Le football est un sport populaire pratiqué dans tous les pays en période de paix ou de trouble. C’est un moment joie, de bonheur partagé, d’unité et de communion. La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) qui se déroule au Cameroun en est la parfaite illustration. Cependant, d’autres centres d’intérêts cristallisent l’attention en cette période festive : Les « ambianceuses du sexe » et les vidéos de « sexe tape ». Ridicule, me direz-vous ! Car en dehors des stades, de nombreuses questions nous interrogent sur notre moralité collective : peut-on rire de tout et avec tout le monde ?

Nous avons suivi, à travers les réseaux sociaux, les débats qui réunissent, sur un plateau de télévision, des têtes pensantes sur un sujet grotesque et moralement ignoble. Les discours, les prises de position et le niveau du débat laissent perplexe. Comment pouvons-nous sombrer aussi bas dans un pays qui a vu naître des têtes couronnées telles que Mongo Béti, Ferdinand Oyono, Elolongué Epanya Yondo, Achille Mbembé, Jean-Marc Ela, Gilbert Ngijol ou Célestin Monga ?

Au nom de la liberté d’expression, ce débat aborde un thème qui cachent le mal-être du citoyen. La satire ne serait-elle pas une chose trop sérieuse pour être laissée aux satiristes ?

Les intellectuels ont un rôle majeur à jouer dans une société. Ils tiennent la boussole sociale et ils gèrent des marqueurs qui délimitent les interdits et les possibles. Mais tout ceci n’est possible que si la morale est sauve. Or, depuis quelques années, nos plateaux de télévision sont crispés. Les sujets qui fâchent peuvent conduire au bannissement ou en prison. Est-ce la raison pour laquelle nos intellectuels de service débattent des sujets qui gisent dans les caniveaux et les réseaux sociaux ? Car dans cette galère qui ne dit pas son nom, ces sujets sont révélateurs de la moralité du plus grand nombre.

Nous assistons depuis quelques années à une dépravation des mœurs et à une paupérisation intellectuelle. Cette situation est très inquiétante et alarmante pour un pays qui s’est fixé des perspectives et qui ne réagit pas assez face à la dégradation de la morale populaire.

Alors que la CAN se déroule dans une ambiance chaleureuse, ces invités des plateaux de télévision laissent libre cours à leurs délires. Ils osent, et c’est triste, mettre en scène leurs fantasmes, leurs failles et leurs perversions.

De grâce, ressaisissons-nous. Ne versons pas dans le ridicule qui nous éloigne des objectifs majeurs du monde contemporain.

Par Michel Lobé Étamé
Journaliste Indépendant

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