre le
son de leur voix. Elles promettaient la connaissance, la gloire et la paix retrouvée. Elles appelaient le
navigateur à se détourner de sa route pour goûter à l’illusion de la facilité. Et quiconque écoutait leur
mélodie s’écrasait sur les rochers, laissant derrière lui un navire brisé et un destin dévoré.
Mais Ulysse, instruit du danger, fit un choix salvateur. Pour se sortir d’un tel traquenard, il boucha
les oreilles de ses compagnons de cire, et demanda qu’on l’attache solidement au mât. Lui seul entendrait
le chant, mais enchaîné, il ne pourrait céder. Ainsi passa-t-il l’épreuve, et reprit sa route intacte.
Aujourd’hui, d’autres navigateurs affrontent leur mer. Le Mouvement pour la Renaissance du
Cameroun est à cette croisée. Autour de lui s’élève des chants séducteurs. La tentation est réelle, et
l’illusion est grande. Mais comme autrefois Ulysse, il ne faut surtout pas céder au charme trompeur. Il faut
plutôt se lier davantage à ses principes, se boucher les oreilles aux voix de compromission, afin de
poursuivre la route sans naufrage.
Nous vivons ce temps-là.
I. CONTEXTE ET MOMENT HISTORIQUES
Au cours des quatre dernières années, une stratégie orchestrée par le régime en place
s’est déclinée en une panoplie de manœuvres visibles et invisibles destinées à empêcher la
candidature de Maurice Kamto à l’élection présidentielle de 2025. Ces actions se sont exprimées
notamment par des prises de position publiques du ministre de l’Administration territoriale, par
des interventions récurrentes dans des médias publics et privés, et par des signaux
institutionnels visant à influencer l’opinion sur la légitimité de la candidature.
Dès janvier 2025, une intensification des manœuvres s’est manifestée de la manière
suivante:
Sur le plan médiatique, des débats ont été multipliés sur des plateaux de
télévision et de radio majoritairement acquis au régime, mais aussi sur des
supports se présentant comme neutres. La CRTV, chaîne publique nationale, a
diffusé à plusieurs reprises une liste de partis politiques « autorisés » à présenter
un candidat, excluant le MRC malgré la présence de conseillers municipaux
ralliés à ses positions, et le FCC de l’Honorable Jean Michel Nintcheu, député à
l’Assemblée nationale et un des principaux soutien de Maurice Kamto dans le
cadre de l’APC.
Sur le plan politique, cette communication récurrente a contribué à ancrer dans
l’opinion l’idée que Maurice Kamto ne pouvait se présenter sous les couleurs du
Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), et qu’il devrait, pour être
éligible, passer par l’investiture d’un autre parti politique.
Cette campagne a préparé le terrain à un rejet institutionnel de la candidature du leader
du Mouvement, rejet prétendument motivé initialement par la non-participation du MRC aux
élections municipales et législatives de 2020.
Face à cette configuration, une décision stratégique a été prise. Elle a consisté à
présenter la candidature de Maurice Kamto sous l’étiquette du MANIDEM. Cette option a produit
un double effet :
Un effet politique immédiat, en ce qu’elle a rétabli la légitimité de la candidature
aux yeux de l’opinion nationale et internationale, et mis en lumière, de façon
incontestable, les mécanismes d’exclusion mis en place par le Régime-RDPC.
Un effet organisationnel, notamment, la nécessité pour le candidat d’adhérer au
MANIDEM et de se retirer provisoirement de la présidence du Mouvement, créant
ainsi une situation inédite dans l’histoire interne du parti.
Ce retrait, bien que tactiquement nécessaire, a révélé quelques fragilités dues à
l’absence du leader :
Une fragilisation de la coordination stratégique.
Des débats internes vifs sur la ligne politique à tenir face à situation politique actuelle du
pays.
Un risque de fragmentation à court terme s’il n’y a pas une reprise en main rapide.
Parallèlement, le contexte national est marqué par :
Une polarisation politique accrue, avec une opinion publique divisée sur la légitimité du
processus électoral.
Des pressions diverses, extérieures et internes au parti, incitant le MRC et Maurice Kamto
à donner des consignes de vote et, ce faisant, de s’associer à un scrutin qui apparaît
clairement comme étant une forfaiture électorale.
