

(édito)
La sphère médiatique est en ébullition au Cameroun. Elle reste très divisée à l’approche des
élections présidentielles du mois d’octobre 2025. L’opinion publique aussi. Cette division est
encore plus accentuée avec le rejet de la candidature de Maurice Kamto, le plus emblématique
opposant de Paul Biya aux commandes depuis quarante-deux ans de règne sans partage.
Les enjeux sont pourtant considérables. Le Cameroun en léthargie depuis l’accession de Paul
Biya à la magistrature suprême en 1982 peut-il atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement qu’il s’est lui-même fixé ? Nous en doutons car son bilan est déplorable et
indéfendable.
Face à ses échecs répétitifs ponctués par la mal gouvernance, le tribalisme, le népotisme, la
corruption endémique et la violence urbaine, le peuple a besoin de nouveaux dirigeants.
Mais que propose-t-on au citoyen confronté quotidiennement à la maladie, au chômage ou à la
faim ? Nous assistons à la campagne des prédateurs qui veulent continuer leurs forfaits sans
état d’âme. Pour eux, ou encore la clique qui la compose, le Cameroun se porte bien. Les
médias à leur solde envahissent les plateaux de télévision et les réseaux sociaux pour broyer
du « Kamto » et convaincre les camerounais et l’opinion publique internationale que la décision
du rejet de cette candidature relève du droit.
Cette poignée de décideurs de l’ombre promet un autre Cameroun plus ambitieux avec la
même équipe.
Leur influence est sans borne, sans limite et frise le ridicule. Avec ou sans Kamto, le Cameroun
survivra. Il survivra aussi de Biya que l’histoire n’épargnera point.
L’invalidité de la candidature de Maurice Kamto peut aussi être considérée comme une fenêtre
ouverte pour l’opposition. En effet, l’opinion publique dans sa large totalité souhaite une
nouvelle équipe et de nouveaux hommes. Fort de ce vent de changement, une opposition unie
et patriote peut changer l’histoire moribonde du long règne sans éclat du pouvoir actuel.
Le RDPC n’est pas mort. Il a mis en place des spécialistes pour influencer l’opinion publique.
Cette course à l’échalotte ne saurait masquer son bilan calamiteux où les hommes d’influence
ont renoncé à leur dignité pour s’enrichir honteusement.
Que nous réserve l’avenir ? Bien malin qui se prononcera. Mais le Cameroun mérite autre
chose. L’opposition peut trouver ici un angle de tir qui pourrait convaincre l’opinion publique.
Pour cela, il faut éclairer les camerounais sur l’existant : la situation sociale, économique,
monétaire, industrielle et éducationnelle. Les femmes et les hommes attendent ce message
contenu dans chaque programme de gouvernement pour les préparer à de nouveaux sacrifices
car le pays est en ruine.
Les enjeux sont énormes pour un pays fragilisé par la mal gouvernance. L’opposition doit
éclairer l’opinion public sur le vaste chantier qui devrait améliorer leur train de vie avec de
nouveaux acteurs patriotes. Tel est l’enjeu.
Par Michel Lobé Etamé
Journaliste Indépendant, Essayiste et romancier