QUELS LIENS ENTRE LES ELECTIONS ET LA DÉMOCRATIE

Les élections passionnent les camerounais de manière générale. L’élection présidentielle à venir qui se tient le 07 Octobre prochain devrait passionner encore plus les camerounais.

Cette élection est en effet l’occasion pour notre pays de s’interroger sur les modalités institutionnelles dans lesquelles les trente six ans de règne d’un seul et même individu, Monsieur Paul Biya ont inscrit notre pays. Sommes-nous dans une démocratie dont le gouvernement est de type présidentiel ou parlementaire, quelle règle électorale conduit nos élections (majoritaire ou proportionnelle) ? Notre démocratie est-elle monopartite ou pluraliste ? Quel type de croissance porte aujourd’hui notre économie ? Est-ce une croissance dont les effets ruissellent aussi et surtout sur les plus pauvres qui en ont le plus grand besoin, etc ?

En effet, les corrélations entre les institutions politiques et la croissance sont depuis longtemps explorées par les théories dites des choix publics et de la « macro économie politique ». Selon ces théories, les relations existent entre les règles électorales, les types de gouvernement et les politiques économiques. Ces relations expliquent dans le cas du Cameroun les déficits budgétaires et les cycles économiques nés des cycles électoraux.

Le problème de nos institutions est par conséquent fondamental et notre choix porté sur tel ou tel candidat doit être la sanction de la clarté et de la pertinence des solutions que le candidat y apportera. Chacun doit s’accorder sur le fait que les cycles électoraux depuis les années quatre vingt dix ont généré un système dont les institutions ont été capturées dans les filets de la solidarité tribale et les programmes de développement ; et les programmes de développement reflètent essentiellement des appartenances territoriales.

Comme le seul objectif de nos dirigeants est de se faire réélire, de généreuses politiques redistributives sont mises en place avant les élections comme un puissant biais au choix des électeurs pour ne pas dire la corruption des électeurs.

C’est à ce prix que s’explique le ralliement du G20 au candidat du RDPC. Mais au-delà, la question socio-anthropologique à laquelle nous leur demandons d’apporter une réponse à notre jeunesse est : qu’est-ce que faire la politique aujourd’hui au Cameroun ?

Ces politiques ont comme effet induit immédiat de creuser les déficits budgétaires et d’augmenter la dette publique, pénalisant ainsi les générations futures qui en paieront le prix fort. Ceci doit nous conduire au désaveu de ces dirigeants par des électeurs en général, mais en particulier par ceux qui anticipent de telles conséquences.

Dans ces conditions, quelle croissance pour la démocratie d’après le 07 Octobre 2018 ? Bien que l’impact de la démocratie sur la croissance reste ambigu, la démocratie comporte de multiples dimensions favorables à la croissance, même si celles-ci sont difficilement mesurables.

La cohésion sociale, la participation aux institutions politiques, la confiance dans les dirigeants et dans la justice sont fondamentales. Il faut être d’une mauvaise foi particulière pour ne pas reconnaitre que toutes ces dimensions sont absentes de la démocratie camerounaise.

En ne respectant que la forme de la démocratie, nos dirigeants en ont dévoyé l’esprit. En effet, les mêmes formes peuvent cependant recouvrir les fonctionnements les plus diverses : la responsabilité devant les citoyens ou la corruption généralisée.

Comme on le sait, le lettre et l’esprit des lois ne sauraient être confondus. En l’absence des institutions démocratiques réceptives aux demandes de redistributions, le très bas niveau de revenu au Cameroun va en cercle vicieux augmenter le niveau de pauvreté au Cameroun (de plus en plus de camerounais tombent sous le seuil de pauvreté chaque année).

Lorsque dans les années 1990, les institutions internationales ont ajouté à la libération économique la libération politique, les jeunes états, traversés de forces centrifuges ont été interdits du moindre interventionnisme économique. Nous rappelons le rôle central des États providences dans le développement du monde occidental après la seconde guerre mondiale.

Quant à nous, nos dirigeants définissent la démocratie par l’équation :

Démocratie = Élections « justes et transparentes »

Quand en sortirons-nous ?

Pascal EKABOUMA MBEDI

Économiste

 

 

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