(edito)

Les guerres en Ukraine et à Gaza ont éclipsé les drames quotidiens que subissent depuis des
décennies, les populations livrées à elles-mêmes en République Démocratique du Congo. Le monde
libre ne peut ignorer l’enfer et les violences subies qui causent la mort, les mutilations et les viols des
femmes.
Nous ne pouvons pas dire que nous ne savions pas. L’information est relayée nuit et jour. Le docteur
Denis Mukwégé l’a répété à l’ONU, devant un parterre de dirigeants du monde. Il a fait écho du drame
quotidien causé par les terroristes que l’Occident équipe d’armes lourdes et appelle affectueusement
« Les rebelles du M23 ».
Qui sont les terroristes du M23 ?
Cette association criminelle est née en 2012 à la suite de la guerre du Kivu, une région située en RDC.
Le mouvement du 23 mars (M23) était composé d’ex rebelles du Conseil National pour la Défense du
Peuple réintégrée dans l’armée congolaise à la suite d’un accord de paix signé le 23 mars avec
Kinshasa. Le M23 s’est ensuite mutiné en avril 2012.
Le M23 s’est révélé au monde par les massacres des populations, provoquant un exode qui se poursuit
toujours. Selon les chiffres de l’ONU, environ 7 millions de personnes ont fui leurs villages. Après
quelques années d’accalmie, une guerre asymétrique s’est intensifiée en 2021 dans cette région de la
RDC.
Le M23 est soutenu par le Rwanda, selon un rapport d’experts des Nations Unies. Les forces armées
rwandaises combattent à ses côtés et il est doté d’une artillerie lourde et des missiles sol-air. Ces
équipements permettent au M23 de mener une guerre où l’adversaire congolais est sous-équipé. Il
gagne du terrain.
La complicité criarde de l’Union Européenne
Au mois de février 2024, l’Union Européenne et le Rwanda ont signé un important accord pour favoriser
le développement de chaînes de valeur durables pour les matières premières critiques.
Cet accord est un scandale car le sous-sol du Rwanda n’est pas riche en matières premières critiques
que l’on retrouve à profusion en République Démocratique du Congo. Cet accord ouvre la voie à une
longue guerre menée par le M23 sous l’égide du Rwanda pour partitionner la RDC et piller
ostensiblement ses richesses minières.
Le Rwanda, le M23 et ses mercenaires étrangers comptent annexer l’Est de la RDC pour extraire
impunément les matières premières critiques pour le compte de l’Union Européenne. Ils vont ainsi priver
la RDC de ses richesses endogènes.
Le monde civilisé peut-il tolérer une telle imposture ? Nous assistons ici à un scandale sans pareil dans
une Afrique indépendante et souveraine que les grandes puissances sont décidées à paralyser de
manière pérenne pour perpétuer leurs crimes qui remontent de l’esclavage à la colonisation et qui n’ont
jamais été condamnés.
L’Union Européenne ne peut ignorer le crimes humains, économiques et sociaux qu’elle perpétue dans
un pays souverain. Elle porte aussi la responsabilité des crimes de guerre en cours en République
démocratique du Congo. La Cour Pénale Internationale est-elle incompétente en RDC où les crimes de
guerre attribués au M23 déciment les populations ?
L’accord entre le Rwanda et l’Union Européenne est scandaleux. Il est à l’image des crimes post
coloniaux que l’Afrique dénonce avec vigueur et qui laissent indifférents les multinationales gloutonnes
dont le seul but est de maintenir l’Afrique dans la pauvreté, la soumission et l’esclavage moderne.
Le silence des capitales européenne les rend complices du drame en cours en RDC qui a déjà fait plus
de six millions de morts. Un chiffre très au-delà des guerres en Ukraine ou au Proche-Orient. Des morts
qui jonchent les forêts et qui ne sont pas comptabilisées, au nom des profits scandaleux des
multinationales.

Par Michel Lobé Etamé

Journaliste Indépendant

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