Monsieur Paul BIYA,Chef de l’Etat

PRENEZ LE TRAIN DU CHANGEMENT (*)

      Illustrissime Président,

  Dans le monde d’aujourd’hui, à la place de faire l’apologie de la colonisation, de continuer à se soumettre au Maître d’hier, l’on s’accorde à dire que la colonisation est une succession de crimes ; il faut qu’on se le dise : UN POINT C’EST TOUT.

    Illustrissime Président,

Vous entretenez, des relations étroites avec les présidents français qui viennent tour à tour au Cameroun pour vous adouber, François MITTERAND, Jacques CHIRAC, François HOLLANDE, Nicolas SARKOZY …

‘’’Oui, La France est aux côtés du CAMEROUN face aux menaces qui peuvent le concerner avec le groupe djihadiste du BOKO HARAM’’, déclarait en son temps le Président HOLLANDE. Cette rassurante convention de sécurité ne vous a pas empêché de vous rapprocher de la Russie, vous souvenant sans doute de la leçon du général de GAULLE, ‘qu’en politique il n’y a pas d’amis mais que des intérêts’’.

Si nous étions un pays comme la France, où la liberté d’opinion tout comme la liberté d’expression sont des dogmes, un pays où le citoyen est libre de dire ce qu’il pense, vous entendrez vos compatriotes dire comme cette dame à qui un micro a été tendu dans la rue

 ‘’Je ne supporte plus ce Président qui n’a aucune légitimité et qui est entrain de ruiner la France, de piétiner ses valeurs, de piétiner son histoire, de piétiner les gens et ça, ça suffit et Maintenant, on veut qu’il parte et qu’il parte vite’’

La France profonde exige la démission de Macron, son Président.

Y arriverons-nous, Nous aussi un jour ?

Quand le maquis se logeait en ‘’pays Bassa’’, tout le monde a pu voir le degré de la maltraitance à laquelle l’armée française, aidée en cela par ses ‘’alliés de l’ombre’’, certains de nos compatriotes, dont nos historiens découvriront un jour les visages, soumettait nos populations villageoises. Cette maltraitance allait grandissante, lorsque contraint et forcé, le maquis s’est déporté en ‘’pays Bamiléké’’. Ce n’est pas l’illustre   Chef SOKOUDJOU qui me démentirait, lui qui, dans sa chair, a subi de cette armée française des traitements dégradants, inhumains d’une cruauté qui frisait la barbarie.

 Très Illustre Président Paul BIYA, l’homme que ses thuriféraires appellent ou qualifient de ’’Président le plus sage au monde’’ et qui se qualifie lui-même de ‘’mendiant de la paix’’, ce qui n’est guère plus élogieux,        PRENEZ LE TRAIN DU CHANGEMENT

Comme disaient les romains ’du pain et des jeux’’ et les chinois de surenchérir ‘’donnez-moi un poisson, je mangerai un jour, apprenez-moi à pécher et je mangerai toute ma vie’’.

Voilà, Monsieur le Président, ce que vos compatriotes attendent de vous, et non le fruit de cette diversion que vous font gober chaque jour ceux qui vous laissent naïvement croire qu’ils donneraient de leur vie pour vous défendre, alors qu’en réalité, ils se cachent derrière leurs forfaitures qu’ils savent qu’elles leur ouvriraient directo et sans autres formes de procès  les portes de NKONGDENGUI.

La France a mené entre 1948 et 1971 une guerre au Cameroun pour anéantir l’UPC, un parti politique qui réclamait l’indépendance de son pays, et revendiquait la démocratie. Elle nie avoir mené cette guerre parce qu’elle en a honte, elle ne saurait y tirer de la gloire, elle qui se veut un pays des libertés et des droits de l’homme. Ainsi, aura-t-elle laissé sur les carreaux des milliers de morts qui troublent sa conscience et qui ne l’honorent pas. Elle en est arrivée à entretenir un mensonge d’Etat.

En AFRIQUE du Nord, l’Algérie a exigé et obtenu des excuses du gouvernement français pour les crimes atroces qu’elle y a perpétrés pour vaincre les poches de résistance qui réclamaient l’indépendance du pays.

Au Cameroun, Illustrissime Président, à quand des excuses de ce même gouvernement à la mémoire de nos morts, de nos villages décimés, des viols de nos femmes et autres maltraitances perpétrées ?

Ceux qui vantent les mérites de la loi, sont ceux-là même qui la piétinent et n’hésitent pas de clamer haut et fort que l’ordre règnera par tous les moyens.

« Lex dura Sed Lex »

  Devrons-nous, nous en tenir là ?

Le résultat est que nous vivons dans la torpeur. Nous n’osons pas exprimer nos ressentiments par crainte de représailles.

  • Croyez-vous sérieusement, Monsieur le Président, que ceux des hommes en uniformes qui assurent votre sécurité et celle de la République sont sans état d’âme quand ils piétinent les corps de leurs frères du village ou lorsqu’ils transportent ces corps dans les fosses communes où ils ne connaîtront jamais les funérailles à la hauteur de ce que furent leur vie sur la terre ? Qu’ils resteront à jamais indifférents devant les images de leurs villages désertés, des écoles et des hôpitaux brûlés, des femmes et des jeunes filles voguant sans refuge de village en village qui ne représentent rien dans leurs souvenirs  et qui, pour survivre, se livrent à la prostitution ? On y trouve même de jeunes filles violées âgées de dix ans.

