L’Afrique est la chasse gardée de l’Occident. Ce tabou avéré et jalousement entretenu a traversé les siècles, de « l’esclavage justifiée » à la « colonisation bienfaitrice » et personne ne s’en émeut. Aujourd’hui, après les indépendances étriquées, l’Afrique, cette mamelle nourricière, est soumise à l’appétit toujours plus vorace du monde dit « libre ». Cette relation « normale » est immuable et devrait survivre aux assauts des appétits des nouveaux conquistadors qui caressent l’Afrique dans le sens du poil.
Les médias occidentaux, habitués à couvrir les événements en Afrique, doivent aujourd’hui composer avec de nouveaux venus. L’Afrique, après l’assassinat de Khadafi, est confrontée à de nouveaux défis qui s’ajoutent aux maux séculaires engendrés par la pauvreté : l’insécurité.
L’insécurité est galopante. Elle est violente. Elle cause des morts tous les jours dans toute l’Afrique de l’Ouest. Elle est présente en Afrique de l’Est et s’implante en Afrique Centrale. Tel un cancer, l’Afrique est soumise à une métastase qui l’envahit, qui la décompose et qui en fait une proie à dépecer. Ce corps malade, très riche en ressources naturelles, ne peut laisser indifférent les prédateurs séculaires. Mais là où le bât blesse, c’est que de nouveaux venus s’invitent à tabl
Qui sont donc ces nouveaux effrontés ? Sans détour et sans langue de bois, nous y voyons la Chine et la Russie. Que reproche-t-on à ces prétendus nouveaux prédateurs de l’Afrique ? Le ton est donné : ce sont des pays où la démocratie est inexistante. Bref, ce sont des dictatures. Et pour l’Occident, c’est une imposture de voir ces pays tisser des relations « géostratégiques » et « géopolitiques » avec un continent qui leur appartient.
De ce point de vue, la Chine et la Russie ne sont pas les bienvenues en Afrique. Ces deux puissances devraient d’abord se « démocratiser » pour entrer dans le cercle bien fermé des nations dites « libres » où tous les citoyens sont égaux et où les élections sont libres.
Pour l’Occident, ces prétendants n’ont rien à faire en Afrique. D’où le lever de bouclier en Europe sur les nouvelles relations Afrique/Chine/Russie. L’Union Européenne s’en mêle et dit haut et fort que la Russie n’a rien à faire en Afrique. Du moins, militairement.
L’Afrique est-elle condamnée à demeurer cette petite fille timide, courtisée et qui doit déployer ses charmes pour plaire à l’ogre de toujours qui est l’Occident ? Dans cette relation étriquée, l’Afrique n’est pas souveraine. Elle ne peut librement choisir ses partenaires. Pire encore, elle doit se soumettre, sans broncher, aux choix de ceux qui l’on esclavagisée et colonisée des siècles durant.
Les indépendances n’ont pas acclimaté la relation entre l’Afrique et ses maîtres. L’Afrique francophone en est le parfait miroir. Elle a hérité d’une monnaie coloniale qui affecte gravement son développement économique et industriel.
Sur le plan politique, la situation est encore plus grotesque. La démocratie reste un vain mot. Les présidents sont mal élus et imposent une dictature féroce. Ils règnent tant qu’ils ne remettent pas en cause les contrats coloniaux qui minent les économies fragiles.
En s’ouvrant à de nouveaux partenaires, l’Afrique a-t-elle fait de bons choix ? Il est difficile de trancher. Le monde est devenu un marché ouvert par une politique imposée dite de « mondialisation ». De ce point de vue, c’est le choix fait par l’Occident pour le libre-échange. L’Afrique n’en est qu’un pauvre wagon. Elle a donc le droit de choisir de nouveaux partenaires. Elle a le droit de dénoncer ses anciens partenaires accrochés à des avantages qui la ruinent et qui continuent à la violenter.
L’Afrique n’a pas choisi sur un coup de tête ses nouveaux partenaires. C’est l’Occident, glouton et irrespectueux où la parole décomplexée s’installe sur les plateaux de télévision et les radios, qui l’a poussée vers de nouveaux partenaires. Cette parole décomplexée ne légitimise-t-elle pas le racisme ?
La nouvelle ère qui s’ouvre a de nombreux avantages : elle doit permettre l’arrivée à la tête des états, des « femmes et des hommes intègres », libres, démocratiquement élus et respectant la durée de leurs mandats.
En effet, les dirigeants actuels, discrédités, très corrompus et soumis ne peuvent conduire à la souveraineté d’un continent qui a soif de justice, de liberté et de développement. L’occident a toujours caporalisé l’Afrique. Il est grand temps de mettre fin à cette relation infantilisante et humiliante. Il faut aussi le rappeler, à cause de son aveuglement, l’Occident a jeté l’Afrique dans les bras de nouveaux partenaires. Cet Occident est en conséquence disqualifié pour porter un jugement de valeur sur les nouveaux partenaires de l’Afrique.
L’arrivée de nouveaux partenaires ne doit pas remettre en cause les défis en cours contre l’insécurité, la pauvreté et l’injustice. Ces nouvelles relations vont réveiller nos partenaires traditionnels et mieux équilibrer une relation incestueuse tant décriée.

Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant

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