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Voici comment en cumulant 43 ans de lacunes en intelligence économique, Paul Biya n’a jamais eu une seule chance même sur un million, d’industrialiser le Cameroun.

(texte)

Il y 22 ans, en 2003, l’Union Européenne propose aux pays 8 pays d’Afrique Centrale, (Cameroun, République centrafricaine, Congo, République Démocratique du Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Sao Tomé é Principe, Tchad) des négociations pour un Accord de Partenariat Economique dénommé : APE, avec comme objectif, la conclusion d’un accord commercial régional complet au plus tard le 31 décembre 2007.

Observez bien, l’UE parle d’un accord régional avec les 8 Etats. Mais à l’arrivée, c’est le Cameroun tout seul qui a paraphé le 17 décembre 2007 un APE dit d’étape ou intérimaire avec l’UE. Et le 15 janvier 2009.

Cet accord est ratifié par le Président de la République du Cameroun, Paul BIYA, par décret le 22 juillet 2014.

Fatal Error !!!

Les autres 7 pays de la zone Cemac, avaient tout simplement conclu qu’il s’agissait d’un véritable suicide industriel, d’ouvrir tout son marché à un pays, l’Union Européenne qui a mis deux siècles pour financer, subventionner et aider ses industries et qui demandent aux pays africains de faire l’exact contraire : de ne pas aider les industries africaines.

Mais tout seul, Paul Biya a fait le choix de signer cet accord qui impose au Cameroun, tout ce que la Chine a mis plus de 20 ans depuis son adhésion à l’OMC à refuser.

La question qu’on peut se poser à ce niveau de la leçon est celle de savoir comment un seul herbivore, pense-t-il s’en sortir au milieu de 28 carnivores aguerris depuis deux siècles ? Que pensait obtenir de spécial et de plus avantageux que les autres pays d’Afrique Centrale qui l’ont refusé, Paul Biya tout seul en paraphant le 17 décembre 2007 et signé le 15 janvier 2009, l’« ACCORD D’ÉTAPE » vers un accord de partenariat économique entre la Communauté européenne et ses États membres ?

Pour bien comprendre combien sont profondes les lacunes de Paul Biya et de ses conseillers en Intelligence Economique dans la signature d’un tel accord, retournons un instant en Chine.

Ce pays est le meilleur exemple que j’ai trouvé non seulement parce qu’il a fait l’exact contraire de ce que Paul Biya a fait, mais surtout parce qu’il a réussi son pari, là où Paul Biya a lamentablement échoué le sien, comme je l’avais prévu dans mon analyse de 2013 publié dans le tome2 de Géostratégie Africaine, intitulée « Voici pourquoi le Cameroun ne doit pas signer les Accords de Partenariat Economique avec l’Union Européenne ».

Dans son livre, “L’Orientalisme”, le Palestinien, Edward Saïd analyse comment l’Occident a historiquement construit une image stéréotypée et méprisante de l’Orient. Il se concentre sur les dynamiques de pouvoir à travers la représentation culturelle et intellectuelle, et qui à la fin persuadent les orientaux eux-mêmes non seulement qu’ils sont des êtres inférieurs, mais aussi que l’Occident qui les méprise veut leur bien. Et c’est au final, ce qui entretient et fait durer le colonialisme occidental sur les pays arabes, toujours passifs face à leurs bourreaux. Saïd soutient que la représentation de l’Orient par l’Occident (l’« orientalisme ») a créé un « Orient » imaginaire qui a justifié le colonialisme et l’impérialisme.

Monsieur Biya est dans la logique de ce que décrit Saïd. Il est ébloui par le discours mensonger de l’Union Européen et se convainc en bonne foi que cette Europe-là veut le bien du Cameroun. C’est le piège dans lequel les chinois ne sont pas tombés.

La Chine a au contraire, longtemps utilisé son statut de pays en voie de développement à l’OMC pour se protéger de l’offensive commerciale des pays occidentaux, pour ses subventions industrielles, sans lesquelles aucune industrie chinoise n’aurait résisté une seule année face à la déferlante des producteurs occidentaux qui disposaient d’un levier qui faisait défaut à la Chine, comme au Cameroun : les ressources financières, le capital.

Monsieur Biya ne sait pas qu’il n’y aura jamais match équitable encore moins une concurrence saine entre un producteur français ou allemand qui emprunte à 5% et son concurrent camerounais qui emprunte à 20%. Et c’est parce que sur le levier financier, le jeu est truqué en faveur des producteurs occidentaux que la Chine a décidé non seulement de protéger ses industries, mais surtout de les subventionner massivement, en se servant du statut de « pays en développement » à l’OMC qui constitue un véritable levier stratégique dont le Cameroun s’est volontairement privé en signant les APE avec l’Union Européenne.

