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Dans le livre intitulé : “Afrique Adieu : Mémoires d’un Officier français du secteur Afrique noire de la DGSE (services secrets extérieurs), publié le 28 mars 2024, son auteur, Jean-Pierre Augé nous révèle que depuis 65 ans, la France a structuré les pays d’Afrique noire francophone de telle manière que seuls deux genre de personnes peuvent arriver au pouvoir.

D’un côté, les fonctionnaires africains et les militaires.

Ils donne les raisons de ce Choix ainsi :

Les fonctionnaires africains sont les meilleurs relais de la puissance et de la domination française et ils sont prêts à donner la vie pour que le système de spoliation du continent persévère et dure à travers eux.

Les militaires, n’ont ni vision, ni expertise du pouvoir politique. La France qu’une fois passée l’euphorie de la prise du pouvoir, ils seront vite dépassés par l’épreuve du pouvoir, et finiront par revenir en France delà der comment payer les fonctionnaires, c’est-à-dire, ceux-là même qu’on a formés pour proroger le système qu’ils espéraient arrêter av c le coup d’état.

Le pire dans tout ça, est que tout est écrit, tout est mis noir sur blanc.

Et si monsieur Jean-Pierre Augé, espion français prend le risque de nous dévoiler dans ses mémoires, comment procède la France pour mettre sous tutelle l’Afrique au 21eme siècle, c’est parce qu’il est certain que du côté africain, ces révélations ne vont secouer personne.

Question : Pourquoi en est-il si sûr ?

Réponse : parce que le système scolaire colonial a sciemment privé les africains de la pensée critique. À tel point que même les slogans des politiciens sont à ce point idiots qu’on a souvent honte d’afficher sa nationalité.

En voici des exemples de slogans les plus bêtes proférés par les politiciens africains :

  • Vision 2035 : on sera un pays développé
  • Notre pétrole, nos règles
  • C’est notre tour, c’est venu le tour de l’Afrique

Mais la palme d’or du slogan le plus idiot que nous tentons depuis des années de démonter à la Pougala Academy est celui-ci :

“On doit produire ce qu’on consomme et consommer ce qu’on produit”!

Il faut être particulièrement ignorant en économie pour débiter une telle ineptie.

C’est depuis l’économiste écossais David Ricardo (1772-1823) chef de file de l’école de la pensée économique classique britannique que nous savons que lorsqu’on est dans une économie ouverte sur le monde, lorsqu’on a adhéré à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), c’est bête de consommer ce qu’on a produit et de procure ce qu’on va consommer.

Il vaut mieux, selon Ricardo, “intégrer le jeu du commerce international, en se spécialisant dans le domaine ou l’activité où on détient l’avantage compétitif le plus important ou un désavantage compétitif moins lourd”.

Nous avons lancé une douzaine de ce genre de chantiers ici à Bafang, pour continuer en plus grand notre activité d’usine-école où nous sommes enseignons depuis 10 ans, comment produire la richesse en Afrique en se saisissant de la Géographie.

À nos apprenants qui arrivent ici depuis toute l’Afrique, nous enseignons que chaque territoire en Afrique me me le plus pauvre, même le plus aride doit être capable de produire la richesse non plus sur la base des slogans creux et idiots du genre, qu’on doit consommer ce qu’on produit et produire ce qu’on consomme.

Nous enseignons à la place, David Ricardo.

Le plus urgent est de jouer sur le levier de développer des activités où depuis Bafang, l’avantage compétitif est le plus grand.

Il s’agit pour nous d’enseigner aux plus jeunes d’éviter le piège colonial qui pousse les administrateurs, les fonctionnaires africains dont parle Jean-Pierre Augé dans son livre, à partir de l’offre pour développer l’économie en Afrique.

Ici, nous leur enseignons à partir de la demande du marché.

Si les gens à Bafang veulent manger un produit qu’il ont vu à la télévision, ça ne sert à rien que je leur propose le contraire.

Ça ne servira à rien que je leur explique qu’il faut qu’ils consomment ce qui pousse dans les plantations de Bafang.

