Les Etats-Unis viennent de voter un jour férié pour marquer la fin de l’esclavage. La date symbolique du 19 juin 2021 devient de facto un nouveau jour férié pour commémorer l’émancipation des derniers esclaves. Cet acte a pu être réalisé dans un rare moment d’union des républicains et des démocrates.

Le traitement brutal et inhumain des noirs aux Etats-Unis continue cependant sous d’autres formes plus subtiles. La police, la justice et le pouvoir politique détenu par les euro-américains ne manquent pas de subterfuges pour réduire cette population en citoyens de seconde zone. Nous comprenons donc pourquoi la lutte des noirs américains continue pour recouvrer leurs droits élémentaires de citoyens.

Mais il faut reconnaître que l’Amérique a élu un président issu des minorités et noir de surcroît. La vielle Europe, berceau des lumières aurait-elle eu le courage de plébisciter un homme issu des minorités ou descendant de l’esclavage ? Sans hésiter, je répondrais non !

L’Europe, au cœur de l’esclavage en Afrique, n’est toujours pas capable de reconnaitre son passé sans gloire qu’elle considère comme civilisatrice. Cette Europe continue à moraliser les pays pauvres. Elle donne des leçons de démocratie aux pays de l’ancien bloc soviétique où la tentation des gouvernances dictatoriales restent très forte.

La Grande Bretagne, à travers son histoire coloniale, a su se retirer de ses anciennes colonies à qui elle a accordé une indépendance « totale », politique, économique et monétaire. Malgré un passé très douloureux, les anglais ont établi un partenariat respectable avec ses colonies d’hier et ils se gardent d’interférer dans leurs choix politiques. Les pays anglophones d’Afrique ont une maturité politique que leur envie les pays francophones d’Afrique. Ils ont réussi à couper le cordon ombilical qui les reliait à la Grande Bretagne. Ils volent avec leurs propres ailes tout en intégrant librement le Commonwealth qui est un espace de liberté et de convivialité.

En finir avec la françafrique

Le vocabulaire usuel comporte des ajustements qui nous réservent des surprises que nous finissons par intégrer dans la mémoire collective. C’est le cas du mot « Françafrique » qui se réduit à la contraction de la France et de toutes ses anciennes colonies françaises en Afrique. En résumé, la françafrique regroupe deux entités: la France et toutes ses anciennes colonies d’Afrique.

De ce point de vue, était-il donc important d’accorder des indépendances à chaque territoire ? Est-ce parce que les positions géographiques des différentes colonies ne permettaient pas de les réduire en un seul morceau ?

Depuis ces indépendances étriquées, la France a la main mise sur chaque « colonie » qu’elle garde et contrôle jalousement. Elle fait élire des hommes de son choix à la tête de chaque pays où le bourrage des urnes est devenu un sport favori. Ce mode de gouvernance est aujourd’hui décrié. Les anciennes colonies françaises d’Afrique sont devenues des « pré-carrés » où la France impose une monnaie factice qui ne permet aucun développement économique et social.

Cette françafrique n’est plus supportable pour la jeune génération qui découvre le monde libre à travers la lecture, les médias, la télévision et surtout à travers les voyages hors des frontières africaines.

La françafrique a eu ses heures d’errements. Elle n’a pas su mettre fin à une gabegie qui a assassiné froidement des femmes et des hommes épris de liberté. Elle a poursuivi, après les indépendances des pays africains, une politique d’assistanat et de soumission en faisant élire des eunuques serviles pour mieux protéger ses intérêts égoïstes.

Contrairement à la Grande Bretagne, la France n’a jamais remis en cause ses faiblesses dans sa relation avec ses anciennes colonies. Elle s’est toujours trouvée trop belle. Elle est aujourd’hui rattrapée par une jeunesse africaine qui dénonce une politique néocoloniale à bout de souffle.

Le président français, Emmanuel Macron, poursuit à si méprendre, la politique de ses prédécesseurs. Et malgré son universalisme affiché, Il condamne au Mali un coup d’Etat sans effusion de sang. Au Tchad, il conforte des putschistes qui ont assassiné un président « fraîchement élu ». Pour les analystes politiques, il y a là deux poids et deux mesures. Est-ce la meilleure manière de rassurer une jeunesse africaine éprise de liberté ?

La françafrique est à bout de souffle. Elle est indubitablement condamnée. Nous ne pouvons que lui souhaiter des funérailles sans fleurs ni tambours. En effet, Emmanuel Macron ne saurait retarder une mort imminente en multipliant les sommets de francophonie. La rupture doit être immédiate. Les points de discorde sont nombreux dont la fin du franc cfa, la monnaie de la discorde et de la servitude. Ce constat est largement partagé par l’opinion mondiale qui s’attend à une nouvelle définition de la relation de la France avec ses anciennes colonies.

Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant

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