En effet, ce statut a permis à la Chine de bénéficier non seulement de flexibilités dans l’application des règles de l’OMC, comme le fait de prendre plus de temps, pour se conformer aux règles commerciales, mais aussi et surtout, pour ce qui nous intéresse, elle s’est donné des marges de manœuvre pour accorder des subventions à ses industries locales, sans lesquelles elles ne tiendraient pas face à la concurrence des pays occidentaux.

Prenons, juste un exemple pour comprendre : l’entreprise américaine Nvidia vante aujourd’hui, une capitalisation boursière de 5.000 milliards de dollars. C’est-à-dire qu’une seule entreprise américaine vaut plus que l’ensemble des entreprises allemandes cotées à la bourse de Frankfurt.

Aujourd’hui le 12 Novembre 2025, ici en Chine, Google est toujours interdit, Whatapps est interdit, Youtube est interdit, Gmail est interdit, sans que cela viole la moindre norme de l’OMC, puisque la Chine s’est rangée derrière ce dispositif de pays en développement et c’est quand ses champions nationaux sont devenus tellement forts qu’ils s’imposent aux Etats-Unis, comme Tik tok que la Chine annonce et non décide de ne plus recourir aux clauses de Pays en Développement, dont elle a largement profité d pour les exemptions dans certains accords de l’OMC et plus précisément ce qui prend le nom de : Accord sur les subventions et les mesures compensatoires (ASMC).

Pendant que les pays africains qui signaient les APE avec l’Union Européenne vivaient dans l’illusion de Saïd qu’ils seraient développés par leurs bourreaux, et s’attendaient à devenir émergents qui en 2025, l’autre en 2030, l’autre encore en 2035 et plus récemment un dernier naïf arrivé au club parle de Vision 2050, la Chine a toujours revendiqué d’être un pays pauvre.

La Chine s’est longtemps présentée comme un pays en voie développement, malgré sa puissance économique, parce que cela lui procurait des avantages géostratégiques que les dirigeants africains ignorent. Et c’est grâce à cette humilité de refuser même de se mêler des conflits dans le monde pour en être une arbitre, que cette stratégie a permis aux dirigeants chinois de soutenir massivement des secteurs stratégiques (comme l’acier, les panneaux solaires, les semi-conducteurs) sans enfreindre directement les règles.

Mais en réalité, la Chine n’a pas menti. Elle a encore des millions de personnes qi vivent dans la pauvreté et elle est consciente qu’elle ne réussira pas à changer leur sort si elle avait totalement ouvert son marché à des producteurs occidentaux disposant de véritables mannes financières des marchés mobiliers boursiers de leurs pays en Occident.

Il a fallu donc, être particulière intelligent, pour profiter des tous les avantages de l’Organisation Mondiale du Commerce, sans en payer les conséquences d’en devenir une proie facile pour l’occident.

La China a ainsi pour passer par l’utilisation d’entreprises publiques et de fonds étatiques ou même des fonds d’investissement régionaux, pour canaliser les aides et subventions pour permettre la naissante d’un véritable tissu industriel capable de rivaliser avec les concurrents de l’occident. Pendant que certains dirigeants africains croyaient s’allier à l’Union Européenne pour se déclarer émergents en 2035, la Chine peaufinait tous ces stratagème pour rendre beaucoup plus difficile la qualification de ses aides aux industries chinoise, comme “subventions interdites” par l’OMC.

Mais ce n’est pas tout.

Pendant que naïvement Paul Biya jetait le Cameroun dans la gueule du loup européen, en signant un accord autorisant le loup de le manger sans demander sa permission, la Chine inventait des subventions déguisées pour ses industries. En effet, certaines aides prenaient la forme de prêts à taux préférentiels, de terrains à prix réduit, ou d’exemptions fiscales ciblées, tout simplement parce qu’encore aujourd’hui, elles ne sont toujours pas considérées comme des subventions explicites selon les critères de l’OMC.

Lors de différentes plaintes déposées à l’OMC par les États-Unis et l’Union européenne, la Chine a très souvent soutenu que ses programmes de soutien aux entreprises étaient compatibles avec les règles de l’OMC, parce qu’elle était un pays pauvre, avec des millions de pauvres encore à sortir de la misère et que sans le traitement spécial et différencié réservé aux pays en voie de développement par l’OMC justement, elle n’y arriverait pas. Cela lui permettait de défendre ses positions notamment sur les délais plus souples pour réduire certaines pratiques jugées par les plaignants comme étant, anticoncurrentielles.

