(Vidéo & texte)

Au Cameroun, la succession de Paul Biya n’est plus un sujet tabou. On en parle de vive voix sans que cela créé une crispation. La nature a raison du vivant. L’âge que nous redoutons finit par avoir raison de nous. Les prétendants s’impatientent et fourbissent leurs armes. Le peuple souhaite l’avènement d’une femme ou d’un homme pour dynamiser un pays qui somnole face aux défis du siècle.
Le vrai défi aujourd’hui est l’état d’esprit des acteurs de la politique. Ils n’ont pris aucune disposition pour succéder à Paul Biya. Le temps presse. Qui émergera de cette jungle où tous les coups sont permis ?
Les luttes intestines des membres du parti au pouvoir, le RDPC, laissent entrevoir une guerre sans merci des dauphins au trône. Les noms circulent. Mais aucun n’émerge. Qui oserait parler de consensus dans un environnement où Paul Biya, à l’inverse de son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo, n’évoque jamais le nom de son dauphin ?
La politique a ses raisons. Et les prévisions nous réservent des surprises. Celles-ci sont redoutables dans les autocraties où le moindre faux pas est fatal. Dans ce contexte, seule l’opposition est en mesure d’afficher ses prétendants. Ces derniers s’exposent à la vindicte populaire et deviennent des proies faciles à broyer. Ce jeu de dupe est encouragé par le parti au pouvoir. Il permet à ce dernier de faire
exploser l’opposition qui s’entredéchire, offrant au public un piètre spectacle.

Mais ne nous leurrons pas. C’est de bonne guerre. La hache de guerre est déterrée. Trop tôt me direz-vous ! Le piège est pernicieux et redouté car il permet aux putatifs d’entrer dans le jeu et de semer la confusion. Le suspense est alors à son comble. Seul Paul Biya, détenteur de la « vérité première » tire les ficelles. Et pour qui ? Mystère !
Du côté de l’opposition, les dés sont jetés. Cependant, leur cacophonie offre du grain à moudre au RDPC. Ce dernier est aussi condamné au mutisme car son chef naturel, Paul Biya, est seul à maitriser un calendrier que seule la mort peut démentir. Mais nous n’en sommes pas là. Une grande interrogation fait vaciller toute la galaxie. Et si Paul Biya n’était pas candidat à sa propre succession ?
Ce scénario est de plus en plus plausible. Qui saura tirer les marrons du feu ? Dans ce panier à crabes, les alliances d’un jour se défont le lendemain. Il n’y a pas que l’opposition pour subir les déchirements.
Le jeu politique est cruel et nous rappelle que rien n’est joué d’avance. Il faut donc ménager la chèvre et le chou car Paul Biya est toujours là, tel un sphinx et seul le temps aura raison de lui.
Le débat est lancé. Il faut bien penser à la succession de Paul Biya. Mais à mots couverts pour débusquer tous ceux qui attendent leur tour sans oser le dire. Ils sont nombreux mais il n’y a qu’une place. Qui va l’emporter en 2025 ?
L’opinion publique ne peut souhaiter que des élections transparentes dans un pays où le flou des urnes reste à la discrétion des autorités. Le problème majeur en Afrique est celui de la gouvernance qui jusqu’ici hypothèque le développement du pays. L’opposition pourrait-elle dérouler un nouveau logiciel ?
Nous le lui souhaitons.
Symptômes de notre temps, tous les scénarios sont envisageables. Mais les camerounais n’attendent pas un Messi. Ils veulent une femme ou un homme pour une politique nouvelle qui prend en compte le mérite, la vaillance et l’effort. Ces femmes et ces hommes existent. Il suffit de donner un coup de pied dans la fourmilière pour les débusquer.

L’après Biya est sur toutes les lèvres car son horizon s’assombrit naturellement. Sa succession serait- elle un jeu de dupes ? Le temps nous le dira.

Par Michel Lobé Etamé
Journaliste indépendant

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