Les populations urbaines et connectées du Cameroun devront encore attendre. Leur grand soir n’est pas pour demain. Ils peuvent encore continuer d’envier les images démocratiques qui leur parviennent du monde, et parfois même d’Afrique subsaharienne, ou d’autres citoyens ont déjà fait vibrer les rues. Huit opposants camerounais croient en leur étoile. Ils répètent à leurs militants que c’est possible, qu’il ne faut pas écouter ces pions du régime – comme moi – qui déclare d’ores et déjà la partie terminée. Huit opposants candidats qui ont cru que le tout consistait à pondre des programmes de gouvernance qui annonçaient la transformation radicale du Cameroun, de la même manière que les catholiques annoncent pour décembre la naissance du Christ sauveur. Certains opposants, contemplant leur propre CV, leur beau parcours, ont vu qu’ils ne leur manquaient plus que la fonction présidentielle, pour accéder au royaume des cieux. Huit opposants qui, ne pouvant s’unir, n’ayant jamais travailler à cela, car au fond il n’y a pas de travail, annonce tout de même aux populations qu’une fois au pouvoir ils pacifieront les régions dites anglophones en deux, trois mois. Qu’avec eux, la corruption s’évanouirait d’elle-même, et la bonne gouvernance s’incarnerait physiquement, enfin. Huit opposants qui ont passé le temps, lors de cette campagne électorale, à jouer au jeu du plus-vertueux-et-compétent-que-moi-tu-meurs. Huit opposants qui, inaptes à toute stratégie et pensée sérieuse, ont versé dans la critique d’un régime qu’il ne s’agit plus de critiquer mais d’évincer. Huit opposants qui, aveuglés par la faim du seul pouvoir, ont fini par ressembler comme un seul corps au régime qu’ils prétendent combattre. Huit opposants qui méritent davantage le titre de « Chargé de mission à la présidence… Chargé d’affaires… Chargé de soi-même… Chargé de politique des loisirs… » Quant au président de la République, faussement candidat, on peut toujours se demander pourquoi il organise des élections? Les bornés du droit diront que c’est parce que la Constitution l’exige. Pour ma part, c’est juste pour une question de protocole. De forme ! Il ne faudrait pas que le président Biya embarrasse ses pairs à l’international. Il faut qu’il paraisse démocrate. C’est vital. Pour le fond, on s’en fout. Partout, c’est la forme qui compte. Biya organise donc des élections pour occuper quelques opposants qui ne veulent pas voir au-delà du bout de leur nez. – Présidentielle au Cameroun : le vote impossible des déplacés de la crise anglophone Biya autorise donc ses/ces opposants à parader dans tout le pays. Hélas, leurs moyens logistiques, financiers et organisationnels, ne leur permettent pas d’opérer à la mesure de la machine administrative pro-Biya. Il leur laisse le ministère de la parole, et ainsi, ils vont dans les télévisions, les radios, au Cameroun et à l’étranger, raconter ce qu’ils veulent. Les opposants de Biya sont ses agents d’informations, ses faire-valoir démocratiques, ses gags…A suivre

Charles TSIMI

Source:Jeune Afrique

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