Mais ce n’est pas tout. En profitant de sa place de Pays Pauvre, la Chine a réussi à créer un secteur pharmaceutique très compétitif. Alors que dans certains pays occidentaux, les brevets tombent dans le domaine public après 50 ans, la Chine a pu compter sur sa propre loi, plus courte pour copier cetains médicaments plus tot pour en faire des génériques, ce que ne pourrait pas faire le Cameroun sur la base des accords signés par Paul Biya en 2014.

Entre 2007 et 2009, nous avons connu l’affaire DS362 notamment du nom de code de la plainte déposée à l’OMC par les États-Unis contre la Chine, sur la protection des droits d’auteur et brevets.

Le 10 avril 2007, les Etats-Unis portent plainte à l’OMC contre la Chine, pour non respet de la propriété intellectuelle. La Chine s’était défendue en rappelant qu’en tant que pays en voie de développement, la loi chinoise ne punit pas au pénal ce genre d’infraction. En 2010, un accord est trouvé. Les Etats-Unis vont accorder à la Chine, pays en voie de développement, une flexibilité dans l’application des règles de l’Accord sur les ADPIC (aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce).

Source : https://www.wto.org/english/tratop_e/dispu_e/cases_e/ds362_e.htm

Dans le secteur agricole, Pékin a également invoqué face aux plaintes à l’OMC, son statut de pays pauvre, pour justifier les niveaux de soutien interne et des subventions aux producteurs chinois, supérieurs aux plafonds applicables aux pays développés, en invoquant le fait que ses agriculteurs plus pauvres que ceux occidentaux, avaient besoin de protection particulière. C’est quelque chose que Biya a renoncé de faire, accompagnant à la misère ses nombreux producteurs agricoles.

COMPARE A LA CHINE DAN L’OMC, QU’EST-CE QUE LE CAMEROUN A PERDU EN SIGNANT LES APE ?

Pendant que la Chine a passé plus de 20 ans depuis son adhésion à l’OMC à refuser que les occidentaux utilisent leur avantage financier, humain et technologique pour l’empêcher de construire ses propres industries naissantes, Paul Biya acceptait ce que la Chine avait refusé. En effet, il fait le choix de signer l’Accord de Partenariat Économique (APE) entre le Cameroun et l’Union européenne qui restreint l’usage des subventions industrielles.

L’accord qu’il signe fait clairement référence aux closes de l’OMC, notamment l’Article 15, qui traite des pratiques commerciales déloyales, et principalement à travers les subventions qu’on lui demande ainsi de bannir au Cameroun, pour soutenir toute industrialisation.

DE QUOI S’AGIT-IL ? ET POURQUOI NE PAS SUBVENTIONNER SON INDUSTRIE C’EST LA CONDAMNER A LA MORT CERTAINE ?

L’Article 15 des APE (Accords de Partenariat Économique) tire son essence directement de la directive européenne sur les pratiques commerciales déloyales qui interdit les pratiques trompeuses, agressives ou contraires à la diligence professionnelle.

En France, d’où est tiré l’essentiel des lois des pays de l’Afrique dite francophone, cela correspond à l’article L120-1 du Code de la consommation et vise à protéger les consommateurs contre les pratiques qui altèrent leur comportement économique et les amènent à prendre des décisions qu’ils n’auraient pas prises autrement.

Donc, sur le papier, ce n’est pas une mauvaise chose. Qui serait contre le fait de protéger les consommateurs contre des manipulations des producteurs ?

L’article 15 de l’Accord de Partenariat Économique (APE) entre le Cameroun et l’Union Européenne traite des pratiques commerciales déloyales, en soulignant l’importance de leur prévention et de leur sanction dans le commerce bilatéral. Il stipule que les parties doivent respecter les règles de l’OMC en matière de subventions, c’est-à-dire, les règles là contre lesquelles se bat la Chine, pour faire émerger ses industries, pour ne pas rester de simples fabricants de jouets, le seul rôle que l’occident avait trouvé aux usines chinoises.

L’Union Européenne à travers cet accord signé par Monsieur Biya, interdit les subventions qui fausseraient selon elle, la concurrence ou nuiraient aux intérêts de l’autre partie. Et l’autre partie dans l’accord, c’est clair, c’est l’Union Européenne.

