L’élection des Maires au Cameroun est un événement patriotique et un vœu profond qui met fin au parachutage doré des Délégués du Gouvernement décriés. Mais elle a donné lieu à des paradoxes entre le discours officiel et rassembleur du RDPC et les choix des futurs Maires. Ces choix ont été effectués au mépris de la démocratie la plus élémentaire que les membres usuels du parti ont dénoncé plutôt. Mais c’est Yaoundé qui décide. Et ses choix ne se discutent pas.  

Être membre du parti au pouvoir ne donne pas tous les droits. Les choix prémonitoires des caciques du parti ont éteint les velléités de changement pour ceux qui croyaient encore que le parti prendrait en compte la volonté populaire pour mettre fin à une politique clientéliste du parti des flammes.

À Yaoundé, à Douala, à Garoua ou à Ebolowa, les descentes musclées des hauts dignitaires du parti présidentiel dont le discours menaçant s’adressait aux contestataires ont étouffé toutes les tentatives de rébellion. Les cooptations ont été préparées depuis de longues dates pour faire émerger les pourfendeurs de la démocratie représentative. Les droits du petit peuple ont encore été bafoués.   

Le parti-État-RDPC a été obligé de déployer ses tentacules pour mettre fin à une rébellion qui voulait en découdre. Les menaces étaient claires : tous ceux qui s’opposeraient aux choix du parti devraient en assumer les conséquences. Avec pédantisme, les interlocuteurs ne mâchaient pas leurs mots. Il fallait légitimer les choix arbitraires. 

Les interférences malsaines du pouvoir

Organiser les élections est un vœu cher à un peuple épris de liberté. Ces élections traduisent la maturité du citoyen et son droit de choisir librement celles ou ceux qui conduiront les politiques qui obéissent à un programme électoral défini à l’avance. Les élections des Maires étaient attendues. Pour beaucoup, elles mettraient fin au règne arbitraire savamment orchestré par le pouvoir. Un pouvoir dont le seul but est de régner, de perdurer et d’étouffer toutes les velléités de changement.

Or à ce jour, le simulacre d’élections continue. Les artistes n’ont fait que changer de costume. Mais les femmes et les hommes sont toujours les mêmes. Un changement est-il possible dans un contexte aussi muselé ? Ces élections constituent, à n’en pas douter, un bal des hypocrites.

Le rôle d’une opposition responsable peut encore faire bouger les lignes. Le Cameroun est entré dans une nouvelle ère de prise de conscience. Le citoyen découvre à loisir ses droits et ses devoirs. Il peut s’appuyer sur de nouveaux courants de pensée à sa portée. La prolifération des médias en est la parfaite illustration. Mais il faut séparer la bonne graine de l’ivraie.

Il faut de nouvelles têtes

L’usure du pouvoir conduit inéluctablement à la faillite d’un système. C’est l’occasion rêvée pour une opposition. Mais elle doit rassembler tout le monde et ne pas s’appuyer sur une tribu ou sur des affairistes prêts à toutes les manœuvres pour préserver leurs biens mal acquis.

L’émergence d’une femme ou d’un homme peut permettre une transition pacifique. Elle peut aussi conduire à mettre fin à une guerre qui oppose des sœurs et des frères d’un même pays. Le Cameroun est en guerre. Il faut mettre fin à cette mascarade qui ruine les finances du pays et qui répand un climat anxiogène. L’image du pays est écornée.  

Une nouvelle tête existe-t-elle ? Oui ! Car les têtes ne manquent pas. Ce qu’il faut préserver, ce sont les institutions que les dictateurs tripatouillent à merveille. Les pourfendeurs de la démocratie, très actifs, combattent le changement et l’avènement si proche d’un nouveau pouvoir. La peur se lit toujours dans leurs camps. Le pouvoir en place a au moins réussi une chose : diviser et semer la peur pour s’éterniser. 

Par Michel Lobé Étamé

Journaliste

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