(texte)

Lorsque j’étais tout petit, dans la ville de Nkongsamba, certains jours de la semaine, nous avions une sirène qui sonnait dans toute la ville à 12 heures.

Les adultes à qui nous, enfants, avions posé la question de savoir ce que cela signifiait nous avaient répondu que c’était une sirène installée par les colons français, pour indiquer qu’il était 12 heures et que le travail s’arrêtait, pour la pause et la sieste de midi pour les employés coloniaux.

Maintenant que nous étions devenus un pays indépendant, pourquoi cette sirène continuait-elle de sonner sans qu’on connaisse son utilité ?

La réponse des plus surprenante était qu’avant de rentrer chez eux, les colons français avaient refusé de nous dire comment on éteignait leur sirène. Et nous voilà à écouter la sirène régulièrement.

Il faudra attendre quelques années plus tard, pour qu’arrivant en Italie, à l’Université que je fasse un cours dénommé l’économie de la vie, pour que je découvre que la sirène de Nkongsamba en réalité faisait partie de l’exercice d’alerte périodique et permanent au service des Français habitant Nkongsamba, pour apprendre à recevoir des instructions de l’administration publique coloniale française et savoir quoi faire en cas de catastrophe qu’elle soit naturelle ou causée par l’erreur humaine.

En d’autres s’il y avait un tremblement de terre à Nkongsamba, les colonisateurs savaient quoi faire pour se protéger et personne des colonisés ne savait même qu’en réalité, la sirène était un exercice pour sauver une seule partie de la population, les bourreaux.

Une fois arrivé à Kekem, pour y effectuer ma dernière année d’école primaire, on avait régulièrement des inondations, provenant du fleuve Nkam qui sortait de son lit et inondait le petit village. Que fallait-il faire durant chaque inondation ? Personne de nous ne savait quoi faire, parce que le gouvernement apparemment ne savait lui non plus ce qu’il fallait faire. On savait juste qu’après chaque inondation à Kekem, les Blancs nous aurait envoyé des sacs de riz.

Des années sont passées.

EN SUISSE

J’ai appris en Suisse, pays avec le plus grand nombre de barrages hydroélectriques en Europe, on n’y construit aucun barrage sans y incorporer un système dit d’alerte précoce de la population en y intégrant toutes les populations en aval de tout le parcours que prendrait le flot d’eau en abondance en cas de rupture du barrage, à cause d’un tremblement de terre, d’une intempérie ou d’une faute humaine.

Il y a un nom que tous les spécialistes suisses de l’alerte précoce de la population connaissent, c’est Kockum Sonics.

Kockum Sonics, entreprise créée en 1961, est comme affirmé sur leur site internet, « le premier et le seul fabricant et fournisseur des systèmes d’alarme-eau pneumatique en Suisse selon la décision du Département Militaire Fédéral Suisse ».

Ses sirènes d’alarme et d’alerte dénommées TYFON Tremulator équipent plus de 1200 municipalités suisses, comme alarme pour les pompiers.

Dans ce pays, la Suisse, il y a l’Office fédéral de la protection de la population OFPP dont le rôle est : « d’aider les offices fédéraux, les cantons et les organisations partenaires de la protection de la population à se préparer pour faire face aux risques collectifs et à gérer des événements ».

Une fois par an, on teste en Suisse l’alarme générale à une date précise annoncée d’avance, entre 13h30 et 14h00 et l’alarme-eau entre 14h00 et 16h30.

Le prochain test national des sirènes en Suisse aura lieu le 5 février 2025.

A cette occasion, toutes les radios et télévisions qui ont obtenu l’autorisation de s’adresser directement à la population suisse sont obligées d’interrompre toutes leurs transmissions pour passer le message que l’Office fédéral de la protection de la population a préparé en sonore pour elles, comme indiqué dans l’article 9 de l’ordonnance du 9 mars 2007 sur la radio et la télévision, ORTV en Suisse.

Cet article 9 est clair : toutes les radios et télévisions qui diffusent en direct vers les Suisses doivent non seulement arrêter tous leurs programmes pour diffuser l’alerte des autorités, mais le faire, même pour les simples exercices.