Une recomposition du champ politique, illustrée par l’entrée en lice de deux anciens
alliés de taille et compagnons de route de Paul Biya – Bello Bouba Maïgari et Issa
Tchiroma Bakary – tous deux originaires du Septentrion. Leurs candidatures pourraient
reconfigurer l’équilibre des forces dans cette partie importante du pays,
traditionnellement considérée comme un terrain conquis du parti au pouvoir.
En résumé, le Mouvement se trouve aujourd’hui confronté à un double défi historique. Il
doit :
Premièrement, gérer le retrait temporaire de son leader et ses effets sur le
fonctionnement et la cohésion interne.
Deuxièmement, veiller à maintenir un cap stratégique et idéologique clair face à un
contexte national mouvant et à des pressions politiques multiples, orchestrées par le système
au pouvoir (le RDPC, le gouvernement et ses alliés de l’opposition) en vue de créer de la
confusion au sein du Peuple du Changement.
L’image du MRC, perçu comme parti de l’espoir et souffle de renaissance, dépend
désormais de la capacité, individuelle et collective, de ses cadres à : (a) projeter une stabilité
organisationnelle infaillible ; (b) préserver la cohésion des convictions autour de la vision, de la
philosophie et de l’idéologie qui ont guidé leurs choix depuis la création du Mouvement et (c)
transformer l’épreuve en opportunité, en réaffirmant le positionnement du Mouvement et en
consolidant sa crédibilité auprès de l’opinion nationale et internationale.
À l’issue du contentieux préélectoral, l’organe électoral (ÉLÉCAM) a validé, aux côtés du
président sortant, un ensemble de candidatures soigneusement calibrées. Leur présence
contribue avant tout à préserver l’apparence d’un pluralisme politique, sans toutefois constituer
une alternative crédible au système en place. L’exclusion ciblée de Maurice Kamto, seul acteur
disposant d’un ancrage populaire étendu et d’une capacité avérée de mobilisation nationale,
révèle la volonté du pouvoir de verrouiller le processus et de neutraliser toute menace réelle à sa
continuité.
Dans ce contexte, trois scénarios apparaissent comme plausibles à l’issue du scrutin du
12 octobre. Le plus probable demeure la reconduction du président sortant ou de son avatar,
garantie par la maîtrise intégrale des institutions électorales et la fragmentation volontaire du
champ politique. Un second scénario, plus circonstanciel, serait celui d’une victoire d’un allié
direct en cas de retrait inattendu ou orchestré du chef de l’État en fonction, ouvrant la voie à une
transition contrôlée qui préserverait les équilibres internes tout en offrant un habillage de
renouveau à l’international. Enfin, I’hypothèse de contestations post-électorales reste
marginale : faute d’un leadership capable de maintenir la pression, les tensions éventuelles
seraient rapidement absorbées par le système, consolidant ainsi le statu quo.
Ainsi se dessine un paysage électoral verrouillé, où la pluralité affichée ne masque pas
l’absence d’alternative réelle. Dans un tel contexte, l’enjeu pour le MRC ne réside plus dans
l’issue d’un scrutin largement prédéterminé, mais dans la définition d’une posture stratégique
capable de préserver sa cohérence, de consolider sa légitimité et de préparer les échéances à
venir.
II. QUESTIONS STRATEGIQUES A ADRESSER
Depuis l’annonce de son exclusion arbitraire du scrutin, Maurice Kamto et le Mouvement
pour la Renaissance du Cameroun (MRC) font l’objet de sollicitations insistantes émanant de
plusieurs candidats en lice ainsi que de leurs états-majors, mais curieusement aussi de
nombreux soutiens du régime et des médias qui lui sont acquis, les pressant d’apporter un
soutien public à leurs ambitions. Dans ce discours, Maurice Kamto est érigé en “faiseur de roi”,
son rôle comparé à celui d’Ousmane Sonko dans l’espace politique sénégalais, et présenté
comme l’homme détenant les clés de l’alternance au Cameroun.