Ne vous laissez pas berner dans l’illusion car ‘’l’œil était dans la tombe, il regardait Caïn’’

Il est temps que nous fassions valoir notre point de vue au-delà des nécessaires dénonciations et critiques des violences qui nous sont faites, des injustices dont nous sommes victimes. Mais nous ne le pourrons que si vous êtes à nos côtés, nous du peuple souverain. Qu’il nous soit permis de réfléchir ensemble.

De la réflexion jaillit la lumière.

Le vivre ensemble n’est pas un programme de gouvernement, mais l’enseignement de nos mœurs et coutumes. Il faut seulement savoir l’entretenir. Beaucoup dans votre entourage cultivent la division en vous laissant croire qu’ils cultivent le vivre ensemble. Savez-vous que dans un simple projet ou proposition de nomination, on peut y déceler des germes de division à la place du bonheur du vivre ensemble

Dans les années 90, un vent très fort a fait bouger les lignes dans l’univers. Il venait de la Russie soviétique. Il vous a contraint à restaurer la démocratie pluraliste.

J’étais dans le train qui tirait les wagons. Je m’en suis tiré avec une condamnatiom à  3 années de Prison ferme.

Mais contraint et forcé, vous avez restauré la démocratie pluraliste, respectant enfin notre loi fondamentale, mais le multipartisme à lui tout seul n’est pas la démocratie, il en faut plus, même si cela faisait partie de votre programme politique, si tant est que vous en aviez un, mais que votre entourage vous empêchait de mettre en pratique.

Aujourd’hui, il souffle un vent nouveau, plus fort que celui qui venait de l’Est. Il vient du Mali, du Burkina Faso, du Niger et dans une certaine mesure du Gabon voisin.

J’ai envie de vous rappeler ici cette déclaration du Président français Jacques Chirac rapportée dans le journal le Monde du 13 fevrier 2007 

« Nous avons saigné l’Afrique pendant quatre siècles, ensuite nous avons  pillé ses matières premières. Après on a dit ils (les Africains) ne sont bons à rien.

Au nom de la religion, on a détruit leur culture et maintenant, comme il faut faire les choses avec élégance, on leur pique leurs cerveaux, grâce aux bourses d’études. Puis on constate que la malheureuse Afrique n’est pas dans un  état brilliant, qu’elle ne génère pas d’élites. Après s’être enrichi à ses dépens, on lui donne des leçons »

A la suite de cette déclaration que tout esprit bien pensant peut qualifier d’invitation  à une prise de conscience, Très Illustre Président, pour moi comme pour nombreux de vos compatriotes, l’heure de l’éveil a sonné,n’attendez plus

pour prendre le train du changement.

          Le vent de la Liberté vous y pousse

Ce vent pose en revendication le problème du respect et de la prise en considération de la souveraineté de nos jeunes Etats longtemps soumis sous le joug colonial, le respect des valeurs humaines, droits et libertés que des Nations reconnaissent à l’homme, et sans vous les citer, vous les connaissez mieux que personne.

Un simple petit changement de mode de gouvernance suffit pour améliorer notre train-train. Pour l’heure, et sans qu’il s’agisse de mimétisme, ce changement vous invite à vous rapprocher du peuple souverain de qui vous détenez votre Pouvoir et d’être à son écoute. Vous êtes si loin de lui, que ne sachant vers qui aller pour la solution de ses problèmes, ’’la débrouille, système D’’ est devenu son mode de vie. Vous restez plongé dans une léthargie que l’on finit par se demander ‘’Au Cameroun, qui gouverne !’’.

 Des questions sont diverses, les préoccupations de vos compatriotes ne sachant vers qui aller, nombreuses et diversifiées ; ils vivent mal, croupissent dans une misère difficile à qualifier.

De qui attendre la solution à leur problème sinon de vous dans un pays qu’en politique, vous avez placé dans un régime présidentiel qui frise la monarchie, vous arrogeant en pratique l’exercice de tous les pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire)

Votre absence partout où le peuple souverain serait fier de vous voir à la tête tenir l’étendard est inquiétante.

Que faites-vous des jours heureux

Qu’il rêve de vivre sous votre gouvernance ?

Comment comprendre, comme on dit communément, là où passe la route le développement suit, que le pays, 60 ans après son accession dans le concert des Nations, n’ait pas de routes à la hauteur de ses moyens.

Vous arrive-t-il, Monsieur le Président, visionnant la télévision du pays, de voir vos hauts fonctionnaires, tous administrateurs civils principaux en sorties officiels, et à voiture, grosse cylindrée, dernier cri, embourbés dans des lacs qui se sont improvisés dans la chaussée des routes jamais entretenues, descendre de leur véhicule en tenue d’apparat, s’il vous plaît, pour aider à pousser ?

