Le déterminant fondamental du politique c’est le territoire. Le CAMEROUN est un territoire, qui à l’origine se limitait à la ville de Douala, mais qui s’est progressivement étendu, depuis 1884, pour devenir une trentaine d’années plus tard, un territoire d’environ 790.000 Km²…

L’issue d’un match de football, entre une équipe de 1ère division et un club amateur, ne peut donner lieu qu’à une hécatombe de buts. En termes de stratégie politique, l’épistémologue invite ici à considérer les Allemands comme une équipe de 1ère division, et les Chefs Doualas comme un club amateur…

Certains Camerounais ont tendance à considérer que certains colonisateurs étaient plus humanistes que d’autres, et se livrent quelquefois à une comparaison (hasardeuse) entre Allemands, Britanniques et Français : il n’y a rien de plus faux, tous les colons avaient le même objectif❗

NGONGO (Louis-Paul), Histoire des Institutions et des faits sociaux du Cameroun. Tome I : 1884–1945, Paris, Berger-Levrault, 1987 :

Page 22 (agrandissement territorial)

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« Notons enfin que l’expression CAMEROUN dont il est question dans ce texte, et dans tous les autres du XIXe siècle, indique la ville de Douala, et non pas l’ensemble du territoire connu sous ce nom aujourd’hui. Il faudra attendre 1901 pour qu’un décret allemand baptise DOUALA la capitale économique actuelle du Cameroun. »

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Page 26 (hécatombe de buts)

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« Du côté des chefs douala, premiers signataires du traité, il s’agit avant tout d’une alliance politique contre leurs adversaires de la rive droite (Bonabéri), qui ne signeront le traité que le 28 août. Ils en attendent des avantages commerciaux, et moins de soucis pour l’exercice de leurs prérogatives de chefs. Le traité est pour eux un bouclier.

   Pour les Allemands, ce traité constitue le fondement juridique d’une annexion pacifique du Cameroun. Le caractère solennel donné à la cérémonie de prise de possession du territoire, ne laisse planer aucun doute sur ce point. Gustav Nachtigal, en uniforme de consul, salué par les officiers de la “Mouette”, prononce un discours en anglais et en allemand, avant de faire hisser le drapeau impérial au bruit de vingt et un coups de canon. Pour ne laisser subsister aucune équivoque, Nachtigal remplace la “Cour d’équité” britannique par un “Conseil du Cameroun” (16 juillet) et, quelques jours plus tard (19 juillet), il nomme Büchner représentant intérimaire du Reich au Cameroun. Sans coup férir, l’Allemagne vient de prendre possession du Cameroun, ou du moins de la côte camerounaise. La doctrine de l’hinterland développée à Berlin fera le reste.

   Les Anglais ne se trompent pas sur le sens d’annexion donné au traité, si l’on en juge par les protestations du Foreign Office, sur la façon déloyale dont le traité a été signé, puisque les signataires camerounais avaient déjà demandé le protectorat britannique. Mais le consul Hewett arrive trop tard… On s’achemine à grands pas vers la conférence de Berlin. »

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Page 51 (colons = colons)

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« Il convient ici de rappeler le principe retenu à Berlin : toute puissance européenne installée sur une côte africaine, peut poursuivre sa progression à l’intérieur du pays, jusqu’à la rencontre d’une autre puissance coloniale. Par-là, s’expliquent les multiples traités conclus avec les chefs indigènes de la côte. Les Allemands appliquent donc ce principe au Cameroun. Tant qu’ils restent à Douala, ils peuvent nourrir l’illusion d’une installation coloniale pacifique. À l’époque du scramble (mêlée), les puissances coloniales partent du principe suivant : l’Afrique est une immense terre vacante sans maître. Mais, qu’ils quittent Douala pour avancer à l’intérieur d’un territoire qu’ils considèrent comme leur d’après le principe de l’hinterland, commerçants et autres civils et militaires allemands se heurtent, souvent, à une résistance farouche des indigènes, vrais chefs de cette terre qu’on disait sans maîtres. Un télégramme de l’amiral Knorr, en décembre 1884, est assez éloquent sur la manière dont il se fraye un passage à l’intérieur du pays :

   Bismarck et Olga ont battu par la force les 20, 21 et 22 décembre des partis nègres insurgés au Cameroun, abattu plusieurs chefs et un grand nombre de guerriers, anéanti des localités. Le prestige du drapeau et le calme ont été rétablis.

   On pourrait multiplier des exemples de ce genre, depuis la révolte des Bakoko et des Malimba jusqu’aux chefs du nord Cameroun. Les archives allemandes abondent en rapports détaillés sur toutes les expéditions à travers le pays. Ces expéditions ont parfois atteint un niveau de violence tel que le Reichstag en a été alerté. Ainsi, le 2 mars 1891, le directeur des colonies à Berlin envoie au gouverneur du Cameroun (von Soden), une demande d’explication ainsi libellée :

   Je réclame ces explications avec d’autant plus d’insistance que le gouvernement impérial attache la plus grande importance à ce que l’action des expéditions, à l’intérieur du protectorat, y prépare l’instauration d’une paix durable. Que l’on évite autant que possible, à l’avenir d’intervenir chez les indigènes, et que l’on borne l’usage de la force à assurer la sécurité des expéditions, en cas de nécessité et à repousser les attaques ennemies. Cela ferait une fâcheuse impression sur l’opinion publique en Allemagne, si les chefs d’expédition pouvaient recourir à l’emploi de la violence, sans y être absolument contraints.

   De tout cela, il faut retenir un fait : les indigènes du Cameroun ont résisté à l’envahisseur colonial allemand : ils ont été vaincus, et les représentants de l’Empereur ont pu organiser la colonie à leur guise. »

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Il est bon de rappeler, pour ne pas dire d’enseigner ces choses méconnues de l’infalsifiable histoire du Cameroun, à l’effet que les Camerounais comprennent que les différentes communautés ethnico-tribales qui forment le Cameroun, n’ont jamais demandé à vivre ensemble, n’ont jamais demandé à être agrégées au sein d’une même entité politique, et donc subséquemment que le CAMEROUN n’est pas une création des Camerounais…

Cela étant, l’à-venir nous appartient, et nous pouvons :

  — soit faire marche arrière, et revenir à nos communautés ethnico-tribales précoloniales, c’est-à-dire que chaque [Camerounais] retourne dans les limites territoriales de sa communauté ethnico-tribale, ainsi que l’a suggéré dans un RAISONNEMENT PAR L’ABSURDE, le sociologue Claude Abe, que beaucoup de gens épidermiques font semblant de n’avoir pas compris ;

 — soit aller résolument de l’avant, en construisant une véritable identité républicaine au Cameroun, et c’est cela le véritable défi de notre génération, défi où on sait que les hypocrites, qui sont actuellement en train d’aboyer contre le sociologue Claude Abe, freineront des quatre fers, car ce sont des gens qui jouent les vierges effarouchées, lorsqu’on leur dit que les us et coutumes républicains sont incompatibles avec les us et coutumes ancestraux ;

Nous réïtérons donc qu’il n’existe aucun autre avenir pour le Cameroun, que celui de devenir une République, et vis-à-vis de ce défi incompressible, il faut savoir que les partis politiques actuels, Rdpc et opposition confondus, ne seront d’aucune utilité…

Faustin EKOUKE (é) L’épistémologue

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