S’il est exact que Maurice Kamto incarne, aujourd’hui, la principale force politique
capable d’ouvrir la voie à l’alternance démocratique, il convient de rappeler que cette “clé” ne
lui a pas été conférée par le hasard, ni par la seule dynamique partisane, mais par la confiance,
le courage et l’adhésion massive du peuple camerounais. Cette confiance est à la fois un capital
politique personnel et une responsabilité historique, qui exigent de rester fidèle au mandat
populaire et à la ligne stratégique qui l’a rendue possible.
Or, les appels au ralliement adressés au MRC, parfois relayés avec sympathie par
certains de ses cadres, imposent aujourd’hui de clarifier les enjeux et de poser les bonnes
questions avant toute prise de décision engageant l’avenir du Mouvement. Ces questions
doivent être formulées sans complaisance :
- Quel est l’intérêt stratégique réel pour le MRC de soutenir un candidat validé par le
régime, alors même que ce dernier a écarté Maurice Kamto afin de s’assurer une victoire
sans risque ? - Quelles seraient les implications politiques, symboliques et électorales d’un tel soutien,
tant pour Maurice Kamto, le MRC, que pour le Peuple du Changement? - Quels objectifs stratégiques un candidat ainsi adoubé poursuivrait-il à court et moyen
terme, et dans quelle mesure seraient-ils compatibles avec ceux du MRC ?
Quelle cohérence un tel choix aurait-il avec le combat historique mené par le MRC, fondé
sur l’intégrité, la souveraineté populaire et le refus de cautionner des processus viciés ?
- Quelles stratégies alternatives crédibles le MRC peut-il mobiliser pour préserver, voire
renforcer son influence en faisant avancer l’agenda du changement, sans pour autant
contribuer à légitimer une élection dont les règles sont volontairement et notoirement
faussées ? - Comment préserver au mieux les chances du Mouvement pour les législatives et
municipales (ou même une élection présidentielle) à venir, tout en demeurant fidèle à sa
ligne idéologique et à la confiance du peuple ?
Ces interrogations constituent un cadre d’analyse destiné à protéger le Mouvement contre
les pièges politiques tendus par un régime rompu aux stratégies de neutralisation de ses
adversaires. Toute réponse devra s’appuyer sur une évaluation rigoureuse du rapport
coût/bénéfice, en tenant compte non seulement des échéances immédiates, mais aussi de la
trajectoire historique du MRC.
III- ÉLÉMENTS D’APPRÉCIATION EN FAVEUR D’UN SOUTIEN ÉVENTUEL A UNE
CANDIDATURE
La question de l’opportunité, pour le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun
(MRC), d’apporter un soutien explicite à l’un des onze candidats retenus par le système revêt un
caractère hautement stratégique. Une telle décision ne saurait être improvisée ; elle exige un
discernement rigoureux, fondé à la fois sur l’analyse des rapports de force, l’évaluation des
bénéfices potentiels et l’anticipation des perceptions tant internes qu’externes.
Plusieurs arguments avancés au sein de l’opinion plaident apparemment en faveur d’un
soutien, même conditionnel :
- Concentration des forces : En se prononçant pour le candidat jugé « le moins éloigné »
de ses orientations, le MRC pourrait canaliser son électorat vers un pôle unique,
accroître le poids politique de ce dernier et, en cas de victoire, revendiquer des
contreparties tangibles.
- Capacité de négociation : Un soutien formalisé, qu’il intervienne en amont ou en aval
du scrutin, offrirait une marge de négociation en valorisant la représentativité du MRC.
Cette posture pourrait contraindre les nouvelles autorités à intégrer le Mouvement dans
la phase post-électorale, sous peine d’accroître la délégitimation du processus. - Maintien dans l’arène politique : Une participation, même indirecte, éviterait au MRC
d’être perçu comme simple spectateur. En inscrivant son empreinte dans la campagne,
le Mouvement préserverait sa visibilité médiatique, influencerait partiellement l’agenda
politique et maintiendrait la mobilisation interne autour d’une action concrète. - Préparation des échéances futures : Une alliance ponctuelle avec un candidat en
compétition pourrait constituer un levier pour préparer les élections municipales et
législatives, en élargissant les passerelles avec l’électorat de l’allié choisi et en évitant
l’isolement politique.
