Lettre ouverte à K-Tino,
J’avais décidé de me tenir à distance de tout ce qui vous concerne, et ce il y’a fort longtemps. C’est dire que je zappe toujours une chaîne de télévision que je regarde dès qu’elle commence à parler de vous ; partout où j’entends votre nom je suis très mal à l’aise car vous faites partie, excusez du peu, des poisons permanents de cette société qui doit une grande partie de son extraversion morale à votre talent de chanteuse pornographe. Oui, votre talent est inutile à la société camerounaise et j’ai toujours dit qu’on devrait vous exclure de l’art; vous le dénaturez. Ces jours récents, une photo de vous a circulé sur les réseaux sociaux où vous n’étiez trop habillées que par le haut. Je n’ai pas su tenir mon estomac. Mais dites donc, quel modèle de la société prétendez-vous être ? Vous n’en êtes pas un madame. Vous pervertissez nos mœurs et désorientez nos mineurs. Je dis ceci d’entame pour vous faire comprendre que juste pour le fond et la forme de vos chansons vous méritez d’être interdite de spectacle à travers le monde. La jeunesse féminine, puis que vous êtes une femme, a besoin de repère comme Me Michèle Ndoki par exemple dont on est fier aujourd’hui. Voilà, vous connaissez désormais qu’elle est ma position par rapport à votre chanson.
Pour revenir à l’objet de cette lettre je voudrais vous faire deux précisions :
— la première concerne votre appel à Maurice Kamto à prendre position et à condamner virilement la décision de la diaspora. Mettez-le dans votre tête une fois pour toute, Maurice Kamto n’a rien à voir avec la décision des combattants de la révolution qu’on compte par milliers. Dans son programme de résistance nationale il ne figure nulle part que les camerounais doivent boycotter les musiciens. Nous avons pris la décision de le faire parce que ce combat n’est pas le sien; il est le nôtre, pour nos petits frères, nos fils et petit-fils. Son excellence Maurice Kamto est juste l’homme en qui nous avons choisi de faire confiance et notre soutien ne lui attribue pas la responsabilité de nos actes. Nous allons vous boycotter sévèrement !
Je suis un peu gêné pour Grâce Decca que j’écoutais encore ce matin ; elle est un modèle de société dans le domaine de la musique mais qui a choisi d’aller chanter pour la tyrannie. C’est douloureux !
Vous dites que nous sommes en démocratie et que vous êtes libres de vos choix ; c’est faux! Nous entrerons en démocratie lorsque Biya sera parti. Et puisque nous y sommes, permettez moi de vous rappeler la position de la diaspora au sujet de Mr Biya: c’est un Diable dans une église. Et l’église c’est la maison de Dieu et celle de ses enfants. Chaque enfant de Dieu doit unanimement contribuer au chassement du diable pour purifier la maison. Celui qui au lieu de le combattre s’évertue à aller lui prêter sa voix pour lui dire de rester dans la maison de Dieu devient un ami du diable et un ennemi de Dieu et de ses enfants. Pour cela, il doit être combattu au même titre que le diable. Voilà la position de la diaspora. Personne n’avait le droit de voter ou d’appeler à voter pour monsieur Biya à cette élection particulière; personne n’avait le droit d’être son ami. On vous demandait juste d’être les amis des quatres petits enfants qui sont morts hier de choléra à l’extrême-nord ; d’être les amis de ces enfants qui n’ont de source que des flaques d’eau sur la route; d’être des amis de ses femmes qui se font violer par des thuriféraires de monsieur Biya qui sait les protéger ; d’être des amis des femmes qui meurent dans nos hôpitaux faute de moyens pour se faire accoucher; d’être des amis des enseignants qui font cinq ans sans salaire et qui n’ont pas le droit de se plaindre, d’être les amis de ces soldats qui ont leur prime dans l’estomac de leur patron, de nos frères en zones anglophones qui souffrent. Vous avez choisi à la place de soutenir celui qui est à l’origine de tous ces maux, toutes ces misères. Vous trouvez que c’était cela votre droit? Tant mieux, assumez vos choix. Vous êtes soi derrière soi devant nos canons c’est tout!