Source : https://www.babs.admin.ch/fr/documents-dalarme-et-dinformation

Si un pays africain veut lancer une alarme à sa population, que fait-il de ceux toujours nombreux qui écoutent les radios et télévisions étrangères sur qui les pays gouvernements africains n’ont aucun levier pour les obliger à interrompre leurs émissions pour passer l’exercice sur l’alerte de sa population ?

Hier mardi 17 septembre 2024.

La télévision française France24 annonce le communiqué des autorités maliennes sur l’attaque d’une école de gendarmerie et d’un aéroport militaire, par les terroristes islamistes.

Le correspondant de France24, dans un ton arrogant et condescendant qu’on leur connait, dit qu’il doute du communiqué des autorités maliennes et que ce n’est pas vrai qu’elle aurait la situation sous-contrôle.

Pire, la télévision publique française donne la lecture du communiqué des autorités maliennes, suivi par le communiqué des terroristes.

Imaginez si après les tueries islamistes du Bataclan à Paris en 2015, au lieu de s’en tenir au communiqué officiel des autorités françaises, les télévisions diffusant pour les populations françaises refusaient de collaborer à la décision des autorités non seulement de faire face au danger, mais à calmer la population et éviter toute panique, pour donner les communiqués incendiaires des auteurs des tueries.

France24 dit :

Des hommes armés ont attaqué une école de gendarmerie ainsi qu’une base aérienne de l’armée. L’armée malienne a déclaré en fin de matinée avoir repris le contrôle de la situation (…)

“La situation a rapidement été maîtrisée, tous les sites sont sous contrôle”, dit l’état-major dans un communiqué lu à la télévision nationale. “Le ratissage de la zone se poursuit” (…)

“Une opération spéciale (a ciblé) l’aéroport militaire et le centre d’entraînement des gendarmes maliens au centre de la capitale malienne (Bamako) ce matin à l’aube, causant d’énormes pertes humaines et matérielles et la destruction de plusieurs avions militaires”, a dit le JNIM (groupe terroriste) via ses canaux de communication.

Source : https://www.france24.com/fr/afrique/20240917-mali-attaque-contre-un-camp-militaire-tirs-et-explosions-%C3%A0-bamako

Pourquoi les pays africains peuvent-ils accepter ce que la France n’accepte pas sur son propre territoire ?

EN FRANCE

J’ai appris pourquoi une radio étrangère ne peut pas émettre en Modulation de Fréquence (FM), comme c’est le cas dans mon pays le Cameroun, où la radio publique française RFI émet pourtant en FM dans toutes les villes et villages de mon pays.

La raison tient au fait qu’en France, il existe deux radios : Radio France-Info et Radio France Bleu qui sont les canaux de communication officielle du gouvernement français avec sa population, en cas de calamité naturelle, pour les alertes précoces.

Et à ce dispositif, il faut ajouter toutes les autres radios locales qui sont tenues à ce devoir de service public de diffuser les alertes et permettre aux populations de prendre connaissance des consignes diffusées par les autorités, comme par exemple, les inciter à ne pas sortir chez elles, à se rendre à un endroit de regroupement ou à aller prendre les enfants à l’école.

J’ai ainsi appris avec plus de détails les vraies raisons de notre fameuse sirène de Nkongsamba. Car dans ce pays, on enseigne depuis l’école primaire à tous les enfants, comment interpréter les sirènes d’alerte précoce.

Aujourd’hui, la France a mis sur pied un nouveau système d’alerte précoce dénommée : Système d’Alerte et d’Information aux Populations (SAIP) qui remplace le Réseau national d’alerte (RNA) créé dans les années 1950 et dans lequel était incluse notre sirène coloniale de Nkongsamba.

Il s’agit non seulement d’intégrer les nouveaux risques, comme les accidents chimiques dans les usines, mais aussi pour intégrer les nouveaux moyens pour : “assurer l’information du plus grand nombre de personnes possibles (sirènes, automates d’appel, panneaux à messages variables, partenariats avec les radios et télévisions du service public)”.

Mais rien ne change sur les sirènes. Comme à Nkongsamba, “il se compose d’un son modulé, montant et descendant, de trois séquences d’une minute et quarante et une secondes, séparées par un silence de cinq secondes.”

