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La sortie des 3 pays de l’AES est une initiative fantastique qui rabat les cartes entre Moscou et Paris, impliquant la Libye et le Tchad.

Dans son livre : « Les Marchands de nouvelles », sous-titre “Essai sur les pulsions totalitaires des médias”, Livre de 513 pages, publié chez L’artilleur le 24/10/2018, Ingrid Riocreux, introduit le thème que je vais maintenant aborder avec Radio France Inter.

Voici un extrait de la 4ème de couverture de ce livre :

« En scrutant attentivement leurs mots et leurs choix, Ingrid Riocreux met en lumière la permanente tentation (des journalistes français) de défendre un hygiénisme moralisateur, leur volonté têtue de sauvegarder des vérités officielles. Quand les biais de la langue médiatique sont démasqués, l’objectif apparait dans toute sa nudité : non seulement dire aux gens ce qu’ils doivent penser mais aussi ce à quoi ils doivent penser. »

A la page 382, pour qualifier les journalistes français, le chapitre s’intitule : “Un monde faux, faux, faux”

Ici, Ingrid Riocreux nous donne l’exemple d’un service retransmis par France Inter depuis Pékin, où le journaliste fait dire que la jeunesse chinoise préfère Illary Clinton.

Ingrid Riocreux dit que non seulement, comme en France, la jeunesse chinoise s’intéresse peu de la politique de leur pays, pire, comme en France, cette jeunesse n’a aucun intérêt sur la politique internationale et le tout couronné par le fait que Illary Clinton particulièrement anti-chinoise, est celle qui a suggéré à Obama de lâcher tous les engagements ailleurs pour s’occuper de la menace chinoise, le fameux “pivot asiatique” pour refaire du Pacifique, la priorité des prochaines guerres des Etats-Unis.

Malgré cela, France Inter, a pu tenir ce langage suprématiste blanc : “Attirés par les Etats-Unis, 52% des chinois pensent que…”.

Et Ingrid Riocreux de conclure ainsi : “Peu importe. Nous n’avons quasi rien appris sur la Chine dans ce court reportage (de France Inter). Cet angle apparaît donc rétrospectivement comme un prétexte pour rappeler que, n’importe où dans le monde, pour être “branché”, jeune, tourné vers l’avenir, il convient de soutenir un candidat aux Etats-Unis.

Comme le dit le chapitre “Un monde faux, faux, faux”, reprenons les propos, selon Riocreux du faux sondage de France Inter qui nous dit qu’un chinois nommé Chen aurait dit ceci : “Je préfère Hillary. Je trouve qu’Hillary est la plus sérieuse et la plus posée”. Si on avait posé la même question à un adolescent en France, sur les élections américaines du choix entre Clinton et Trump, est-ce qu’on aurait eu une telle réponse ?

La réponse est non, nulle part les adolescents ne s’intéressent même pas à la politique nationale. Pourquoi les jeunes chinois qui ne votent pas, devraient être à ce point des experts de la politique des Etats-Unis ?

Réponse : l’auteur français des propos est un suprématiste que nous allons retrouver dans le prochain article de Radio France International sur le Niger, visant le même objectif.
Nous sommes hier jeudi le 1er février 2024.

Voici le titre que la radio publique française RFI met à une sur son site web et le répète sous forme de chronique orale toute la journée sur ses ondes en FM dans toute l’Afrique :

« Niger: la perspective d’un déploiement de militaires russes divise la junte »

Sous-titre : L’arrivée de nouveaux mercenaires russes crée des remous au Sahel. Le « corps africain » qui remplace le groupe Wagner a annoncé sur Télégram le 24 janvier 2024 dernier, le déploiement d’un contingent d’une centaine d’hommes au Burkina Faso. Le même jour, le journal russe Vedomosti a publié un article indiquant que ce « corps africain » serait renforcé de 200 hommes et que d’ici l’été, il serait en mesure d’opérer dans cinq pays : la RCA, la Libye, le Mali, le Burkina et le Niger. Une perspective qui à Niamey ne semble pas faire consensus.

Voici l’intégralité de cette chronique du 01/02/2024 :

La rencontre s’est faite à Moscou le 16 janvier dernier, en marge de la visite du Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine. Un face-à-face entre ministres de la Défense. D’un côté Salifou Modi pour le Niger, de l’autre les vices-ministres russes Alexandre Fomine et Iounous Evkourov.

Ils ont évoqué l’acquisition d’équipements militaires et la formation de soldats nigériens. Mais il n’a pas été précisé si l’arrivée d’un contingent mêlant militaires russes et ex-mercenaires de Wagner figurait aussi au menu des discussions.

Car à Niamey, c’est une question éminemment sensible, comme l’a montré la réunion du 3 janvier à l’état-major des armées. Les principaux responsables de la junte étaient réunis pour discuter de la perspective d’une arrivée de militaires russes. Et les échanges furent houleux, relatent des observateurs haut placés. Il y avait les pro-russes d’une part : le général Tiani, chef de la junte, Salifou Modi ministre de la Défense et d’autre part Moussa Barmou, chef d’état-major des armées.

