(Texte)

Un gouvernement qui anesthésie les forces vives du pays, est une institution vandale.Un gouvernement qui, en dépit ses alliances avec les armées les plus puissantes du monde, est incapable de protéger la vie et les biens des citoyens, porte en son sein quelque chose de létal.Un gouvernement absorbé par la reproduction de ses conditions d’existence, au détriment de l’amélioration des conditions d’existence du plus grand nombre, est une formation narcissique.Un gouvernement dévoué à la préservation des intérêts étrangers, mais peu soucieux de la défense des intérêts domestiques, ne mérite ni de gérer les affaires publiques ni de présider aux destinées d’un peuple.Des citoyens qui, par leurs suffrages portent des hommes au pouvoir, mais sont incapables de leur demander des comptes, ou de les sanctionner le cas échéant, constituent un bétail électoral.Des hommes qui, apathiques, observent la destruction du pays de leurs pères ; qui, amorphes, regardent le massacre de leurs enfants: militaires et civils, et sont incapables de s’unir autour de l’intérêt général, pour défendre la patrie, ne constituent pas un peuple, mais une population dont les individus existent les uns à côté des autres sans liens organiques.Une armée nationale, sous le commandement d’une armée étrangère dans un pays occupé, est un régiment de tirailleurs.Dans la région de Tillabery, les paysans de l’Anzourou assassinés, pendant qu’ils commençaient avec la vie et que dans leurs champs, ils s’affairaient à la production de leurs moyens de subsistance; dans les départements de Téra, de Gothèye, de Torodi et de Say, les villages qui se vident, la fuite d’hommes, de femmes et d’enfants devant l’ennemi, rappellent tragiquement les exactions de la conquête coloniale de notre territoire à la fin du 19e siècle. Les événements récents de Doukou Saraou, de Doukou Makani, ceux de Ouro Sori, de Tcnamppégoré, de Ouro Sori fulbé, de Tamboujé, Yerimadjo, ou de Diamoga, s’ajoutent à la longue série de drames qui se déroule devant nous, ces tragédies qui témoignent de l’annihilation de notre volonté, ces malheurs que nous observons, amorphes.L’aboulie (manque de volonté) est chez nous la chose la mieux partagée. Elle explique que les intellectuels fassent honte à la pensée, les partis politiques à l’opposition, les syndicats à la lutte, les élèves et étudiants à la jeunesse, et que les générations trahissent leurs missions dans l’opprobre.C’est que, à nous tous, les poisons de la peur ou de la corruption qui zombifient, ont été inoculés.Le Niger est par conséquent l’endroit de la terre où l’on trouve en ces moments troubles, la plus grande concentration de morts-vivants et de zombies. Mais, il n’y a pas de zombies sans hougans, c’est-à-dire (dans la pratique vaudou), les sorciers qui par l’usage de poisons créent des zombies soumis à leurs volontés.Nous sommes des zombies, et nos gouvernants sont des hougans. Telle est la situation du Niger. La zombification s’étend aisément. Quant au houganisme, il serait vain de chercher sa signification dans un dictionnaire: elle est toute entière contenue dans le texte (actions par lesquelles les gouvernants transforment les gouvernés en zombies), c’est terme créé pour rendre compte de notre situation tragique.On ne peut guérir c’est-à-dire trouver remède, sans connaître le mal dont on souffre.

Farmo M.

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