On est ainsi arrivé à l’absurdité où à force de vouloir transformer ou consommer ce qu’on produit, le gouvernement camerounais subventionne en ce moment les croquettes de cacao.

Personne ne leur a expliqué que lorsque les gens ont faim, il faut leur offrir ce qu’ils demandent en urgence.

Si les gens veulent consommer le café lyophilisé, (Nescafé) cela ne sert à rien de leur offrir le café moulu (Café Uccao) juste parce qu’il est camerounais.

Sur un marché ouvert à l’international, rappelez-vous que cette ouverture regarde aussi les matières premières. Et votre choix de quoi produire ne doit jamais être limité à ce qui est produit dans votre village ou votre région.

Le plus important est votre capacité à conjuguer plusieurs échelles de coûts pour dénicher où vous êtes le plus compétitif par rapport à une précise demande du marché.

Par exemple, nous produisons ici à Bafang des produits à succès av c le Sorgho comme principale matière première, et pourtant, aucun grain de ce céréale ne vient ni de Bafang, ni de l’ouest, mais de l’extrême du pays.

Nous produisons aussi des aliments pour les poules de ponte, un des ingrédients ce sont les os de bois œuf qui nous arrivent du Soudan par camion, et les crustacés et les coquillages séchés nous arrivent toujours par camion de Kribi.

Et grâce à la Géographie Économique, nous réussissons à faire d’un village, par définition sans intérêt à première vue, en un centre de production de richesses, oui mais parce que nous avons appliqué David Ricardo.

Le dire comme ça, peut sembler facile, mais, une forte culture générale et scientifique sont nécessaires pour créer une sorte de flexibilité dans vos réflexes et raisonnements.

Si nous voulons mettre la main sur le vrai pouvoir non contrôlé par la France dans nos pays africains, il faut avoir la capacité d’aller au delà de ce que l’école coloniale a prévu pour nous, pour enfin comprendre pourquoi, c’est idiot de dire que “Notre pétrole, nos règles”, avec l’argent de quelqu’un d’autre.

Il faut être suffisamment averti pour comprendre que notre tour ne viendra pas et qu’il faut des pionniers de la liberté pour inverser la marche.

L’Afrique a besoin de ses propres révolutionnaires qui comprennent que le vrai pouvoir dans le système capitaliste, commence par l’économie, par l’épargne.

Ici à Bafang, nous continuons de nous équiper pour vous montrer le chemin que nous retenons viable, vers la prospérité partagée avec toute notre communauté.

Chemin, souvent très loin des sentiers balisés par le colonisateur qui n’a aucune envie de s’en aller, et nous concéder la liberté, c’est-à-dire, la liberté de nous tromper sur la monnaie, sur la technologie, sur la science, mais aussi sur la politique.

Nous enseignons ici à Bafang que ceux qui vont changer l’Afrique ne seront jamais ceux qui viennent et partent, parce qu’on ne développe pas un village, un pays à temps partiel, en restant à Douala ou à Paris, mais à part plein temps, en restant ici tous les jours pour contrôler chaque étape de l’évolution.

L’histoire retiendra les noms des pionniers africains qui auront su, convertir les enseignements reçus ici à Bafang, en opportunités et en richesses pour faire de nos enclos infernaux coloniaux en terres de liberté et de bonheur et ce ne sera pas du Canada ou d’Allemagne que cela se fera, mais d’ici, ici chez nous.

Vous ne serez jamais rien chez les autres, si vous n’êtes rien chez vous-même !

C’est chacun qui transforme son enfer où il est né, en paradis, c’est-à-dire, en lieu désirable pour les autres.

Et être quelqu’un, ce n’est transformer nos villages, en cimetières à ciel ouvert, ce n’est pas l’idiotie de construire les châteaux somptueux habités par les souris et les cancrelats, mais construire des usines, construire des centres de production de la richesses pour employer les gens et redistribuer ainsi, un peu l’argent gagné ailleurs.

Jean-Paul Pougala

Mardi le 3 Juin 2025

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