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Le féminisme au vingt et unième siècle, un combat de trop ? – Édito

Être féministe aujourd’hui, est-ce un devoir ou un droit ? Le constat est amer car notre société dite civilisée et égalitaire n’applique pas à la lettre ses préceptes universalistes que les médias réactionnaires font circuler pour se donner bonne conscience. La réalité est toute différente. Le féminisme subit quotidiennement des actes féminicides que la loi interprète avec peu de rigueur et de considération. 

La Journée Internationale des Droits des femmes fixée par la puissance masculine une fois par an et le 8 mars, permet aux réfractaires des droits élémentaires de s’adonner à d’autres divertissements marqués par la condescendance chronique des donneurs de leçons.

L’histoire de l’humanité est glorieuse et fait la part belle aux hommes. Ces derniers, fiers de leurs conquêtes, sont convaincus que le monde ne serait pas ce qu’il est sans leurs apports. Ce postulat est faux. Il est la marque de ceux qui doutent et qui redoutent de perdre leurs privilèges égoïstement acquis par la force et la domination forcée.

Les codes de notre société sont à notre image. Ils obéissent à des règles ségrégationnistes. Ils pénalisent la société dans ses strates suicidaires et pénalisants. Ces codes imposés trouvent leur plénitude dans nos politiques libérales où les barrières invisibles continuent à se dresser.

La journée de la femme brise un tabou. Certes, les barrières tombent. Mais d’autres se repositionnent. La liberté est un droit inaliénable. Mais elle est quotidiennement bafouée. Cette liberté que réclament les femmes trahit nos comportements masculins hérités d’une civilisation à plusieurs vitesses pour le plus grand bonheur des puissants de la terre.

Ce combat n’est pas vain. Il permet aux femmes d’envahir le pavé en ce jour et de rappeler aux hommes de bonne volonté qu’ils n’ont pas atteint leurs objectifs de liberté, d’égalité et fraternité. Ce combat met aussi en lumière nos hésitations vers un monde meilleur et juste.

La journée des droits de la femme vient aussi nous rappeler que le monde n’a pas changé car il offre toujours des strapontins à nos mères, à nos épouses, à nos sœurs et à nos filles.

Le combat féministe s’ajoute à d’autres combats : le racisme, la discrimination, la pauvreté, la démocratie, etc.

Rien n’est acquis dans le long et difficile combat des femmes. L’éclosion dans l’arène politique mondiale des machos ronflants tels que Bolsonaro, Trump ou Rodrigo Duterte ne favorise pas l’épanouissement des femmes reléguées encore aujourd’hui, dans l’indifférence totale, à des rôles subalternes. Voilà pourquoi ce combat est permanent pour éveiller les consciences.  

Une journée féministe ne peut se réduire à une journée massivement fêtée. Cette journée doit être quotidienne pour bousculer les esprits et rappeler au monde le rôle peu glorieux que nous imposons à nos compagnes.

Les revendications féministes sont légitimes. Elles s’ajoutent à tous les combats de notre société vers un peu plus de justice. Pouvons-nous saisir cette occasion pour nous joindre à tous les combats qui minent, aujourd’hui encore, tous les peuples épris de liberté ?

Par Michel Lobé Étamé

Journaliste

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