L’Appel à la raison des Ekang-Beti – Pour un Cameroun intègre et intégral

(Pétition)

La situation que vit le Cameroun depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel le 12 octobre 2025 est extrêmement préoccupante. En cause : la vérité des chiffres et leur inversion. À qui profite cette inversion ? À ceux qui l’ont fabriquée. Un groupuscule, coalisé autour de la seule conservation du pouvoir, de ses avantages et privilèges, a pris le risque de semer l’amertume, la frustration, la colère dans le pays et de détruire tout sentiment d’appartenance à une nation multiculturelle.

Dans ce contexte où les Ekang-Beti sont instrumentalisés et sollicités comme caution de la turpitude érigée en mode de légalisation des représentants de l’État par des procédés irresponsables, il est urgent de clarifier quelques données au moyen de trois questions :

1. Qui sont les Ekang-Beti ?
2. Que disent-ils à leurs compatriotes et contemporains ?
3. Sur quels critères se mobilisent-ils ?

L’auteur camerounais Ondoua Engutu relate dans son récit fondateur publié en 1948, Dulu bon b’Afrikara – Les pérégrinations des descendants d’Afri Kara, écrit en langue boulou et traduit en français par l’universitaire Marie-Rose Abomo-Maurin, l’ancêtre commun de la communauté Ekang-Beti et les migrations de ses descendants. La tradition les rattache, précise la docteure Angèle Christine Ondo dans son essai Mvett Ekang : Forme et sens (L’Harmattan, 2014), à l’Ancêtre Afiri Kara, dont le fils aîné fut Fang Afiri Kara. Les suivants seraient, dans l’ordre : Tondo Afiri (l’ancêtre des Etôn), Mbulu Afiri (l’ancêtre des Bulu), Kak Afiri (l’ancêtre des Okak) et le benjamin, Ntumu Afiri (l’ancêtre des Ntumu). Ce noyau initial aurait, par divers métissages, produit d’autres groupes disséminant la descendance du Patriarche au cœur de l’Afrique centrale : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Sao Tomé-et-Principe.

Ils forment ainsi l’une des diasporas de proximité les plus investies dans le dialogue des cultures, tout en étant soucieuse de l’ontologie qui fonde son rapport au monde : le Mvett. Loin d’une vénération aveugle d’une idéologie ou d’un accroupissement devant des légendes bricolées, le Mvett est vu comme un art total : convocation de la longue mémoire généalogique et métaphore de l’ascèse magistrale à travers les combats ininterrompus que se livrent les mortels d’Okü et les communautés immortelles d’Engong. Par-delà cette approche de l’existence, visant à en exaucer la magnificence, le professeur Bonaventure Mvé-Ondo, ancien recteur de l’université Omar-Bongo, ajoute qu’au-delà de la verve guerrière de ces récits, « ils tentent plutôt d’expliquer tout à la fois ce qu’est la vraie vie, ce qu’est l’homme et ce qu’il y a d’immortel ou de divin en lui ».

Ce que nous avons à dire à nos compatriotes est un amour profond pour le pays où nous résidons et pour les compagnons d’éternité que nous côtoyons. Les misères que nous commettrions ici nous seraient imputables à jamais. Le sonneur de Mvett, le musicien-poète fabricant de sa harpe, ne récite pas simplement une généalogie : il scande la vérité et son prolongement, qui est la dignité. C’est dans l’observation rigoureuse et enthousiasmante de ces deux éléments fondamentaux que nous plaçons notre relation avec les humains et avec l’invisible.

Enfin, sur ces critères que sont la vérité, la dignité et la relation non équivoque à nos compatriotes comme à tout humain, nous disons que la naissance ne résume pas l’essence. L’essence Ekang, c’est-à-dire la racine inclusive, est la disponibilité à la vertu. Tout citoyen en mouvement y accède. Ainsi enracinés, nous situant dans cette communauté élargie, nous refusons toute insincérité électorale et récusons la machinerie abrutissante qui, au nom du tribalisme, ruine toute confiance civile et toute transcendance.

Le Cameroun s’est exprimé. Le dirigeant qu’il a élu est en Gambie. Il doit occuper la place que la nation lui réserve et non l’exil.

Les signataires de cet Appel à la raison pour un Cameroun intègre et intégral.

1. Général Valsero
2. Eugène Ebodé

Contact Mail: eugeneebode@gmail.com