Vous vous révolterez, toute honte bue.

Le Cameroun est en droit d’espérer être le premier pays au monde à détenir de la bauxite, idéale pour la production de l’aluminium.

Il dispose de minerais de toutes sortes à donner l’envie à plusieurs pays au monde, de la forêt à faire des jaloux, des ressources humaines dont rêvent à avoir de nombreux pays, mais malgré tout cela, malgré toute cette richesse insolente, il baigne dans une misère qu’on a peine à qualifier.

Père de la Nation, pour peu que vous aimiez le Cameroun, si tant est que vous l‘ayez un jour aimé, il est temps, plus que temps qu’il sente votre présence par la pose des actions de redressement qui constituent la preuve que la récréation a duré.

Des milliards et des milliards de francs sortis illégalement des caisses de l’Etat doivent retrouver leur place sans délai et les auteurs de leurs détournements rendre gorge comme vous seul, savez si bien le dire.

 Des ressources humaines ? il y a là de quoi rougir de honte, si on venait à en faire l’inventaire dans des pays qui tirent avantage de l’expertise de nos compatriotes, sevrant le pays de ce qu’il est en droit d’attendre d’eux.

Il est triste, humainement sans amour pour le prochain dans un pays qui regorge de tant potentialités de voir dans une indifférence amphigourique des êtres humains, vos compatriotes donc, boire de l’eau qu’ils trouvent dans les nids de poules dans nos routes sans entretien et où les animaux se bousculent pour étancher, eux aussi, leur soif quand ils ne s’y libèrent pas de leurs besoins naturels. Le spectacle est désolant dans la partie septentrionale du pays.

   Il y a de quoi mourir de rire, tant le spectacle est ubuesque, invraisemblable et échappe à tout sens commun, de voir construire des stations de péages dans nos routes, juste là où des marres d’eau vous invitent à emprunter des pirogues pour continuer votre chemin.

Comment pouvez-vous connaître les réalités de ce pays-là ?

Monsieur le Président, tout cela vous échappe parce que vous vivez si loin des réalités du pays, un pays que vous ne visitez jamais, j’ai envie de dire que les peuples de votre deuxième pays, la SUISSE, je devrais dire le premier, vous connaissent mieux que ceux où votre cordon ombilical a été enterré, où vous n’êtes jamais en contact avec les populations.

Illustrissime Président

Regardez ce qui vient de se passer à MBAMNKOLO, une banlieue de la Capitale politique du pays, un lac artificiel dont un de vos ministres à vie est le promoteur. Débordé par le fait de trois journées de pluie diluvienne, il a entrainé des éboulements de sol et autres effondrements des immeubles  laissant sur les carreaux près de 300 morts et un village rasé. Alors que tout le monde s’attendait enfin à vous voir apporter votre soutien compatissant aux familles endeuillées, quelle n’a pas été notre déception d’entendre votre fanfaron de Ministre de l’intérieur clamer haut et fort, nous venons vous apporter des matelas, des couvertures et de la nourriture que le chef de l’Etat, dans sa générosité habituelle vous a ‘envoyés, et cela répété sans pudeur plusieurs fois telle une rengaine. Des frasques toutes aussi grossières qu’à contretemps de ce ministre. il en est  coutumier. Apporter des matelas, de la nourriture là où des corps sans vie jonchent les grabats des immeubles effondrés, et sans l’expression du moindre sentiment de compassion, on se croirait dans un autre monde.

 Ailleurs c’est le Chef de l’Etat en personne qui se déplacerait pour être le témoin privilégié de l’histoire et montré combien il est peiné de voir ce qui est arrivé à une partie du peuple dont il tire son pouvoir. Que vous ont-ils donc fait vos compatriotes pour ne pas mériter de vous cette chaleur affective que partout dans les démocraties, le peuple est en droit d’attendre de son Président, le Chef de l’Etat !

En 40 ans de pouvoir, jamais on n’a senti votre présence effective face aux catastrophes qui ont endeuillé le pays, et il y en a eu, le crash de l’avion de NGODI-BAKOKO, le déraillement du train d’ESEKA les éboulements de sol de Bafoussam, les effondrements des immeubles de Douala et d’ailleurs, et j’en passe. Vous semblez regarder tout cela de loin à la fois avec dédain et mépris. Votre place est-elle celle d’un Chef d’Etat dans une République démocratique ou celle d’un Roi fainéant d’une époque sans visage ?

De l’insécurité, c’est là un sujet tabou car l’absence de l’autorité de l’Etat a rendu tout possible. Nos villes et nos villages sont devenus une jungle où ne font la loi que les plus forts, les plus malins, les plus vicieux.

 A vrai dire, vous êtes tout simplement dépassé par un système maffieux que vous avez-vous-même généré. Et dans ce cas, Cher Mendiant de la Paix, veuillez passer le témoin avant que le vent fort qui souffle du Mali, du BURKINA FASO, du Niger, du Gabon ne vous emporte. Qui vivra verra. A bon entendeur, Salut !

(*) Me YONDO BLACK

Ancien Bâtonnier de l’ordre,Avocat au Barreau du Cameroun

Président du MSND

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