Par Michel Lobé Etamé

Il ne fait pas bon d’être opposant politique au Cameroun de Paul Biya car c’est une posture vivement critiquée par les parlementaires du RDPC et les chefs coutumiers habitués aux prébendes du chef de l’État. Il en résulte un climat de suspicion. En parallèle, les défilés de soutien à Paul Biya viennent rappeler qu’aucune voix discordante ne saurait troubler un régime vacillant.

Dans un système où le débat public est confisqué, l’opposition a-t-elle une opportunité de se faire entendre ? Le dialogue contradictoire n’est pas possible. Les chantres du monopole de la vérité depuis une quarantaine d’années ne sont pas disposés à tirer leur révérence. Les échecs successifs sur le plan politique, économique et social ne sauraient les ramener à la raison. Plutôt le chaos qu’un transfert de pouvoir pacifique par les urnes.

Mais, il faut le rappeler, la victoire par les urnes n’est pas possible dans un système vicié où les urnes sont d’avance bourrées. Les conséquences sont observables : la classe politique est crispée. L’immobilisme paralyse depuis des décennies toutes les initiatives courageuses et osées de ceux qui veulent entreprendre.

Les observateurs de la vie politique au Cameroun sont crispés car la place est à l’émotion et non à l’action. Une attitude qui trahit nos faiblesses et qui confirme le manque d’entrain du pouvoir à proposer des solutions pour sortir du climat délétère qui prévaut aujourd’hui dans notre beau pays.

L’image d’un Cameroun sans feuille de route se confirme. La démocratie est la grande perdante dans un climat de doute où les vérités et les mensonges se côtoient. Dans notre monde hyper médiatisé, le mensonge circule aussi vite que la vérité. Les deux camps sont régulièrement aux startings blocks, chacun peaufinant avec véhémence ses stratégies. Le peuple est le grand perdant d’un combat qui ruine silencieusement les populations.

L’image d’un Cameroun aux abois circule à travers les réseaux sociaux et la presse traditionnelle. Une image écornée par les prisons en feu, l’intervention violente et aveugle des forces de l’ordre et du désordre, la révolte des prisonniers…

Ce triste spectacle n’honore pas un pays que la nature a doté de tant de richesses et que le pouvoir en place vilipende. L’opposition est diabolisée. Elle est montrée du doigt. Elle est disqualifiée pour avoir dénoncé les abus du pouvoir, la corruption, le népotisme et la gabegie de ceux qui continuent à gouverner.

La culture démocratique en prend un coup. Elle est bâillonnée. Les événements en cours vont se poursuivre. La case prison n’est jamais la bonne solution. C’est pourquoi il faut libérer Maurice Kamto, Christian Ekoka, tous les membres du MRC et les « séparatistes » anglophones. Avec un peu de courage politique, Paul Biya devrait conclure une armistice générale avec tous ceux qui ont choisi la voie des armes.

Le climat politique n’est plus idéologique au Cameroun. Seuls les chantres de la spoliation des biens publics se font entendre. Ils ont peur de la suite qui va arriver bientôt et qui verra aux commandes des femmes et des hommes prêts à servir loyalement leur pays. Un Cameroun qui mérite mieux et dont les enfants aspirent à la paix et au développement économique et social inclusifs.

La multiplication des scandales financiers, les polémiques et le comportement hautin des dirigeants exaspèrent tous ceux qui se lèvent le matin pour travailler honnêtement pour mériter leur salaire. Ce Cameroun profond et responsable souhaite la fin des hostilités et la « vacance du pouvoir » observée.

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste

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