Donald Trump, qui n’était pas un adepte du langage diplomatique et qui n’a toujours pas sa langue dans sa poche, disait à propos de l’Afrique : « Pays de merde ». Avait-il raison ou tort ? Trump avait certainement tort. La vision et la perception qu’il avait de l’Afrique est erronée. Mais il a lancé une pierre dans la mare. Nous, africains, avons le devoir relever ce défi et de prouver que l’ancien président américain est un homme qui succombe aux préjugés. Car comme Nicolas Sarkozy, de l’Afrique, il ne sait rien.

Les Etats-Unis ont toujours considéré l’Afrique comme la chasse gardée de l’Europe depuis l’abolition de l’esclave. Ce continent leur a fourni une main d’œuvre gratuite qui est toujours discriminée. L’Afrique reste pour beaucoup d’occidentaux un lieu de villégiature, de safari ou de défoulement de leurs extrémismes.

D’autres raisons viennent corroborer les propos incendiaires de Donald Trump. L’Afrique a toujours été un continent ou les Européens (Grande Bretagne, France, Espagne, Portugal, Pays-Bas) imposent leurs lois depuis les indépendances étriquées des pays créés par la Conférence de Berlin (1884-1885).

La guerre en Ukraine a bousculé l’équilibre précaire en Europe. La dollarisation de l’économie mondiale connait des bourrasques et les banques occidentales sont frappées de plein fouet par une inflation qui gagne du terrain. Le monde se déséquilibre. Les USA aussi.

La France, jusqu’ici maitre de son pré carré historique (Afrique Francophone) est à bout de souffle. Son image est ternie et la jeunesse résiliente africaine n’a plus peur de dénoncer son implication dans les politiques intérieures des Etats. Elle s’active toujours à perpétrer le règne de son incurie et de ses privilèges en Afrique francophone.

Tous ces chamboulements font le bonheur de la Chine et de la Russie qui remettent en cause la domination de l’Occident en Afrique. D’où le soudain regain d’intérêt des USA en Afrique.

Depuis une vingtaine d’années, la françafrique est bousculée par la Chinafrique avec des conséquences géostratégiques qui font voler en éclats les anciens maitres occidentaux. Les réalisations de la Chine en Afrique sont palpables même si ce pays est un nouveau prédateur sans état d’âme et qui doit éveiller notre vigilance.

La vice- présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, a effectué une tournée dans trois pays d’Afrique en fin mars. L’objet recherché est la promotion d’une vision positive des USA qui voit enfin l’Afrique comme un partenaire avec des femmes et des hommes ambitieux pour un développement économique et industriel inclusif.

Le monde bouge et l’Afrique sera la troisième voie pour relancer l’économie du monde. En effet, le monde financier et économique de l’Occident est frappé à l’heure actuelle par une forte grippe. Celle-ci risque, sous l’effet d’une métastase, de donner un coup de frein aux maitres du monde.

Or ni la Chine, ni la Russie ne sont pris dans cette nacelle. Ce constat inquiète l’Occident. C’est pour ces raisons que les USA redoublent d’efforts en Afrique pour rattraper le temps perdu. Mais l’Afrique ne veut plus de prédateurs. Les nouveaux venus sont-ils disposés signer des contrats gagnant-gagnant ? La vigilance s’impose.

L’Europe et la France dénoncent l’économie prédatrice de la Chine en Afrique. Ce postulat mérite un débat. Mais en retour, que propose la vieille Europe ? Continuer à piller sans vergogne les matières premières du continent ? L’Afrique ne veut plus d’une relation incestueuse et déséquilibrée imposée par les multinationales et dont les bras armés sont la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI).

Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant

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