IV. CONTRE-ARGUMENTS ET RISQUES STRATÉGIQUES
L’analyse des profils des candidats retenus par le système et du contexte institutionnel
révèle cependant de fortes réserves, tant sur le plan des principes que des conséquences
opérationnelles : Risque de légitimation du système : Les candidats validés par le régime sont perçus - comme dépourvus de potentiel disruptif, et globalement contrôlables. Un appui du MRC
- pourrait être interprété comme un ralliement implicite au système en place, diluant la
- position de rupture qui fonde son identité politique. Un tel geste serait exploité par le
- pouvoir pour légitimer le processus électoral et les institutions ayant écarté Maurice
- Kamto, limitant ainsi toute capacité de contestation ultérieure. Il permettrait au pouvoir
- de dire que le MRC a participé à cette élection présidentielle discréditée, même en
- l’absence de son propre candidat.
- Dilution de l’identité et perte de cohérence : S’inscrire dans la dynamique d’un autre
- candidat reviendrait à brouiller la ligne stratégique historique du MRC, centrée sur la
- refondation et la rupture avec le modèle actuel.
- Risque d’appropriation politique : Si le candidat soutenu venait à se compromettre ou
- à s’aligner sur le régime (hypothèse plus que probable), le MRC serait tenu,
- politiquement et moralement, pour co-responsable, avec un impact direct sur sa
- crédibilité auprès de sa base militante et de l’électorat contestataire.
- Perte d’autonomie stratégique : En s’engageant derrière un autre projet politique (sans
- substance ni conviction et rafistolé en dernière minute), le Mouvement se verrait
- contraint de s’aligner sur des choix tactiques et des positions qui ne relèvent pas de son
- contrôle direct, réduisant ainsi sa capacité d’initiative et sa marge de manœuvre.
- De surcroît en cas d’échec du candidat soutenu et d’une éventuelle contestation des
- résultats par celui-ci, les militants du MRC risquent fortement de se retrouver seul face
- au régime, tous les « candidats de l’opposition » en lice n’ayant ni une grande base
- militante, ni une tradition éprouvée de lutte face au régime. Les militants du MRC seraient
- à nouveau arrêtés massivement et leur gestion serait une nouvelle charge pour le
- Mouvement, vite abandonné à son sort, comme l’ont montré les évènements passés
depuis 2018 au moins, et plus récemment l’arrestation de près d’une soixantaine de
militants du Mouvement au Palais des Congrès à l’occasion du contentieux des
candidatures.
- Risque de démobilisation interne : Une partie de la base, attachée à la posture
intransigeante du MRC face au régime, pourrait percevoir ce soutien comme une
concession opportuniste, entraînant un affaiblissement de la cohésion interne et,
possiblement, des départs.
- Décalage avec l’opinion contestataire : Le MRC est identifié par une frange importante
de la population comme l’acteur politique majeur de l’agenda pour le changement.
S’associer à un candidat toléré par le pouvoir, qui accepterait sans réserve les résultats
émanant d’ÉLÉCAM, pourrait fragiliser cette image et entamer la confiance populaire.
Cette réserve stratégique est renforcée, comme indiqué au point 4 ci-dessus, par l’historique
des relations entre les différentes parties. En effet, Les candidats en compétition n’ont jamais
pris position aux côtés de Maurice Kamto et du MRC lors des combats historiques qu’ils ont
portés.
a. En 2018, suite au hold-up électoral, aucun des prétendants actuels n’a
appuyé la démarche de contestation de la victoire officiellement proclamée,
préférant accepter le statu quo institutionnel.
b. Cette absence d’alignement s’est confirmée lors des dénonciations
publiques du détournement des fonds alloués aux infrastructures de la CAN
entre ÉLECAM et l’ONU ont été menées de manière solitaire par le MRC.
Cette absence constante de solidarité dans les moments de tension politique majeure
traduit une divergence structurelle d’engagements et de priorités. Dans ces conditions, un
soutien explicite du MRC à l’un de ces candidats exposerait le mouvement au risque d’associer
son capital politique et moral à des acteurs dont les trajectoires n’ont jamais attesté d’une
convergence réelle avec ses combats et valeurs fondatrices.