La fin de cette alerte quand le danger est sous contrôle est annoncée par un signal continu de 30 secondes.

Aujourd’hui, par exemple, dans le département français de la Corrèze, tous les premiers mercredis du mois à midi, les sirènes sont activées pour l’exercice hebdomadaire.

La différence entre une sirène d’exercice et une vraie sirène d’alerte est que celle d’exercice ne se passe que les mercredis et ne dure, qu’une minute et quarante et une secondes.

Source : https://www.correze.gouv.fr/Action-de-l-Etat/Securite-et-protection-des-populations/Securite-Civile/Le-Systeme-d-Alerte-et-d-Information-aux-Populations-SAIP

En cas de tremblement de terre, d’inondation que doivent faire les populations du Cameroun devenu indépendant ?

Nous avons été très actif de copier l’économie coloniale du cacao et du café, mais avons ignoré l’économie coloniale de la vie, qui malgré toutes les critiques que nous pouvons formuler avec démarré un processus qu’il ne nous restait plus qu’à comprendre et à chercher à intégrer pour la protection de nos populations.

J’ai déjà écrit une leçon il y a deux ans, en 2022 au sujet des barrages hydro-électriques que nous demandons à la Chine de construire chez nous et qui n’intègrent à aucun moment du projet, la protection de la population en cas d’accident, en cas de la rupture de l’ouvrage.

Aujourd’hui, il suffit d’une petite inondation dans le nord du Cameroun pour qu’on découvre que rien n’a été prévu pour nos populations, en therme d’économie de vie. Que vont manger les populations déplacées ?

Tout le monde dans ce pays fait la polémique sur les 350 millions de francs cfa que l’état a débloqué pour les sinistrés alors qu’on a auparavant débloqué 2 millions de francs pour assurer le divertissement, le football, sans oublier les 600 milliards de francs du stade d’Olembe.

Mais le plus grave n’est pas là.

Il y a quelques années en Italie, je fournissait un client en machine d’emballage et en emballages plastiques pour produire les poches d’eau potable à conserver dans le sous-sol de la ville de Genève en attente d’une calamité.

Et ce qui m’avait touché dans l’histoire était que mon entreprise devait livrer une fois par an de nouveaux emballages à l’entreprise suisse. A ma grande surprise, j’ai appris que toutes les poches d’eau produites un an plus tôt allaient à la poubelle, puisque périmées. Et pour ne pas laisser les populations démunies en cas d’inondation, de tremblement de terre, ce stock devait continuellement être renouvelé une fois tous les ans.

Lorsque le gouvernement camerounais envoie 350 millions de francs, c’est pour acheter quoi à qui et qui soit déjà disponible en surplus ?

Il y a une dizaine d’années, en application d’un des principes d’économie de la vie, pour garantir la survie d’une partie de nos populations les plus vulnérables en cas de catastrophe naturelle, j’avais proposé au premier ministre du Cameroun, lors d’une rencontre, une collaboration d’intérêt réciproque entre l’Institut d’Etudes Géostratégiques (ieg) que je dirige et le gouvernement camerounais, pour peupler de 7 types de poissons les principaux cours d’eau et fleuves dans les régions sujettes aux intempéries.

Malgré toutes mes explications, le Premier Ministre n’a pas compris que lorsqu’il y a une catastrophe naturelle, comme l’inondation, la première conséquence est que la famine est souvent la première cause de mortalité, même des mois après l’évènement, parce qu’une inondation, détruit avant toute choses les récoltes ou les greniers abandonnant les populations sans voie de recours. Et c’est là qu’il faut que la solution arrive de la nature, des poissons en abondance qu’il faut alors avoir de ces cours d’eau.

Il s’agit de penser l’économie d’un pays, non pas seulement sous l’angle de la production de richesses, mais aussi et surtout de la protection vitale des populations surtout les plus démunies.

Le projet ne s’est jamais réalisé, faute d’avoir trouvé les meilleurs éléments pour convaincre mon interlocuteur de l’utilité d’une telle initiative, même pas seulement pour les moments difficiles des catastrophes naturelles, mais pour contribuer à augmenter le revenu des populations à travers une pêche alimentée régulièrement par des poissons issus de nos élevages pilotes sur tout le territoire national.

