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Une gamine sortie de nulle part qui remue son postérieur sur Tik Tok est financée en quelques semaines par de multiples volontaires qui lui font faire le tour du monde et vendre son “talent” corporel à l’international, quand une orpheline de 15 ans qui a eu son Bac C avec mention Très-bien depuis un an fait de multiples pétitions et appels de détresse sans succès pour financer ses études universitaires.

Une bimbo à la silhouette généreuse convoitée par tous les pontes de la République, mobilise en un temps record le triple des financements sollicités pour un salon de coiffure de quartier, sans incidence significative sur l’économie, quand un jeune et brillant chercheur trime depuis des années à trouver le moindre Kopeck pour financer l’industrialisation d’une de ses découvertes qui pourrait résoudre la pénurie d’énergie ambiante, et ainsi booster l’industrialisation de son pays dont les dirigeants disent pourtant rechercher des solutions de développement.

Une “influenceuse” dépravée qui sévit sur les réseaux sociaux avec ses faux-cils, sa perruque orange et son teint éclairci, fait des millions de vues, de likes et de commentaires en quelques minutes, quand un direct sur l’actualité brûlante africaine qui engage notre avenir commun fait à peine une centaine de vues et de commentaires en plusieurs jours.

Vous organisez une conférence sur les enjeux de la souveraineté africaine qui est supposée mobiliser le maximum de jeunes, mais au finish, vous avez une salle vide. Normal, ces jeunes qui sont l’avenir du Continent ont préféré faire le plein des bars, des boîtes de nuit et des stades de football, quand ils ne sont pas scotchés devant leurs petits écrans pour regarder une insipide série télé à l’eau de rose ou une abrutissante émission de télé-réalité.

Quand vous publiez un article sur des problématiques de société qui devraient interpeller le maximum de personnes, on vous fait remarquer que votre texte est beaucoup trop long et qu’il est pénible de consacrer cinq à dix minutes pour le parcourir. Mais quand un livre de plusieurs centaines de pages s’intitule “Revenge Porn”, il devient viral et même les pires ennemis de la lecture reconnaissent fièrement l’avoir lu et relu intégralement en quelques heures.

De ces exemples non exhaustifs, il ressort clairement la faillite morale de nos sociétés, qui se décline en une perte totale de repères, une disparition du sens des priorités et un délitement profond de nos valeurs traditionnelles. Ce sont les mêmes qui plébiscitent la vanité par leurs soutiens implicites et explicites aux futilités de notre société qui se plaignent de la perte des repères en Afrique. Malgré les vœux pieux et les belles théories, dirigeants et populations sont tous complices de notre condition d’égarement.

Paul ELLA.

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