Moussa Barmou, officier formé aux États-Unis et qualifié d’homme de Washington s’est, dit-on, violemment opposé à l’option russe. Jusque-là cantonnée aux coulisses de la junte, les divisions sont désormais de notoriété publique.

Source : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240201-la-perspective-d-un-d%C3%A9ploiement-de-militaires-russes-au-niger-divise-la-junte

L’objectif pour RFI apparait dans toute sa nudité, comme dénoncé par Ingrid Riocreux, « non seulement dire aux gens ce qu’ils doivent penser mais aussi ce à quoi ils doivent penser. »

RFI ne se limite pas à nous dire ce que nous, africains devons penser de ce qui se passe au Niger, mais en plus, nous dire aussi, ce à quoi nous devons penser.

Le titre, nous invite à penser que les Russes ne font pas l’unanimité au Niger.

« La perspective d’un déploiement de militaires russes divise la junte »

Mais aussi, nous invite à pense qu’au Niger, il y a une division dans le gouvernement. Et par conséquent, qu’un nouveau coup d’état arrivera bientôt et ce coup d’état sera très probablement mené par « Moussa Barmou, officier formé aux États-Unis et qualifié d’homme de Washington ».

Vous pensiez vous libérer à jamais de la France et démarrer votre propre processus de parcours vers la prospérité de votre pays, le Niger ? Eh bien, selon RFI, détrompez-vous, car la France a un traitre parmi vous sur lequel il peut compter et qui est fermement opposé à l’arrivée des troupes russes au Niger.

C’est ce piège qui se referme contre tous les intellectuels africains qu’on a formatés à répéter comme des perroquets ces inepties de RFI, c’est-à-dire que l’Afrique doit compter sur ses propres moyens et qu’elle doit éviter de quitter la colonisation française pour retomber sous la colonisation russe ou chinoise.
RFI fait dans la désinformation.

D’abord, elle n’apporte aucune preuve des affirmations. C’est trop facile de dire ce que les hauts dirigeants du Niger se seraient dit dans une réunion secrète, en invoquant soi-disant une source secrète. C’est une technique de désinformation vieille comme le monde, utilisée par le renseignement.

En se référant à une source anonyme, on s’affranchit de l’accusation de Fake-News ou de rumeur non fondée. Mais en fait, c’est de cela qu’il s’agit.

Pourquoi je crois qu’il est fort probable que RFI ment ?

J’ai publié plus haut, deux articles de Le Figaro et de Ouest France qui tombent tous des nus, par rapport au fait que les passagers français sont tous refoulés quand ils arrivent à l’aéroport de Niamey.

Si RFI avait une taupe à la Présidence de la République du Niger, qui l’informe au sujet d’une fantomatique division des gradés au pouvoir à Niamey, sur la venue des soldats russes dans le pays, pourquoi cette même taupe, n’a pas permis à RFI d’avoir la primauté de cette information et de se prévaloir d’un scoop informant ses citoyens français de ce que se préparait à faire le gouvernement du Niger contre eux ?

Cela aurait évité l’humiliation que subissent tous ces français, de remonter dans le même avion avec lequel ils sont arrivés à Niamey, pour rebrousser chemin vers leur pays de départ, la France.

Mais je vous invite plutôt à regarder les séquences des évènements que RFI feigne de ne pas connaitre ou tout au moins, fait semblant d’être incapable de les agencer et les mettre ensemble pour les rendre cohérents à la compréhension.

RFI nous parle d’une réunion qui se serait tenue le 3 janvier 2024.
Entre le 3 janvier 2024 et le 1er février date de la chronique de RFI, nous avons pratiquement un mois de temps pendant lequel, on a obtenu l’épilogue de cette réunion du 3 janvier 2024, à supposer qu’elle a vraiment eu lieu.

Je veux dire qu’entre temps, beaucoup de choses se sont passées qui auraient dû induire RFI à nuancer son titre et arrêter de parler de division.

Supposons que le 3 janvier 2024, il y avait une division.
Mais entre temps, on a eu le 16 janvier 2024, la visite du Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine, accompagné de son ministre de la défense Salifou Modi, qui ont mis les points sur les ‘’i’’ avec les vices-ministres russes Alexandre Fomine et Iounous Evkourov.

De quoi ont-ils parlé à Moscou ?

Ils ont parlé de la nécessité de combattre les Djihadistes dans le Sahel en se servant de la Géostratégie, depuis la source, depuis la Libye.

La délégation nigérienne a pris note des nouvelles perspectives du développement du pays, non plus avec les pays frères de la Cedeao, mais avec un nouvel allié, la Libye. Pour le comprendre, revenons en arrière d’un an.

Nous sommes le 12 janvier 2023, se rend en Libye, William Burns, le directeur des services secrets extérieurs des Etats-Unis appelés : CIA, (Les services secrets intérieurs des Etats-Unis s’appellent : FBI).

Devant le maréchal Haftar il se plaint de l’influence de la Russie dans le pays, à travers le groupe paramilitaire, Wagner. « Expulser Wagner de la Libye, était le premier objectif de la visite américaine », disent les libyens qui ont assisté à la réunion avec Burns.

