Le risque de voir Mahamat Idriss Déby contesté, voir éliminer est autant plus grand au regard des inimités au sein du clan. Les raisons apparentes sont d’autant plus claires que l’opposition de deux camps qui se toisent prend des proportions terribles et graves.

Après la mort d’Idriss Déby, plusieurs tchadiens avaient cru voir une ère s’ouvrir avec les annonces du dialogue proposé aux Tchadiens. Tout le microcosme politique s’est emballé autour d’un ministère de la réconciliation et du dialogue, croyant aux mots les promesses du CMT, mais réellement ces annonces du président de la transition Mahamat Idriss Déby sont combattues de l’intérieur, un intérieur qui chaque jour prend de l’ascendant sur ceux qui prônent un dialogue inclusif permettant aux Tchadiens de faire la paix.

Les risques de dérapages.

Le pouvoir s’il doit être exercé, il doit être fait sans état d’âme dans la logique et le droit. Mais il ne faut jamais laisser quiconque venir contester vos décisions et vos ordres. Le problème au Tchad est que les confusions sont totales, et l’autorité de l’état est souvent mise à rude épreuve.

Ceux qui détiennent les armes, faisant partie du clan proche ou intermédiaire, font planer en permanence une pression sur les décisions du président de la transition. Aucun changement de fond ne devrait être opéré sans que cela crée des dissensions au sein du système. Ce qui ne laisse pas Mahamat Idriss Déby d’avoir les coudées franches et opérer les changements de fond.

Depuis lors, plusieurs décisions au sein de l’armée, du système sécuritaire ont été contestées, ralentissant de fait certains changements qui auraient pu être perçus comme un signe d’ouverture, mais hélas…

Aujourd’hui, il y a beaucoup plus nombreux que ceux qui font ombrage au dialogue inclusif, qui ne veulent pas entendre parler de réconciliation entre tchadiens et qui font obstruction à tout. Les tenants des postes au sommet de l’état ne sont pas prêts à faire de la place pour les autres tchadiens. Comme ils sont venus en 1990 avec le pouvoir MPS, jusqu’à aujourd’hui ils considèrent le Tchad comme une chasse gardée, une sorte de butin qu’il ne faut leur arracher tout compromis que par les armes et le sang.
Quand en pleine capitale, s’insurgent des officiers qui trament et font des réunions pour débarquer un pouvoir, sans que celui-ci ne daigne réagir, ce qu’il y a gravement un problème, car ceux-ci jaugent le pouls du pouvoir et le soupèse sur sa capacité de réaction. Et dans cet état d’esprit, tout peut déraper au point d’arriver à un affrontement d’intérêt pour les uns, ou les autres, mais pas celui du peuple tchadien.

Depuis un moment, plus le dialogue inclusif approche, plus les tensions sont plus fortes.

De l’avis des observateurs de la scène politique tchadienne, si la capitale N’Djamena semble être sécurisée de point de vue militaire pour permettre à la transition d’aller jusqu’au bout, c’est pendant les déplacements du président de la transition en province que ses détracteurs scrutent, et cherchent à l’éliminer si les dispositions ne sont pas prises au sérieux.

Plus d’ego au sein du système et chaque personnalité militarisée se croient plus crédibles que l’autre. Les indexes et les manques d’égard sont légion entre groupes d’intérêts tant les inimités sont entretenus. Le clan, la communauté utilise chacun de son côté sa proximité avec les hauts gradés de l’armée pour imposer aux Tchadiens leur point de vue.

La dernière chance

Il est plus qu’évident que ce dialogue inclusif est perçu comme une dernière chance aux Tchadiens. Ceux qui font ombrage à cause de leur petit confort devront faire face à une génération qui refusera indéniablement les frustrations de ces 3 décennies quitte à ce que la jeunesse utilise les méthodes pour y arriver, c’est-à-dire amplifier le repli identitaire, communautaire pour faire face à l’injustice.

La dernière chance se verra aussi au pré dialogue que tous les Tchadiens attendent de pied ferme. Les politico-militaires sont peut-être l’ultime espoir qui doit fléchir les positions et permettre de croire encore, sinon, quelles que soient les promesses de Mahamat Idriss Déby et ceux qui l’accompagnent, des nuages sombres sont à prévenir.

Tchadanthropus-tribune

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