CONCLUSION

L’économie de la vie est une notion secondaire pour les gouvernements africains, alors que les Nations Unies nous disent que ce qui n’était qu’une possibilité, une éventualité il y a 30 ans, au sujet des catastrophes naturelles est aujourd’hui une certitude.

Dans cette certitude du dérèglement climatique, nous aurons toujours plus de catastrophes naturelles, plus d’inondations, toujours plus de flots de boues qui vont ensevelir les habitations. Ce qui va terriblement bouleverser la donne des économies de certaines régions de notre continent, exactement comme cela s’est déjà passé ailleurs.

Que faisons-nous comme communauté africaine, comme administrations africaines, pour anticiper ces mauvaises nouvelles qui vont arriver tôt ou tard ?

De combien disposons-nous de réserves de nourritures pour faire face aux intempéries ?

Où stockons-nous ces réserves d’eau et d’aliments pour nos futurs déplacés, victimes des catastrophes naturelles ?

Sommes-nous préparés à faire face efficacement aux prochaines catastrophes naturelles qui sont déjà annoncées ?

Jean-Paul Pougala

Mercredi le 18 septembre 2024

P.S : rappelez-vous de notre rencontre cet après-midi à partir de 14h30 pour la dernière phase de la séance gratuite de mise à jour de 2024, pour les diplômés de la Pougala Academy.

PPS : pour la formation Rinvindaf qui débute demain 19/09/2024 ici à Bafang, faites votre possible pour arriver à Bafang avant 18 heures, pour notre diner de bienvenue.

(Leçon d’intelligence économique et stratégique de Jean-Paul Pougala)

Rinvindaf Bafang-19 Jour J-1

Lorsque j’étais tout petit, dans la ville de Nkongsamba, certains jours de la semaine, nous avions une sirène qui sonnait dans toute la ville à 12 heures.
Les adultes à qui nous, enfants, avions posé la question de savoir ce que cela signifiait nous avaient répondu que c’était une sirène installée par les colons français, pour indiquer qu’il était 12 heures et que le travail s’arrêtait, pour la pause et la sieste de midi pour les employés coloniaux.
Maintenant que nous étions devenus un pays indépendant, pourquoi cette sirène continuait-elle de sonner sans qu’on connaisse son utilité ?
La réponse des plus surprenante était qu’avant de rentrer chez eux, les colons français avaient refusé de nous dire comment on éteignait leur sirène. Et nous voilà à écouter la sirène régulièrement.
Il faudra attendre quelques années plus tard, pour qu’arrivant en Italie, à l’Université que je fasse un cours dénommé l’économie de la vie, pour que je découvre que la sirène de Nkongsamba en réalité faisait partie de l’exercice d’alerte périodique et permanent au service des Français habitant Nkongsamba, pour apprendre à recevoir des instructions de l’administration publique coloniale française et savoir quoi faire en cas de catastrophe qu’elle soit naturelle ou causée par l’erreur humaine.
En d’autres s’il y avait un tremblement de terre à Nkongsamba, les colonisateurs savaient quoi faire pour se protéger et personne des colonisés ne savait même qu’en réalité, la sirène était un exercice pour sauver une seule partie de la population, les bourreaux.

Une fois arrivé à Kekem, pour y effectuer ma dernière année d’école primaire, on avait régulièrement des inondations, provenant du fleuve Nkam qui sortait de son lit et inondait le petit village. Que fallait-il faire durant chaque inondation ? Personne de nous ne savait quoi faire, parce que le gouvernement apparemment ne savait lui non plus ce qu’il fallait faire. On savait juste qu’après chaque inondation à Kekem, les Blancs nous aurait envoyé des sacs de riz.
Des années sont passées.