Les risques identifiés sont donc d’une ampleur suffisante pour recommander la plus
grande prudence. Dans les circonstances actuelles, un soutien explicite à l’un des candidats
retenus exposerait le MRC à un affaiblissement stratégique, à une altération de son capital
politique et à un brouillage de son image de force d’alternative crédible. Des options tactiques
alternatives, compatibles avec la ligne historique du Mouvement, devraient être explorées.
V. QUELQUES RECOMMANDATIONS
Plus que jamais auparavant, le peuple camerounais manifeste aujourd’hui une
aspiration profonde au changement. Cette dynamique s’est traduite par un afflux sans
précédent d’inscriptions sur les listes électorales, observé dès 2024 et amplifié au premier
semestre 2025. Cette mobilisation, rare dans l’histoire récente du pays, s’explique en grande
partie par la présence dans l’espace public d’un acteur collectif – le MRC – et d’une figure
politique – Maurice Kamto – qui, par leur constance et leur intégrité, ont ravivé l’espérance
populaire.
C’est précisément ce capital de confiance et d’adhésion qui a motivé le régime à
orchestrer leur exclusion du processus présidentiel. Or, face à cette exclusion, certaines voix, y
compris au sein de l’opposition, appellent à une “auto-inclusion” par procuration, en transférant
le crédit politique et moral du MRC et de son leader vers un candidat dont ni la crédibilité ni la
probité ne peuvent être garanties.
Dans ce contexte, il apparaît politiquement et stratégiquement pertinent de s’abstenir de
toute démarche qui, directement ou indirectement, contribuerait à légitimer un scrutin dont le
caractère inéquitable est désormais manifeste. Comme l’a justement souligné le Président par
intérim, Mamadou Mota, l’éviction de Maurice Kamto constitue une « négation du processus
démocratique ».
C’est pourquoi nous pensons que le MRC devrait adopter une ligne de défiance résolue
et explicite vis-à-vis de l’élection présidentielle actuelle, en refusant toute forme de soutien
explicite ou implicite à l’un des candidats retenus par le système. Cette posture, ancrée dans la
continuité historique du Mouvement, devrait permettre :
De préserver l’intégrité morale et la cohérence stratégique du MRC ;
De maintenir la mobilisation militante autour d’objectifs clairs et non négociables ;
D’exercer une pression politique sur le régime en dénonçant publiquement l’absence
d’alternative crédible.
Parallèlement, il est crucial d’envisager l’opportunité d’engager :
- Le renforcement de l’unité d’action dans l’opposition non-alimentaire – Engager et
intensifier les consultations avec les autres forces politiques et sociales autour
d’exigences communes, notamment : réforme en profondeur du code électoral,
garanties de transparence et de sécurité des scrutins, mécanismes crédibles de contrôle
des résultats. - La poursuite de l’œuvre d’éducation civique, en multipliant les actions de sensibilisation
citoyenne, en particulier auprès des jeunes et des primo-votants, pour renforcer leur
capacité à exiger et défendre leurs droits politiques. - La préparation méthodique des échéances de 2026 ou avant, par la mise en place dès à
- présent d’un dispositif opérationnel pour reconquérir les positions locales et
- parlementaires, en vue de structurer une coalition d’opposition capable de peser de
- manière décisive dans les futures échéances nationales.
- En adoptant cette ligne, le MRC se positionnera non seulement comme l’arbitre moral de la
- scène politique nationale, mais aussi comme le garant d’une alternative crédible à moyen terme.
- Ce choix stratégique assurera la cohérence entre les valeurs fondatrices du Mouvement et ses
- actions politiques futures, tout en consolidant son autorité et sa légitimité dans l’histoire
- contemporaine du Cameroun.
et face au simulacre de dialogue national organisé en 2019, boycotté par le
MRC dans un isolement total.
c. Les épisodes de répression, incarcération prolongée de responsables et de
militants, assignation à résidence du leader, arrestations au faciès et recours
au tribunal militaire contre des civils, n’ont suscité ni mobilisation ni
condamnation de la part des candidats actuels, certains allant jusqu’à
minimiser ou tourner en dérision les victimes de l’oppression.
d. Sur le terrain des réformes institutionnelles, la revendication de la
publication de la liste électorale nationale, la contestation de la partialité des
juges du Conseil constitutionnel, et la dénonciation de la convention secrète