En d’autres mots, s’il est en Libye, ce n’est pas tellement pour pacifier le pays, ou pour permettre aux Libyens de trouver la concorde, la paix et la prospérité à jamais détruite par l’Otan, avec sa guerre illégale de 2011 qui s’est terminée par l’assassinat de leur président Mouammar Kadhafi.

Mais 7 mois plus tard, nous sommes le 22 août 2023, sur invitation du maréchal Khalifa Haftar l’homme fort de l’Armée nationale libyenne (ANL) à qui Burns a expliqué qu’il n’est en Libye que pour expulser les militaires russes, une délégation de responsables militaires russes, accompagne à Benghazi en Libye, Iounous-bek Bamatguireïevitch Evkourov, ce même vice-ministre russe de la Défense, qui rencontre son homologue du Niger le 16 janvier 2024 à Moscou.

Selon le communiqué du ministère russe de la défense le 24/08/2023, durant cette visite de deux jours, les gradés militaires russes et libyens ont discuté des perspectives de coopération militaire en matière de lutte contre le terrorisme et « d’autres questions d’action commune ».

En d’autres mots, ils ont discuté du terrorisme qui part de Libye pour infester le Sahel et qu’il faut combattre ensemble.
« D’autres questions d’action commune ». De quoi s’agit-il ?
Il s’agit de faire de la nouvelle Libye, un pole d’un nouveau départ des pays africains du Sahel.

Pendant que les 12 pays de la Cedeao attendent pour faire payer l’enclavement du Mali, bu Burkina et du Niger, pendant que l’Algérie, fait monter les enchères, le plan B a été trouvé depuis par Moscou et il passe par les ports libyens pour alimenter ces pays.

Cela a un double avantage : d’un donner plus d’intérêt à un déploiement des militaires pour sécuriser le sahel, qui sera devenu entre-temps une oasis de prospérité.

Et de deux, en faisant arriver les marchandises entre la Russie et les pays du Sahel et entre la Chine et les pays du Sahel par les ports libyens, on gagnerait 15 jours de navigation, puisqu’on n’a plus besoin de contourner l’Afrique par le cap de Bonne Espérance, par l’Afrique du Sud, en plus des caprices des anciens amis de la Cedeao aux ordres de l’Occident, de l’Union Européenne.

Voilà ce qui explique le courage pris par les autorités de Niamey de renvoyer jusqu’à la cheffe de la délégation de l’Union Européenne.
Désormais, ils savent que leur pays n’a plus besoin de s’agenouiller pour avancer.

L’African Corps « corps africain » qui remplace le groupe Wagner innove sa manière d’intervenir en Afrique, non plus à l’intérieur d’une seule frontière, mais plus loin, lorsque le danger vient de loin.

Igor Korotchenko, ancien colonel et rédacteur en chef de la revue russe Natsionalnaïa oborona (« défense nationale »), très souvent invité de l’émission « 60 minutes » sur la chaîne publique Rossiya 1, était le premier à annoncer qu’un Africa Corps était « en cours de formation ».

C’est toujours M. Korotchenko, qui nous a informés que ce Africa Corps serait créé après la visite du vice-ministre russe de la défense Iounous-bek Evkourov à Benghazi (Libye), pour faire de ce pays, le vrai quartier général de ce Africa Corps avec très probablement à l’avenir, une base militaire russe et surtout une base navale.

L’Africa Corps ne va pas se déployer uniquement au Niger ou au Burkina, mais surtout en Libye pour sécher lui ruisseau qui alimente le Sahel en terroriste.

C’est dans cette perspective que la président du Tchad a été reçu à Moscou, suscitant la rage de Paris pour n’avoir pas été informé. La Russie ne peut pas combattre les terroristes en Centrafrique si le Tchad doit continuer d’en fabriquer et d’en envoyer de nouveaux.

Mais l’objectif de tout cela n’est pas la lutte contre les terroristes, mais de créer un nouveau pays africain stable sur le plan de la sécurité, pour construire une prospérité assurée avec l’aide des pays du Brics, qui veulent re-organiser toute l’Afrique en faire leur vitrine, pour montrer tout le mal que l’ancien système sous les Américains ont pu faire au monde entier, et l’Afrique en premier.

Africa Corps est en Libye, au Soudan et bientôt au Niger. Il reste un pays qui doit être forcé de choisir de quel côté il veut rester, c’est le Tchad.

Mais arrêtons-nous un instant sur la Libye, pour comprendre pourquoi ce pays est devenu au cœur du nouveau dispositif russe en Afrique.

Tout commence en 2015 avec l’intervention réussie de la Russie en Syrie, pour chasser les terroristes et ramener un état de droit, un pays stable.

L’année d’après, la Russie, décide d’apporter son expertise en Libye, pour sortir ce pays du désordre dans lequel les occidentaux l’ont trempé.

Les Occidentaux soutiennent un premier ministre qui siège à Tripoli. Alors, Valdimir Poutine décide de soutenir, son contraire, son ennemi qui lui contrôle, l’Est du pays, depuis Benghazi, d’où la France en 2010, avait fait partir les premières contestations contre Kadhafi.

Jean-Paul Pougala

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