EN SUISSE
J’ai appris en Suisse, pays avec le plus grand nombre de barrages hydroélectriques en Europe, on n’y construit aucun barrage sans y incorporer un système dit d’alerte précoce de la population en y intégrant toutes les populations en aval de tout le parcours que prendrait le flot d’eau en abondance en cas de rupture du barrage, à cause d’un tremblement de terre, d’une intempérie ou d’une faute humaine.
Il y a un nom que tous les spécialistes suisses de l’alerte précoce de la population connaissent, c’est Kockum Sonics.
Kockum Sonics, entreprise créée en 1961, est comme affirmé sur leur site internet, « le premier et le seul fabricant et fournisseur des systèmes d’alarme-eau pneumatique en Suisse selon la décision du Département Militaire Fédéral Suisse ».
Ses sirènes d’alarme et d’alerte dénommées TYFON Tremulator équipent plus de 1200 municipalités suisses, comme alarme pour les pompiers.
Dans ce pays, la Suisse, il y a l’Office fédéral de la protection de la population OFPP dont le rôle est : « d’aider les offices fédéraux, les cantons et les organisations partenaires de la protection de la population à se préparer pour faire face aux risques collectifs et à gérer des événements ».

Une fois par an, on teste en Suisse l’alarme générale à une date précise annoncée d’avance, entre 13h30 et 14h00 et l’alarme-eau entre 14h00 et 16h30.
Le prochain test national des sirènes en Suisse aura lieu le 5 février 2025.
A cette occasion, toutes les radios et télévisions qui ont obtenu l’autorisation de s’adresser directement à la population suisse sont obligées d’interrompre toutes leurs transmissions pour passer le message que l’Office fédéral de la protection de la population a préparé en sonore pour elles, comme indiqué dans l’article 9 de l’ordonnance du 9 mars 2007 sur la radio et la télévision, ORTV en Suisse.
Cet article 9 est clair : toutes les radios et télévisions qui diffusent en direct vers les Suisses doivent non seulement arrêter tous leurs programmes pour diffuser l’alerte des autorités, mais le faire, même pour les simples exercices.
Si un pays africain veut lancer une alarme à sa population, que fait-il de ceux toujours nombreux qui écoutent les radios et télévisions étrangères sur qui les pays gouvernements africains n’ont aucun levier pour les obliger à interrompre leurs émissions pour passer l’exercice sur l’alerte de sa population ?
Hier mardi 17 septembre 2024.
La télévision française France24 annonce le communiqué des autorités maliennes sur l’attaque d’une école de gendarmerie et d’un aéroport militaire, par les terroristes islamistes.
Le correspondant de France24, dans un ton arrogant et condescendant qu’on leur connait, dit qu’il doute du communiqué des autorités maliennes et que ce n’est pas vrai qu’elle aurait la situation sous-contrôle.
Pire, la télévision publique française donne la lecture du communiqué des autorités maliennes, suivi par le communiqué des terroristes.
Imaginez si après les tueries islamistes du Bataclan à Paris en 2015, au lieu de s’en tenir au communiqué officiel des autorités françaises, les télévisions diffusant pour les populations françaises refusaient de collaborer à la décision des autorités non seulement de faire face au danger, mais à calmer la population et éviter toute panique, pour donner les communiqués incendiaires des auteurs des tueries.
France24 dit :
Des hommes armés ont attaqué une école de gendarmerie ainsi qu’une base aérienne de l’armée. L’armée malienne a déclaré en fin de matinée avoir repris le contrôle de la situation (…)
“La situation a rapidement été maîtrisée, tous les sites sont sous contrôle”, dit l’état-major dans un communiqué lu à la télévision nationale. “Le ratissage de la zone se poursuit” (…)
“Une opération spéciale (a ciblé) l’aéroport militaire et le centre d’entraînement des gendarmes maliens au centre de la capitale malienne (Bamako) ce matin à l’aube, causant d’énormes pertes humaines et matérielles et la destruction de plusieurs avions militaires”, a dit le JNIM (groupe terroriste) via ses canaux de communication.
Source : https://www.france24.com/fr/afrique/20240917-mali-attaque-contre-un-camp-militaire-tirs-et-explosions-%C3%A0-bamako

Pourquoi les pays africains peuvent-ils accepter ce que la France n’accepte pas sur son propre territoire ?

