Le monde occidental fait preuve d’une solidarité sans faille sur la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine. Dans l’approche diplomatique en cours, au sein de l’Europe, une nation, en l’occurrence la Russie, a déclaré la guerre à une autre nation européenne souveraine. L’Occident, bien habitué à déclencher les guerres hors de ses bases originelles pour assoir sa domination du monde ne supporte pas cette outrance. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les guerres se déroulent hors des frontières de l’Occident où l’on peut tester les dernières armes de destructions massives. Ces contrées éloignées se trouvent en Asie, au Proche-Orient ou en Afrique. Mais cette fois-ci, la guerre s’installe, une fois de plus, dans une Europe que l’on croyait à l’abris de la barbarie. Cette guerre est un frein à la domination programmée et sans partage des pays dits pauvres. La guerre est retour en Europe. Un véritable camouflet à un moment où les foyers de tension dans le monde n’émeuvent plus personne. Les armes se vendent bien, de nouvelles bases militaires voient le jour et les pays embrasés se soumettent sans broncher. Vent debout, l’Ukraine est inondée d’armes et de matériel de guerre pour venir à bout de son agresseur. Une aubaine et une preuve de solidarité sans faille des maitres du monde. La diplomatie occidentale est plus que jamais active. Tous les gouvernements se rendent à Kiev et ils mettent à leurs services tous les organismes relevant de l’ONU. Ils rivalisent de promesses. Des avions de guerre dernières générations, des tanks, des bateaux de guerre, des munitions à profusion, des instructeurs et même des volontaires. Nous sommes dans une cyber guerre. Jusqu’où irons-nous ?Et la pauvre République Démocratique du Congo ? Depuis le début de cette guerre, l’Afrique a envoyé des émissaires en Ukraine. Les plus remarqués sont le président de la Guinée Bissau et Macky Sall du Sénégal. Pour éviter les émeutes de la faim de triste mémoire, l’accord avec la Russie sur l’exportation du blé ukrainien vers l’Afrique est vital. Dans un discours bien huilé, Macky Sall du Sénégal a justifié sa démarche. Mais celle-ci interroge tous ceux qui pensent encore à la fierté d’un continent volontairement soumis à la mendicité alors qu’il détient 65% des terres arables du monde. La solidarité occidentale devrait interroger les dirigeants africains. En effet, une guerre similaire se déroule actuellement en République Démocratique du Congo. Ce pays, réservoir de matières premières, est violé, pillé et escamoté par le Rwanda qui a créé une armée de mercenaires tels Mozart ou Wagner : le M23.La République Démocratique du Congo est agressée par le Rwanda et l’Afrique se tait. Personne n’ose dénoncer l’agresseur ni aider la RDC à recouvrer ses droits. Que propose-t-on à la RDC ? Elle n’a droit qu’aux touristes de la Minusca régulièrement dénoncés pour des abus sexuels. Le monde dit libre ne peut que se réjouir du silence de l’Afrique. Il est à l’origine de cette guerre qui lui profite pour piller, en toute impunité, les matières premières. Les mêmes maux n’ont-ils pas droit aux mêmes remèdes ? Vous me direz que c’est l’Afrique ! Seules ses richesses intéressent les multinationales. La vie humaine n’a aucune importance. La République Démocratique du Congo doit défendre son intégrité territoriale. Elle est abandonnée à son sort alors que l’Ukraine croule sous les armes. Aucun pays frère ne lui propose ses services. Elle doit lutter contre des adversaires suréquipés. Et cela ne gêne personne. La jeunesse africaine, confrontée aux problèmes qui minent le développement du continent dénoncent ce deux poids deux mesures. Elle dénonce avec vigueur ses dirigeants qui ont choisi la servitude alors qu’un élan de solidarité devrait les réunir. Un silence complice et coupable s’ajoute à l’irresponsabilité des dirigeants africains au centre de tous les débats. La guerre en RDC ne peut laisser les africains indifférents. La souveraineté et la solidarité sont ainsi bafouées. Comment sortir des griffes de nos prédateurs si nous ne parlons pas d’une même et seule voix ? Les défis sont nombreux et la jeunesse veut les affronter sans complexe. Mais un nouveau handicap vient saper ses efforts : l’épuisement de leur santé morale.Courage ! Car, on a beau le dire, depuis les indépendances étriquées de l’Afrique, cette jeunesse est aux avant-postes des luttes de libération contre ses oppresseurs. Cette lutte sans merci oppose aussi la jeunesse africaine à ses propres dirigeants serviles, soumis et malléables.
Michel Lobe Etame
Journaliste indépendant
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