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Dans de nombreuses télévisions nationales, ce militant du RDPC, parti politique proche du pouvoir, a régulièrement vilipendé les proches collaborateurs du Président de la République au cours des débats. Pour lui, l’offre politique de son leader est l’une des meilleures, comme est meilleur le leader lui-même. Par contre, pour lui, le Président de la République est entouré de collaborateurs incompétents, incapables de traduire en actes la vision du Chef de l’État. Ce qui met en lumière la responsabilité du Président de la République et son gouvernement face au bilan affiché.

DE LA RESPONSABILITÉ DU CHEF DE L’ETAT

Dans son chapitre I et précisément dans ses articles 8, 9 et 10 , la Constitution du 18 janvier 1996, modifiée et complétée le 14 avril 2008, définit les prérogatives dévolues au Président de la République. Ainsi, dans son article 10, alinéas 1 et 2, il est précisé que le Président de la République nomme le Premier ministre et, sur proposition de celui-ci, les autres membres du gouvernement. Il définit leurs attributions. Il met fin à leurs fonctions. Il peut leur déléguer certains pouvoirs dans le cadre de leurs attributions. En clair, l’unique responsable devant le peuple camerounais des performances de notre pays en matière de politique intérieure et extérieure est le Président de la République. L’article 5, alinéa 2 est clair. Le Président de la République définit la politique de la nation. Le chapitre 2 dans son article 11, alinéa 2 définit la responsabilité du gouvernement. Celui-ci est chargé de mettre en œuvre la politique de la nation telle que définie par le Président de la République. Il est ainsi clair que les options politiques et administratives des membres du gouvernement ne sont que la traduction en actes de la volonté du Président de la République. Dès lors, l’on ne saurait exclure le Chef de l’État dans le succès ou l’échec des projets pilotés par le gouvernement. D’ailleurs, lorsque des victoires sont engrangées dans un secteur de la vie nationale, les ministres n’ont pas souvent manqué de célébrer la vision du Président de la République . Ce devrait également être le cas lorsque l’on enregistre un flop.
Lorsqu’en douze (12) ans de travaux, l’on n’arrive pas à livrer entièrement un chantier d’autoroute d’une longueur de 20 km, c’est à mettre à l’actif du Président de la République.
Des exemples d’échec et de quelques réussites foisonnent.

LE POUVOIR LÉGISLATIF, UN LEVIER DE BONNE GOUVERNANCE MAIS LAXISTE.

L’article 35, alinéa 1 de la Constitution stipule que le Parlement contrôle l’action du gouvernement. Ce contrôle se fait par voie écrite, et dans ce cas, un député ou un sénateur saisit un ministre à travers une correspondance sur un aspect digne d’intérêt général. Ce peut être également par voie orale. C’est pourquoi pendant les sessions parlementaires, les membres du gouvernement répondent publiquement aux questions formulées par les députés et sénateurs. Enfin, le contrôle peut se faire à travers des enquêtes parlementaires. Lorsqu’une affaire est portée à l’attention du Parlement, des parlementaires se constituent en une équipe et enquêtent pour faire jaillir la vérité. Ce fut le cas aux États-Unis d’Amérique avec l’affaire des écoutes téléphoniques qui ont permis d’espionner un candidat à la présidence.

Il faut savoir que l’État a pour principale mission de veiller au bien-être des populations. Toutes les actions du gouvernement doivent concourir à la satisfaction des besoins des camerounais. C’est pourquoi, à la session budgétaire de novembre, après la présentation du programme économique, financier et social du gouvernement par le Premier ministre, chaque ministre va défendre son budget sectoriel devant la Commission des finances et du budget. Le principe voudrait qu’à la fin de l’exercice budgétaire, les mêmes membres du gouvernement, responsables devant le Parlement, reviennent présenter les réalisations effectuées avant de solliciter une autre confiance du Parlement. Ceci devrait être un moment de confrontation entre les dires des membres du gouvernement et la réalité observée par les membres du Parlement à travers leurs propres enquêtes. Il en va de même lorsque la presse relaie des soupçons de scandales financiers. Hélas, on est tenté de croire à une collusion entre les deux pouvoirs.
Des exemples de mutisme du Parlement face des soupçons de malversations peuvent être cités.

Au demeurant, le Parlement, qui devrait veiller à ce que les conditions de vie des camerounais soient régulièrement améliorées à travers les projets présentés, se trouve être complice pour n’avoir pas établi un contrat de performances avec le gouvernement. Des rallonges budgétaires sont validées alors même que l’audit des fonds mobilisés pour tel ou tel autre projet n’est pas réalisé. Le budget de l’autoroute Yaoundé – Nsimalen, par exemple, est passé de 154 milliards à 310 milliards sans que la ministre du Développement urbain et de l’Habitat ne soit entendue. Tout ceci sous le silence du Président de la République.

UN APPEL À DEMEURER RATIONNEL ET OBJECTIF DANS LE JUGEMENT

Le Pr Messanga Nyamding ne doit donc pas perdre son esprit rationnel. Les grandes performances d’un gouvernement ne s’obtiennent que lorsque le Président de la République évalue régulièrement ses collaborateurs. C’est pourquoi il a été institué dans la Constitution la tenue des conseils ministériels. Dans la vie d’un État sérieux, le Conseil des ministres est un moment d’évaluation de la feuille de route de chaque ministre. Contrairement à ce qui a été initié au Cameroun, la feuille de route n’est pas élaboré par un ministre, mais par le Président de la République. C’est ce dernier qui définit le cap. Le Conseil des ministres devient alors un grand moment d’évaluation, une évaluation qui permet de se faire une idée sur le parcours déjà effectué, de procéder à des réajustements en fonction de la conjoncture.

QUELQUES QUALITÉS ATTENDUES DU PROCHAIN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

C’est pourquoi je plaide pour un Président de la République vif, dynamique, présent sur le terrain et très soucieux du bien-être des camerounais. Je plaide pour un Président de la République qui fait du camerounais sa priorité, qui défendra le camerounais où qu’il se trouve à la surface de la terre. Je plaide pour un Président de la République qui accordera des contrats importants aux nationaux et veillera à ce que des facilités leur soient accordées, mais qui fera preuve de fermeté dans gestion des fonds et qui suivra avec beaucoup d’intérêt l’évolution des projets.

Alors, à mon compatriote Messanga Nyamding, j’envoie ce message afin qu’il revoie sa copie en matière d’évaluation du travail gouvernemental, en matière de jugement des responsabilités de nos dirigeants.

Constantin Boyo Guehoada.

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