EN FRANCE
J’ai appris pourquoi une radio étrangère ne peut pas émettre en Modulation de Fréquence (FM), comme c’est le cas dans mon pays le Cameroun, où la radio publique française RFI émet pourtant en FM dans toutes les villes et villages de mon pays.
La raison tient au fait qu’en France, il existe deux radios : Radio France-Info et Radio France Bleu qui sont les canaux de communication officielle du gouvernement français avec sa population, en cas de calamité naturelle, pour les alertes précoces. Et à ce dispositif, il faut ajouter toutes les autres radios locales qui sont tenues à ce devoir de service public de diffuser les alertes et permettre aux populations de prendre connaissance des consignes diffusées par les autorités, comme par exemple, les inciter à ne pas sortir chez elles, à se rendre à un endroit de regroupement ou à aller prendre les enfants à l’école.
J’ai ainsi appris avec plus de détails les vraies raisons de notre fameuse sirène de Nkongsamba. Car dans ce pays, on enseigne depuis l’école primaire à tous les enfants, comment interpréter les sirènes d’alerte précoce.
Aujourd’hui, la France a mis sur pied un nouveau système d’alerte précoce dénommée : Système d’Alerte et d’Information aux Populations (SAIP) qui remplace le Réseau national d’alerte (RNA) créé dans les années 1950 et dans lequel était incluse notre sirène coloniale de Nkongsamba.
Il s’agit non seulement d’intégrer les nouveaux risques, comme les accidents chimiques dans les usines, mais aussi pour intégrer les nouveaux moyens pour : “assurer l’information du plus grand nombre de personnes possibles (sirènes, automates d’appel, panneaux à messages variables, partenariats avec les radios et télévisions du service public)”.

Mais rien ne change sur les sirènes. Comme à Nkongsamba, “il se compose d’un son modulé, montant et descendant, de trois séquences d’une minute et quarante et une secondes, séparées par un silence de cinq secondes.”
La fin de cette alerte quand le danger est sous contrôle est annoncée par un signal continu de 30 secondes.
Aujourd’hui, par exemple, dans le département français de la Corrèze, tous les premiers mercredis du mois à midi, les sirènes sont activées pour l’exercice hebdomadaire.
La différence entre une sirène d’exercice et une vraie sirène d’alerte est que celle d’exercice ne se passe que les mercredis et ne dure, qu’une minute et quarante et une secondes.
Source : https://www.correze.gouv.fr/Action-de-l-Etat/Securite-et-protection-des-populations/Securite-Civile/Le-Systeme-d-Alerte-et-d-Information-aux-Populations-SAIP
En cas de tremblement de terre, d’inondation que doivent faire les populations du Cameroun devenu indépendant ?

Nous avons été très actif de copier l’économie coloniale du cacao et du café, mais avons ignoré l’économie coloniale de la vie, qui malgré toutes les critiques que nous pouvons formuler avec démarré un processus qu’il ne nous restait plus qu’à comprendre et à chercher à intégrer pour la protection de nos populations.

J’ai déjà écrit une leçon il y a deux ans, en 2022 au sujet des barrages hydro-électriques que nous demandons à la Chine de construire chez nous et qui n’intègrent à aucun moment du projet, la protection de la population en cas d’accident, en cas de la rupture de l’ouvrage.

Aujourd’hui, il suffit d’une petite inondation dans le nord du Cameroun pour qu’on découvre que rien n’a été prévu pour nos populations, en therme d’économie de vie. Que vont manger les populations déplacées ?

Tout le monde dans ce pays fait la polémique sur les 350 millions de francs cfa que l’état a débloqué pour les sinistrés alors qu’on a auparavant débloqué 2 millions de francs pour assurer le divertissement, le football, sans oublier les 600 milliards de francs du stade d’Olembe.

Mais le plus grave n’est pas là.

Il y a quelques années en Italie, je fournissait un client en machine d’emballage et en emballages plastiques pour produire les poches d’eau potable à conserver dans le sous-sol de la ville de Genève en attente d’une calamité.
Et ce qui m’avait touché dans l’histoire était que mon entreprise devait livrer une fois par an de nouveaux emballages à l’entreprise suisse. A ma grande surprise, j’ai appris que toutes les poches d’eau produites un an plus tôt allaient à la poubelle, puisque périmées. Et pour ne pas laisser les populations démunies en cas d’inondation, de tremblement de terre, ce stock devait continuellement être renouvelé une fois tous les ans.