L’accord va même plus loin et autorise l’application de mesures compensatoires si une subvention cause un préjudice à l’industrie de l’autre partie. En d’autres mots, si le Cameroun aide ses industries à produire du papier et qu’à cause de cela, les producteurs européens de papier n’arrivent plus à vendre au Cameroun, c’est au même Cameroun de trouver des mesures compensatoires pour indemniser les industries européennes qui se trouvent ainsi pénalisées par la naissante industrie du papier au Cameroun. Et c’est dans ces petits détails que se situe tout le destin d’un pays comme le Cameroun.

Question : Pourquoi une telle disposition de l’interdiction des aides industrielles qui soi-disant, fausseraient le commerce avec l’UE, est-elle si importante contre le Cameroun et sa tentative d’industrialisation ?

Réponse : De façon générale, la signature des Accords de Partenariat Économique (APE) entre l’Afrique et l’Union européenne a permis à l’UE de consolider son rôle d’intermédiaire incontournable dans les échanges entre l’Afrique et son principal partenaire économique, la Chine, en verrouillant juridiquement et économiquement certaines marges de manœuvre africaines, qui l’empêchent de profiter de l’élan et de la dynamique industrielle chinoise pour finalement se développer.

Aux pages 121 à 141 de son analyse intitulée : “L’Accord de partenariat économique entre l’Union européenne et l’Afrique de l’Ouest. Leçons d’une négociation”, son auteur, Salif Koné écrit au chapitre intitulé : “Des enjeux mouvants et des intérêts cachés”, ceci :

Toute négociation visant à aboutir à un accord gagnant-gagnant doit pouvoir, se concentrer sur les intérêts en jeu et non sur les positions exprimées. Pour ce faire, il faut donc que chaque partie connaisse les motivations réelles ou les intérêts de l’autre, et agisse en conséquence. Dans le cadre de la négociation APE UE-Afrique de l’Ouest, il semble que les enjeux, pour les deux parties, n’aient pas été exposés, explicitement et en totalité, de sorte que la négociation a été surtout menée sur la base d’oppositions de principe. (…)

Ces accords imposent des règles strictes sur les tarifs douaniers, empêchant les pays africains de relever leurs droits de douane sur les produits européens, même si cela devenait nécessaire pour protéger leurs industries locales ou réorienter leurs échanges vers d’autres partenaires comme la Chine.

Source : https://shs.cairn.info/revue-negociations-2018-1-page-121?lang=fr

Salif Koné nous apprend ainsi que le motif principal qui a poussé l’Union Européenne à signer les APE avec les pays africains n’est pas ce qui est annoncé, mais exclusivement, pour empêcher que l’Europe perde pied en Afrique, face à la montée des échanges entre l’Afrique et la Chine.

Comment ?

Pour Salif Koné, les APE sont avant toute chose, des accords commerciaux asymétriques entre l’UE et les pays Africains qui l’ont signé. Dans le principe, ces accords ouvrent totalement les marchés africains aux produits européens, et les marchés européens au produits africains. Mais dans la réalité, les choses sont un peu plus compliquées.

Accords commerciaux asymétriques entre l’UE et les pays Africains ?

Il est tout simplement impossible de parler de concurrence loyale entre l’Union Européenne et l’Afrique et plus particulièrement le Cameron. Et cela pour plusieurs raisons.

L’idée même de concurrence loyale entre l’Union européenne et le Cameroun, suppose que les acteurs économiques jouent selon les mêmes règles, avec des capacités comparables. Or, dans le cas qui nous intéresse, du Cameroun et de l’Union Européenne, plusieurs asymétries structurelles rendent cette notion purement et simplement impossible.

Nous avons d’abord, les déséquilibres économiques : l’Union Européenne dispose d’une infrastructure industrielle très avancée, alors que le Cameroun ne possède aucun tissu industriel digne de ce nom, et la conséquence en est qu’il est largement dépendant des exportations de matières premières et des importations de l’essentiel de ce que le pays consomme, même des produits alimentaires.

Mais comme nous l’avons déjà vu plus haut, il y a aussi et surtout le problème d’accès au financement : Les entreprises européennes ont accès à des marchés financiers approvisionnés avec une grande disponibilité de capitaux, à des taux d’intérêt plus bas, et à des subventions publiques auxquelles les producteurs camerounais n’ont pas droit.

Sans oublier le fait que l’écart technologique entre l’Union Européenne et le Cameroun est immense, ce qui affecte soit la productivité que la compétitivité.

En d’autres mots, on sait d’avance que le match est plié, puisque du côté camerounais, rien n’a jamais été fait pour démarrer un embryon d’industrie et maintenant on vient ajouter qu’il ne faut même y penser.

Beaucoup de camerounais qui ont donné raison à Paul Biya dans la signature de l’accord avec les APE ont lu la propagande européenne qui attirait l’attention sur les clauses douanières tarifaires.