En tant que chanteuse, votre rôle n’est pas de véhiculer des messages à tendance pornographique; la situation des minorités invisibles doit pouvoir vous préoccuper. Tenez par exemple en Tunisie un musicien, pour lutter contre la saleté est allé se produire au milieu d’une poubelle. Ce sont les policiers de la ville qui ont immédiatement couru pour la nettoyer. Voilà comment on peut se servir de son art pour aider une société malade. Biya est comme ce cancer sur le sein d’une femme et au lieu d’agir en médecin vous avez choisi de vous comporter comme des carcinogènes. Assumez! Nous on ne soigne pas un cancer avec une substance carcinogène. La démocratie c’est aussi d’assumer le choix que l’on fait Norh? Lorsqu’ils ont appelé le père de votre confrère Valséro pour le menacer de mort à cause des choix de son fils où étiez-vous ? Il a assumé Norh ? Lorsqu’ils ont envoyé une moto heurter Petit Pays à cause de son album renaissance il a assumé Norh?
Vous êtes de très mauvais calculateurs et vos choix prouvent à suffisance que vous ne vous êtes jamais intéressés à la situation de vie des camerounais, à leur ras-le-bol ; sinon vous n’auriez pas osé. Vous avez eu le temps en 1997, 2004, 2011 de soutenir monsieur Biya parce que le peuple dormait. Aujourd’hui il est très éveillé. Nous allons vous boycotter sévèrement !! Et nous savons que ça vous fait mal. Qui achète vos disques là-bas au pays? À peine vous les avez sortis qu’un petit pirate s’en est approprié. Il les vend à 300 francs, 500 au trop. Seuls les concerts vous donnent de quoi manger on le sait ; on sait ce qu’on vous rapporte. En deux semaines ici votre minimum de gain c’est trente mille euro. Vous allez encore prendre çà où ? C’est fini! Allez chanter à Etoudi ou à Mvogmeka où il est actuellement. Lorsque Maurice Kamto prendra le pouvoir que le peuple lui a donné il vous restituera votre légitimité parce que c’est un homme bon qui a un grand projet pour la culture. Mais en attendant, nous allons vous boycotter. C’est notre façon de tuer le cancer. J’ai été heureux tout de même que vous vous retourniez vers Maurice Kamto pour crier votre indignation et lui demander de prendre ses responsabilités. Cela veut dire que quelque part dans votre tête il y’a cette vérité qu’il est le président de la République du Cameroun. C’est à lui qu’il revient de résoudre ces problèmes; mais dites le lui clairement !
— la deuxième précision concerne la femme de son excellence, Madame Julie Kamto. Vous lui demandez de démissionner du gouvernement de Paul Biya. Bah, ce n’est pas Paul Biya qui l’emploie, c’est bien le contribuable camerounais et le contribuable camerounais c’est nous. Les gouvernements passeront mais tant que madame Julie aura l’âge requis, elle continuera d’exercer ses fonctions comme elle l’a toujours fait. Paul Biya est un autre employé que nous avons chassé pour sa médiocrité et son incompétence. Il partira avec sa clique de serial-menteurs et serial-détourneurs; madame Julie n’en fait pas partie. Elle est comme beaucoup d’autres, ces petits points blancs que nous voyons dans le noir, tels de signes d’espoir de ce que rien n’est totalement perdu. Aucun fonctionnaire ne travaille pour Biya ; ils travaillent tous pour nous. Ceux qui voyaient déjà la fonction publique comme une entreprise exclusivement familiale doivent bien se mettre çà dans la tête. Elle n’a donc pas à démissionner parce qu’elle nous sert très bien par son travail.
J’en ai terminé madame la chanteuse; il paraît que vous avez un concert ces jours à Paris et que vous avez juré de le faire par tous les moyens ? Bonne chance. Vous direz aux policiers français pourquoi vous vendez de la coc dans leur pays!
Kand Owalski

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