Lorsque le gouvernement camerounais envoie 350 millions de francs, c’est pour acheter quoi à qui et qui soit déjà disponible en surplus ?
Il y a une dizaine d’années, en application d’un des principes d’économie de la vie, pour garantir la survie d’une partie de nos populations les plus vulnérables en cas de catastrophe naturelle, j’avais proposé au premier ministre du Cameroun, lors d’une rencontre, une collaboration d’intérêt réciproque entre l’Institut d’Etudes Géostratégiques (ieg) et le gouvernement camerounais, pour peupler de 7 types de poissons les principaux cours d’eau et fleuves dans les régions sujettes aux intempéries.
Malgré toutes mes explications, le Premier Ministre n’a pas compris que lorsqu’il y a une catastrophe naturelle, comme l’inondation, la première conséquence est que la famine est souvent la première cause de mortalité, même des mois après l’évènement, parce qu’une inondation, détruit avant toute choses les récoltes ou les greniers abandonnant les populations sans voie de recours. Et c’est là qu’il faut que la solution arrive de la nature, des poissons en abondance qu’il faut alors avoir de ces cours d’eau.

Il s’agit de penser l’économie d’un pays, non pas seulement sous l’angle de la production de richesses, mais aussi et surtout de la protection vitale des populations surtout les plus démunies.

Le projet ne s’est jamais réalisé, faute d’avoir trouvé les meilleurs éléments pour convaincre mon interlocuteur de l’utilité d’une telle initiative, même pas seulement pour les moments difficiles des catastrophes naturelles, mais pour contribuer à augmenter le revenu des populations à travers une pêche alimentée régulièrement par des poissons issus de nos élevages pilotes sur tout le territoire national.

CONCLUSION

A Yagoua dans le nord du Cameroun, il n’y a eu aucune alerte, pour permettre à la population d’évacuer avant l’inondation. Et c’est en réalité ce qui compte le plus : la bonne information avant que la catastrophe ne se réalise.

Mais le Cameroun n’est propriétaire d’aucun satelite mis en orbite, comme recemment le Sénégal.

La chance veut qu’aujourd’hui, on n’a plus besoin d’avoir son propre satellite pour avoir l’information. On n’a pas besoin de faire comme le Sénégal, pour dépenser de l’argent pour retrouver la constellation de Starlink de Elon Musk en orbite basse, parce qu’au final, cela devient plus couteux dans le sens où pour exploiter les informations, il nous faut des répétiteurs à terre.

D’autres pays africains surtout anglophones, ont conclu des accords avec la Russie ou la Chine pour profiter des services météorologiques de leurs satelite situé en orbite haute et dont les informations peuvent être exploitées directement par nos centres nationaux, sans besoin de répétiteurs.

C’est ce que fait le Cuba depuis des années, évacuant toutes ses populations à temps avant tout typhon.

Et après, il faudra affronter le problème d’alerter la population, toute la population des zones concernées, avant la catastrophe.

L’économie de la vie est une notion secondaire pour les gouvernements africains, alors que les Nations Unies nous disent que ce qui n’était qu’une possibilité, une éventualité il y a 30 ans, au sujet des catastrophes naturelles est aujourd’hui une certitude.

Dans cette certitude du dérèglement climatique, nous aurons toujours plus de catastrophes naturelles, plus d’inondations, toujours plus de flots de boues qui vont ensevelir les habitations. Ce qui va terriblement bouleverser la donne des économies de certaines régions de notre continent, exactement comme cela s’est déjà passé ailleurs.

Que faisons-nous comme communauté africaine, comme administrations africaines, pour anticiper ces mauvaises nouvelles qui vont arriver tôt ou tard ?

De combien disposons-nous de réserves de nourritures pour faire face aux intempéries ?

Où stockons-nous ces réserves d’eau et d’aliments pour nos futurs déplacés, victimes des catastrophes naturelles ?

Sommes-nous préparés à faire face efficacement aux prochaines catastrophes naturelles qui sont déjà annoncées ?

Jean-Paul Pougala

Mercredi le 18 septembre 2024

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