Ils ont oublié que le plus important, n’était pas ce que la douane taxe, mais les clauses douanières non tarifaires, ce qu’on ne voit pas alors que c’est déterminant, comme les normes sanitaires et techniques. En effet, à cause des normes sanitaires, il est presqu’impossible pour les produits camerounais de prétendre à leur entrée sur le marché européen pour non-conformité, alors que les produits européens entrent plus facilement au Cameroun où ils n’ont surtout pas besoin d’un certificat de conformité.

Pire, en signant les APE, le Cameroun a volontairement renoncé à une partie de son autonomie commerciale, notamment sa capacité à négocier librement avec d’autres puissances économiques comme la Chine. Et en limitant fortement sa marge de manœuvre pour établir des accords bilatéraux plus avantageux avec la Chine, puisqu’ils doit respecter les engagements pris avec l’UE, notamment en matière de traitement préférentiel et de non-discrimination, cela a en même temps fragilisé le même Cameroun dans toute négociation suivante avec l’Union Européenne.

En d’autres mots, si le Cameroun avait les mains libres de négocier avec la Chine, il utiliserait cette option pour bluffer et faire croire même à des avantages qu’offrirait la Chine, alors que ce n’est pas vrai et obtenir ainsi un meilleur accord avec l’Union Européenne. Mais quand d’entrée de jeu, le Cameroun s’est enchaîné en acceptant qu’il ne peut négocier avec personne, cela le fragilise en premier avec la même Union Européenne.

La conséquence négative pour le Cameroun est d’être prisonnier d’un cadre normatif européen dominant, parce que les APE imposent des normes européennes en matière de commerce, de propriété intellectuelle, de concurrence et d’investissement, qui sont devenues des références dans les relations commerciales entre le Cameroun et tout autre pays. Cela prive soit le même Paul Biya que le parlement du Cameroun de toute marge pour décider quoi que ce soit pour garantir les intérêts de ce pays africain.

Cette véritable distorsion place l’Union Européenne au cœur des règles du jeu, même dans les relations entre Le Cameroun et la Chine, car pour opérer au Cameroun, les investisseurs chinois, indiens ou coréens sont obligés de s’adapter à ces normes européennes pour accéder au marché même du Cameroun.

Mais il y a pire.

Prétendre que tout investisseur étranger, qu’il soit chinois ou indien, puisse se conformer aux normes européennes pour vendre un produit sur le marché camerounais, visait le seul objectif de créer un effet de verrouillage des chaînes de valeur, privant le Cameroun de tout apport de ressources financières internationales et par voie de conséquence, de condamner le Cameroun à rester un pays pauvre sans moyens de transformation de ses ressources naturelles et donc de se contenter de se limiter à faire ce que le pays a toujours fait : se limiter à exporter ses matières premières brutes vers l’Union Européenne.

Salif Koné nous a dit plus haut que dans les négociations pour la signature des APE, les pays africains se contentent des positions exprimées par l’Union Européenne et oublient ce qu’ils auraient dû faire : s’intéresser en priorité sur les intérêts en jeu.

Et dans notre cas du Cameroun, les intérêts en jeu sont le fait que, les APE freinent la transformation locale et la montée en gamme industrielle, ce qui réduit l’attractivité de l’Afrique pour les investissements indiens, chinois, coréen dans l’industrie manufacturière du pays africain qui a signé ces accords avec l’Union Européenne, qui reste ainsi le principal partenaire structurant des chaînes de valeur africaines, reléguant tous les autres pays avec des fortes capacités d’investissement et d’innovation technologique comme la Chine à un rôle de fournisseur d’infrastructures ou de financeur, mais pas de partenaire industriel intégré.

Le 21 décembre 2015, Paul Biya promulgue la Loi n°2015/018 de 46 pages régissant l’activité commerciale, qui interdit les pratiques trompeuses, agressives ou illicites au Cameroun.

Source : https://www.mincommerce.gov.cm/sites/default/files/documents/loi-2015-regissant-l-activite-commerciale-au-cameroun.pdf

Il s’agit en réalité pour le Cameroun, d’intégrer les dispositions des APE dans sa législation commerciale, pour être certain qu’aucun pays ne viendrait aider le Cameroun à se défaire de la spoliation de la France et de l’Union Européenne.

L’APE a même prévu un appui technique et institutionnel pour renforcer les capacités du Cameroun à détecter et sanctionner les pratiques sur le sol camerounais qui ne plaisent pas à l’Union Européenne.

(…)
(…)
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Jean-Paul Pougala

Mercredi le 12 novembre 2025

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